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18/06/2021

La commune, portraits d'une révolution

commune de Paris, documentaireL'art de la propagande à travers la photographie, une bataille des images communardes et versaillaises qui nous rappellent qu’un témoignage n’est pas neutre...

En mars 1871, lorsque la Commune de Paris est proclamée, les photographes sortent pour la première fois de leurs ateliers et descendent dans la rue pour immortaliser l’histoire en marche. A l'époque, la lourdeur des appareils, la fragilité des plaques de verre et la longueur du temps de pause ne permettent pas des clichés sur le vif, comme le célèbre "mort d'un soldat républicain" de Robert Capa en 1936, qui photographie un combattant au moment où une balle l'atteint.

Pendant la commune, le sourd-muet Bruno Braquehais est considéré comme le premier photoreporteur de l’histoire. Il demande aux combattants de prendre la pose fièrement et les glorifie par ses compositions, en les montrant comme braves et courageux.
En juin, une fois la révolution terrassée, les clichés de Braquehais sont pour beaucoup censurés et interdits à la vente. La police s'en sert comme pièces à conviction pour identifier, traquer et condamner les insurgés. Le photographe qui voulait aider les communards en magnifiant leur cause, les conduit ainsi en réalité à la mort. Il meurt lui-même peu après, à 52 ans, ruiné.

commune de Paris, documentaireA l'inverse, des photographes anti communards, tels André Disdéri et Ernest Appert, qui avaient quitté Paris au moment des émeutes et n'ont donc pas pris de photos des barricades, reviennent ensuite. Ils montrent Paris en ruine, accusant les communards d'avoir détruit la ville. Ils n'hésitent pas à prendre des clichés des fusillés et des cadavres dans leur cercueil et à les vendre, ce qui leur permet de s'enrichir considérablement, le morbide ayant toujours fait recette. Appert reconstitue même des scènes ayant ou pas existé, avec figurants et photomontage, se servant de l’impression du réel de la photographie pour bâtir une série d’images falsifiées baptisée « les crimes de la Commune ». Il se rend aussi dans les prisons pour photographier chaque communard, dans le but de les montrer affreux sales et méchants et de répugner le public.  Pourtant, cela provoque l'effet inverse : il en fait des martyrs, et c'est grâce à ses nombreux portraits que les communards comme Louise Michel par exemple sont aujourd'hui célèbres.

Ainsi, le photographe communard qui voulait les aider avec ses clichés les a en réalité conduit à la mort et a été contraint de détruire ses photos, et le photographe anti insurgés qui voulait les dénoncer les a au contraire immortalisés en martyrs ! Quelle ironie du sort.

Je ne voulais pas regarder ce documentaire, ayant vu récemment cet excellent docu en lien, Les damnés de la commune et pensant ne rien apprendre de nouveau. Pourtant, si : on compte plus de fusillés en masse après les combats que de morts sur les barricades. Entre 10 et 20 000 personnes ont trouvé la mort, mais on a enterré leurs souvenirs comme leurs cadavres. J'ai ainsi découvert qu'au parc des buttes Chaumont 300 communards ont été jetés dans le lac, 800 emmurés derrière la cascade de la grande grotte. Aujourd'hui les enfants et les jeunes mariés traditionnellement pris en photo devant ce lieu ignorent son passé sordide...  Seule une plaque commémore les 147 fusillés contre le mur du père Lachaise, mais le sacré cœur construit rapidement sur les cadavres "pour expier les crimes de la commune" n'en fait pas mention. Les fusillés tombaient en criant "la république ou la mort !" et c'est en hommage à un fusillé qu'a été composée la chanson l'internationale en 1871.
La commune, portraits d'une révolution, France5, la case du siècle, en lien jusqu'au 01/07

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