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18/10/2010

Hervé Vilard et Terminator sont au pôle emploi

je-l-aurai-un-jour-.jpgTerminator est donc retourné au pôle emploi pour mettre un terme à ces problèmes.
Plutôt que de me chanter la musique guerrière du film pour me donner de l’entrain, à cause de ma dernière note,  j’ai dans la tête "nous, c’est une illusion qui meurt". Au lieu du mode Terminator, je suis donc en mode Hervé Vilard. Ce qui n’aide pas à combattre l’ennemi.

Pour une fois, je ne tombe ni sur un poltron incompétent ni sur un pitbull acariâtre, mais un mec gentil, ouvert, plein d’empathie.
Quand je dis : « mon dossier est bloqué à cause d’un bug informatique », il fait une grimace et répond simplement : «aïe ».
Je fais mine de ne pas m’attarder sur cette réponse qui n’augure rien de bon (non non, le type n’est pas du tout en train de sous entendre que t’es dans la panade complète, tout va bien) pourtant quand je finis mon exposé, il conclut par la phrase fatidique :
« Je veux pas dire que vous avez la poisse, mais… en fait c’est un problème qui arrive assez rarement, mais quand ça arrive, c’est la misère. C’est au service informatique de régler l’histoire. Le problème c’est qu’il ne BOUGE PAS.
-Ben faudrait peut-être qu’il s’active un peu ! ça fait trois mois là !
-Attendez je vais me renseigner »

Comme le timoré de la dernière fois, il part vers un conseiller. C’est-à-dire les types planqués derrière leurs bureaux que je n’ai encore jamais eu le loisir de voir. Sur neuf appels et trois déplacements au pôle emploi, je n’ai pu parler qu’au personnel de l’accueil.
Le type revient en soupirant. Il s’adosse sur son pupitre, ferme les yeux et prend sa tête dans ses mains. J’ai l’impression qu’il porte toute la misère du monde sur ses épaules. Ou bien qu’il va m’annoncer que j’ai une maladie incurable. Je suis donc très rassurée.

Type : " Pfouh… c’est ce que je pensais… On a bien signalé le problème, on a bien noté que vous avez téléphoné plein de fois, on a bien transmis les réclamations... mais voilà, les informaticiens n’ont toujours pas bougé…pfouh … il secoue la tête : « des trucs pareils, c’est désespérant… » Puis il se redresse: Qu’est ce que vous voulez que je vous dise : « ils se touchent ! » il y a pas d’autres mots ! Ils se touchent ! Ils s’en foutent complètement !
Je suis étonnée car je n’ai pas l’habitude d’employer cette expression, ni de voir un type du pôle emploi aussi remonté que moi.
 
Moi : - Mais… ça va se régler quand alors ?
Type : - Impossible de vous dire. Ca peut être dans la journée comme dans…deux ans.
Je le regarde avec des yeux ronds : « HEIN ? » allez, c’était marrant, sors ta caméra cachée maintenant.
Il garde toujours avec son air désespéré : - Non non, je vous assure, je rigole pas, j’ai déjà vu ça. Deux ans d’attente.» Il reprend sa tête dans ses mains et soupire.

pole-emploi conseiller.jpgJe suis estomaquée, je me liquéfie sur place. Deux ans ?! Dans mes pires cauchemars je pensais à trois mois, on y est déjà. Après j’ai tenté vainement d’imaginer un mois de plus sans ressources, mais au-delà, six mois, un an, DEUX ANS, c’est inconcevable.

Je sens des regards sur moi et je me retourne. Tous les chômeurs qui attendent leur tour (en fait, essentiellement des femmes, les plus touchées par le chômage) me regardent avec le même air: la tête penchée sur le côté, les grands yeux tristes et les sourcils relevés, la moue signifiant : « ma pauvre… » Une femme qui a l’âge d’être ma mère s'avance même vers moi et soulève sa main, comme si elle allait prendre dans ses bras son enfant qui a un gros chagrin.
L’attitude désespérée des chômeurs me contamine, m’enlève toute ma gniaque et me décourage. Moi qui m’attendais à faire face au méchant pitbull ou au débile incompétent, de voir le type du pôle emploi si compatissant, je n’ai plus du tout envie de sortir le bazooka. Voilà, j’en étais sûre, je disais que j’allais me la jouer Terminator, que de la gueule, je me dégonfle.

Moi : - Mais… mais.. il y a pas moyen d’avoir leur numéro direct, leur mail, leur adresse ? Si je leur téléphone tous les jours, si je les harcèle, ils vont bien finir pas se bouger !
Type : - JAMAIS on ne donne de numéro interne au service… je le connais même pas, et mon chef n’acceptera JAMAIS de vous le donner. Vous imaginez, s’il donne un numéro interne alors qu’il n’a pas le droit, ça va lui retomber dessus…
-Ok mais en attendant, moi je ne le vois jamais le responsable… je voudrais lui parler !
Je m’imagine avec la gueule du client mécontent de l’émission palace, ou pour faire plus actuel, sa parodie dans la pub pour les assurances: « Appelez-moi le directeur ! » «je l’aurai un jour, je l’aurai ! »

Et là je pense à un détail. J’étais toute fière de mon calcul : venir pendant midi car il y a moins d’attente, les chômeurs déjeunent à cette heure-là. Mais les conseillers de pôle emploi aussi…
Forcément le type confirme mes doutes : le responsable est parti manger…
Moi : - Je veux voir un conseiller alors ! Je n’en ai jamais vu un seul, je ne sais même pas s’ils transmettent le message, j’aimerais bien en voir un téléphoner aux informaticiens devant moi ! Et j’aimerais bien aussi avoir un papier officiel confirmant cette situation !
Le type repart voir le conseiller invisible planqué derrière son bureau. Il revient deux minutes plus tard :
- Alors voilà, j’ai le papier. Bon, pour voir le conseiller, il part manger lui aussi. Mais il a noté votre numéro et il promet de téléphoner aux informaticiens cet après-midi et de vous appeler ensuite. Il m’a assuré qu’il vous passera un coup de fil cet après midi.»

Et là, j’ai fait une grosse connerie, je m’en veux. Je n’ai pas insisté.

Bien entendu le conseiller ne m’a jamais téléphoné, ma situation n’est toujours pas débloquée et sur le papier officiel, il n’y a pas écrit :
« Depuis le 15 juillet 2010 Papillote a le droit aux assedics et la somme de tant devrait lui être versée, mais elle ne l’est pas car nous sommes totalement incompétents. »
Non, le conseiller a coché des cases types : « votre demande d’allocation est actuellement à l’étude dans nos services » (ce qui ne prouve même pas que j’ai le droit au chômage) et il a rajouté à la main « anomalie informatique en cours de résolution ». (alors que le dossier est au point mort).

Je me suis bien fait avoir.
En sortant, j’avais dans la tête la chanson d’Abba : SOS.
Je me demande bien pourquoi…

abba_sos.gif"So when you're near me, darling can't you hear me
S. O. S ?
The love you gave me, nothing else can save me
S. O. S !
When you're gone
How can I even try to go on?
When you're gone
Though I try how can I carry on?"

Photo du site "jolie carte" et dessin de Faujour