30/06/2020
Le cactus, suite
Je réponds en tout point à la description du cactus donné par Corinne Maier. Une collègue correspond elle à la définition du pleutre hypocrite, qui refuse de prendre position, de dénoncer les abus pour améliorer les choses, et qui n'hésite pas à copiner avec des collègues toxiques qui peuvent apporter des faveurs. Elle me conseillait de faire semblant de m'intéresser aux décérébrés, mais ensuite, se plaignait d'avoir "l'impression de ne plus faire travailler son cerveau et de stagner". Oui, à force d'écouter en boucle les récits de pouffiasses en virée à Zara et des gastros du merdeux de sa cheffe, on perd ses neurones. Je préfère passer mes pauses avec mon bouquin.
Après deux années de lutte, j'ai finalement réussi à faire sanctionner le monstre qui empoisonnait le service. Je pensais fêter cette victoire avec les autres collègues harcelés en sabotant le pot de départ du démon, mais le confinement en a décidé autrement. Je n'ai même pas pu lui dire adieu en versant du laxatif dans son mousseux et en lui préparant un beau discours ("Chère grognasse. Tes insultes et cris quotidiens vont tellement nous manquer...")
J'ai également enfilé ma cape de justicière lors d'une énième formation à la con, en disant au formateur tout haut ce que nous les "formatés" ressassions tout bas : "Pourquoi on doit se taper des formations inutiles comme ça ? Je suis ici depuis 3 ans, à part (truc et muche) vous nous avez rien appris. On a passé 2 jours à vous écouter alors que ça aurait pu durer 2 heures ! La première matinée entière à nous demander de nous présenter ? On ne se connait pas, on ne se reverra pas, quel intérêt à part perdre du temps et justifier la durée et le coût exorbitant de votre formation ?"
Encouragés par ma diatribe, les formatés ont surenchéri et le formateur à la con a passé un sale quart d'heure. A la fin, une femme m'a prise à part. Elle m'apprend qu'elle est l'une des dirigeantes de l'entreprise, responsable des missions de formation. Vous pensez peut-être qu'elle m'a reproché ma virulence ? Absolument pas. A mon grand étonnement, elle était... admirative ! Pourtant, c'est elle qui avait contribué à employer ce formateur sans intérêt. Je pense que cadre sup, elle s'ennuyait dans son boulot vide de sens, à organiser des réunions et des formations inutiles, à pratiquer la langue de bois en permanence. Et quelqu'un qui osait dénoncer ce système lui apportait une bouffée d'air frais. Elle m'a cependant conseillé d'y rentrer à pieds joints : "mais pourquoi vous restez à ce statut si peu élevé avec vos capacités, les études que vous avez faites ? Vous pourriez passer des concours catégories A !"
Déjà, 10 postes dans toute la France pour 10 000 postulants, c'est beaucoup de boulot, de mémo à apprendre par coeur comme un chien savant, pour peu de chance de réussite. J'ai essayé de passer un concours à mes débuts encore optimistes dans l'entreprise : on m'a carrément dit pendant l'oral que j'étais "trop diplômée pour le poste, que j'allais m'ennuyer et partir 6 mois après !" Même si je valide le concours, je devrais quitter ma boîte, dont le principal intérêt est d'être à 5 minutes à pied de chez moi. (Inconvénient : je ne peux pas prétexter des problèmes de transports pour mes retards).
Ensuite, je ne veux justement pas faire partie du système ! J'ai la chance de ne pas être intégrée à une équipe, de ne pas avoir de compte à rendre, de ne pas avoir de chef sur le dos qui m'infantilise, me compare à mes collègues pour augmenter les cadences et créer des conflits et jalousies. Personne ne sait exactement ce que je fais ni même où je suis (on se déplace beaucoup dans les locaux). Et là, on me conseille de monter en grade, pour avoir un bureau fixe en open space, être surveillée en permanence ? Non merci. Je préfère nettement travailler moins pour gagner moins, et en réalité gagner plus : du temps pour moi et les vraies choses importantes de la vie (manger, dormir...). Evidemment si mon boulot consistait à trouver un vaccin contre le cancer de la connerie, j'y consacrerais 70 heures par semaine, mais un "bullshit job" qui peut être effectué par n'importe quel abruti... Non, le boulot, y en a pas beaucoup, faut le laisser à ceux qui aiment ça.
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27/06/2020
Le cactus
Le monde entier est un cactus
il est impossible de s'asseoir
Dans la vie, il y a que des cactus
Moi je me pique de le savoir
J'ai commencé jeune ma vocation de glandeuse mauvais esprit en prenant comme modèle Gaston Lagaffe, puis ado en lisant le cultissime Le droit à la paresse de Paul Lafargue. J'engloutis les récits et documentaires sur le travail (Libre et assoupi, ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés, L'open space m'a tuer, Malaise au travail, le harcèlement moral). Je savais que j'allais subir ce qui étaient décrits dans ces oeuvres sans même avoir encore commencé à trimer.
Je relis pour la troisième fois Bonjour paresse après l'avoir prêté à une personne indigne de le lire et comprendre. Pourtant, Corinne Maier (dont j'ai lu quasiment tous les livres, comme le génial No kid) me prévient dès l'introduction :
"Avertissement : ami individualiste, passe ton chemin
Toi l'individualiste, mon frère d'armes et de coeur, ce livre ne t'est pas destiné, car l'entreprise n'est pas pour toi. Le travail dans les grandes sociétés ne sert qu'à menotter l'individu qui, laissé à lui-même, se servant de son libre entendement, pourrait se mettre à réfléchir, à douter, voire, qui sait, à contester l'ordre ! Et cela, ça n'est pas possible. Si l'individu se trouve parfois porteur d'idées nouvelles, il ne faut à aucun prix que celles-ci dérangent le groupe. Il est clair que dans un monde où il est conseillé d'être souple, bien vu de changer son fusil d'épaule toutes les cinq minutes et en rythme avec les autres, l'individualiste est brandon de discorde. Aussi, on lui préfère le pleutre, le mièvre, l'obéissant, qui courbe le dos, joue le jeu, se coule dans le moule et, finalement, réussit à faire son trou sans faire de vagues.
Or non seulement notre sauvageon individualiste est incapable de faire comme les autres, mais quand en plus il a des idées arrêtées, il renâcle au compromis : il inspire donc légitimement la méfiance. Les DRH le voient venir de loin: raideur, obstination, entêtement, sont les qualificatifs qui fleurissent dans son dossier à la rubrique graphologie. Et cela, ne pas savoir se plier, c'est moche; moche de sortir du travail dès sa tâche de la journée accomplie; moche de ne pas participer au pot de fin d'année, à la galette des rois, de ne pas donner pour l'enveloppe du départ en retraite de Mme Michu; moche de rentrer à l'hôtel en trombe dès la réunion terminée avec les partenaires; moche de repousser le café proposé pendant la pause-café, d'apporter sa gamelle alors que tout le monde déjeune à la cantine.
Ceux qui se comportent ainsi sont considérés par leurs collègues comme des cactus de bureau car la convivialité est exigée, sous forme de pots, de blagues convenues, de tutoiements et de bises hypocrites (toutes choses à simuler sous peine d'exclusion).
Mais peut-être nos plantes rugueuses ont parfaitement compris quelle était la limite à ne pas franchir entre le travail et la vie personnelle. Peut-être ont-elles réalisé qu'être tout le temps disponible pour une succession invraisemblable de projets, dont la moitié sont complètement idiots et l'autre moitié mal emmanchés, c'est à peu près comme changer de partenaire sexuel 2 fois par an : quand on a 20 ans, la chose peut avoir son charme mais, au fil des années, cela finit par devenir franchement une corvée."
Je réponds en tout point à la description du cactus donné par l'autrice.
Suite demain
16:16 Publié dans On connaît le livre, Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, chômage, comment supporter ses collègues | | Facebook
24/06/2020
Mauvais esprit
Je modifie un billet de 2009, car l'histoire pourrait encore m'arriver. Je n'ai pas changé, je prends toujours le chemin qui me plaît.
Au boulot, dans l'open space m'a tuer, le big boss ouvre soudainement la porte. Quand le chat est là, les souris ne dansent pas. Les employés se pétrifient, interrompant leur sieste activité pour regarder l'étonnante arrivée du roi descendu inhabituellement de son trône et se mêler à la populace. Le sire traverse solennellement l'immense salle, sans dire un mot (il ne va tout de même pas s'abaisser à un "bonjour"), l'air grave. Il arrive tout au fond de la pièce, c'est-à-dire à la place des cancres qui peuvent glander en douce, c'est-à-dire la mienne :
« Suivez-moi, j’ai à vous parler. »
Comme un seul homme, tous les employés se retournent vers moi, l'air interrogatif qui signifie "mais qu'est-ce que t'as fait ?!"
Je leur réponds avec la mimique qui veut dire "Bah j'en sais rien ! (rien, justement ?) : je hausse les sourcils et les épaules, paumes vers le ciel, joues remplies d'air que je vide d'un coup. (Il paraît que la moue dite "de la bouche qui pète" pour symboliser l'ignorance ou le désintérêt est typiquement française !) Une porte se trouve à côté de moi pour fuir en douce, mais emprunter une voie de garage pour se retrouver dans le couloir désert, ça ne fait pas partie de la mise en scène de terreur du souverain. Il préfère retraverser toute la salle en prenant l'allée centrale, sous les regards de l'assistance. J'ai l'impression d'être un condamné qui suit son bourreau jusqu'à l'échafaud en place publique.
Arrivé à la guillotine, dans le bureau du directeur, ce dernier me révèle enfin la raison de son show :
Boss : « Tout d’abord, votre travail est excellent. Vous êtes vraiment très efficace. Là-dessus il n’y a aucun problème.
Ah s'il savait... Je suis tellement rapide que je finis mon boulot de la journée à midi et je passe le reste du temps à surfer sur internet...
Le boss poursuit : En revanche, je trouve que vous faites du mauvais esprit. J’ai peur que vous influenciez les autres. Quand vous êtes venue demander pour…enfin… »
Il s’interrompt car il n’ose pas me révéler la vraie raison qui lui pose problème :
J’ai été la seule à oser demander pourquoi notre salaire sur la fiche de paie était inférieur de 100 euros au chiffre annoncé dans l'offre d'emploi. Certains ne l'avaient même pas remarqué !
Le dirlo ne peut pas m'en blâmer. Alors il me reproche ce que j’estime être des détails :
Lors d’une réunion de bilan, une responsable nous a dit :
« vous avez fait le double de travail demandé ! C’est génial ! »
J'ai répliqué sur le ton de la plaisanterie : « On a le droit à une prime ? »
La femme a éclaté de rire : « Je voudrais bien mais ce n’est pas de mon ressort ! »
Sauf que le patron n’a pas trouvé ça drôle du tout. Il me blâme donc aujourd’hui :
« JAMAIS vous n’aurez de primes, c’est bien clair ? »
Moi : - Je le sais bien, c’était une plaisanterie…
Boss :- Ici, on ne plaisante pas. Votre humour est très malvenu.»
J'ai de la peine à réprimer un sourire. Sérieusement ? C'est le bagne ici ?
Il me regarde au fond des yeux, sans sourciller, pendant tout l’entretien. Il tente de déceler le trublion qui sommeille en moi.
Il s’attend peut-être à ce que je me lève et fasse le salut militaire: « Sir, yes sir ! »
Ou il pense que je vais chanter, la main sur le cœur : « C’est la lutte finale, groupons-nous et demain… »
Me reprocher d’influencer les autres par mon humour, au lieu de me faire peur, je trouve ça plutôt flatteur. Lorsque je reviens dans l'open space, je reprends l'allée centrale et parade avec le sourire triomphant, en repensant à Patrick Dewaere dans Coup de tête. Il se fait virer de son entreprise, fait un coup d'éclat dans le bureau du directeur et revient acclamé par les collègues (voir scène en lien).
« Monsieur le président, j’aimerais vous dire deux mots. On m’a viré du foot il y a trois semaines, aujourd’hui on me vire de l’usine… Je suppose que vous allez me reprendre mon logement… Je vous dois tout monsieur le président, alors je vous rends TOUT ! (Il se déshabille, puis voit le regard narquois de la présidente) Je vous enverrai mon slip par la poste ! (Il salue) et mes chaussettes !»
Je ne pousse pas le bouchon jusqu'à me désaper comme mon acteur fétiche: "vous nous refusez les 100 euros ? Très bien, alors la somme représentant les vêtements que je porte, je vais donc les retirer..."
Je me contente de raconter l’anecdote à mes collègues, en mimant la scène et la tête du dirlo. Mes camarades sont morts de rire :
"Ouais, demain t’amènes ta banderole !"
"C’est pour quelle heure la manif ? "
Au lieu de me faire taire, en agissant ainsi, le boss a au contraire renforcé mon esprit narquois et la cohésion du groupe contre lui.
Siffler en travaillant
C'est un bon stimulant
Qui vous rend le coeur plus vaillant
C’était un communiqué du SCME, Syndicat des Chats au Mauvais Esprit.
16:35 Publié dans Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : travail, comment supporter son boss | | Facebook
15/06/2020
Outlander, l'histoire d'amour
Photo : "attention tes seins débordent !" ou comment faire croire que l'actrice a de gros seins en les remontant au maximum de façon pas du tout naturelle.
A part se délecter de torture (voir billet précédent), Outlander comporte de nombreux autres défauts, comme les incohérences du scénario et une histoire d'amour qui laisse à désirer (cas de le dire).
Par exemple, les Ecossais ne savent pas d'où la femme sort, une Anglaise seule parmi eux, en pleine guerre, mais ils la recueillent direct, lui offrent gîte, couvert, vêtements, sans trop poser de questions. Le seigneur des lieux invite cette étrangère à sa table pour une grande cérémonie officielle, mais après s'être bourrée la gueule (elle se saoule dans TOUS les épisodes !!! à croire que la série est sponsorisée par Kronenbourg) elle se casse en plein milieu parce qu'elle s'ennuie.
La femme est en lune de miel avec son mari adoré, elle se retrouve brutalement séparée de lui par 200 années, mais elle annonce dès le premier jour "il est mort", se marie vite avec un autre et s'adapte immédiatement à sa nouvelle vie moyenâgeuse. Tout le monde à sa place serait prostré dans un coin en état de choc, mais elle voyage dans le temps pour se retrouver au milieu de barbares qui ne parlent pas sa langue comme si elle avait pris le TGV pour visiter le puy du fou : "c'est pittoresque ces gens empalés sur un poteau ! rafraîchissant ! 5 points sur trip advisor !"
Elle se retrouve entourée d'hommes répugnants, sales, puants (la série insiste là-dessus), avec les dents en moins, saouls du matin au soir, bêtes et incultes, qui passent leur temps à courir la gueuse ou se battre. Mais en plein milieu de ce défilé de freaks se trouve un gentil mannequin sublime, hyper musclé (impossible de le louper, il passe la moitié du temps torse nu). Le prince charmant : il dort par terre devant la porte de l'héroïne pour que les brutes ne viennent pas la violer pendant la nuit. Une fille va être battue publiquement, il propose d'être frappé à sa place. Quelle abnégation... un martyr, un saint. La fille amoureuse de son sauveur lui saute au cou (elle est magnifique) mais non, il n'en profite pas. Et le bouquet, attention tenez-vous bien...
Tous ses potes hideux passent leur temps à culbuter les servantes sur des coins de table, toutes les filles se pâment devant lui, mais le gars reste chaste. Par un énième ressort scénaristique lourdingue, l'héroïne se retrouve OBLIGEE d'épouser le gentil mannequin (ah mince alors, quelle corvée !) et là le prince charmant lui répond qu'il est vierge. J'ai éclaté de rire. Comment peut-on y croire une seule seconde ? (l'acteur a 33 ans au moment du tournage, comme l'héroïne, qui paraît 10 ans de + que lui tellement elle est austère.)
L'histoire d'amour est d'une lourdeur... Par exemple, L'héroïne doit une énième fois soigner une blessure du mannequin, alors il doit enlever une énième fois sa chemise et montrer son torse bodybuildé. Elle effleure sa peau, ils se regardent gênés, il serre les dents même s'il a mal car c'est un homme fort... (comme toujours la série érotise la douleur. )
Et tout ça bien sûr, au coin du feu. Avec les reflets oranges qui mordorent leur peau, et des gros plans sur les flammes qui crépitent, pour symboliser la passion. On a déjà vu ces poncifs cent fois. Rien que dans Portrait de la jeune fille en feu qui a reçu de multiples récompenses, mais avec une réalisatrice qui maîtrise l'art de la mise en scène et du dialogue délicat, elle. J'aurais voulu rêver devant cette scène d'Outlander, mais elle cumule tellement de clichés, les dialogues sont tellement niais, l'interprétation du glaçon si navrante, la réalisation si plate... impossible. On se croirait dans un mauvais téléfilm de M6. On est loin de la finesse et des réparties mordantes de Jane Austen.
Même les scènes de sexe avec le mannequin ne sont pas excitantes. J'attendais depuis 7 épisodes que l'héroïne et lui couchent enfin ensemble. Mais lors de la nuit de noces (un épisode entier sur le mariage) il lui fait 3 pauvres aller-retour sans préliminaires, mais c'est censé être l'extase avec jojo lapin. J'ai eu du mal à ne pas m'endormir, comme je l'ai fait devant 50 nuances de grey (autre film censé être troublant mais que j'ai trouvé à la fois niais et pervers (une vierge effarouchée tombe sous la coupe d'un milliardaire sado maso (Jeffrey Epstein ?)
De Outlander, je retiens cependant des points positifs : la beauté des paysages et le contexte historique et sociologique. Par exemple, j'ai apprécié l'épisode 5 de la collecte. Les personnages acquièrent enfin une profondeur (la manipulation pour convaincre le peuple de payer la révolte contre les Anglais) On y voit de magnifiques décors, on découvre la vie étonnante des paysans : les femmes malaxent à mains nues la laine avec leur propre urine pour fixer la teinture et l'héroïne ne se fait pas prier pour les imiter et s'asperger ("vous puez la pisse" toujours cette fascination pour le crade). Malheureusement cet épisode instructif et surprenant était noyé sous la pisse entre deux épisodes inintéressants : le 4, consacré à la tentative d'évasion, avec un suspense inexistant parce qu'on se doute bien que si l'héroïne avait pu retourner toucher ses cailloux, la série ne durerait pas 18 longs épisodes inter-minables, 18 heures, et avec 6 saisons (mais au secours, ça ne s'arrêtera jamais !) et le 6ème épisode, où elle se fait tabasser pendant 30 minutes, nan merci ça ira.
Au final, pour une série qui promettait de faire fantasmer, je me retrouve au contraire frustrée. C'est vraiment dommage parce que Outlander avait tout pour me plaire sur le papier : romance, beaux paysages, contexte historique. Mais la violence gratuite, les incohérences du scénario, les longueurs, la platitude des dialogues, le jeu des acteurs, la réalisation kitsch ont eu raison de ma patience. J'ai arrêté au 7 e épisode, après la nuit de noce ratée. Je pensais finir la saison, qu'elle retrouve son mari même si elle l'a oublié en 2 minutes, mais quand j'ai lu que la série allait crescendo dans l'horreur et les incohérences, j'ai abandonné, je ne suis pas maso non plus.
Après les violeurs de Outlander, le sm de Grey, une prochaine fois je vous parlerai de You, autre série pour gonzesses qui fantasment sur les méchants garçons, cette fois-ci un serial killer. Une série écrite elle aussi avec les pieds.
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09/06/2020
Outlander
Pendant le confinement, le besoin d'évasion, de grands espaces et de romance s'est fait ressentir, pour oublier l'incertitude face à l'épidémie et la solitude dans un studio. Sur Netflix, je tombe en page d'accueil sur la promo d'Outlander. Ces images de montagnes verdoyantes (manquait plus que les marmottes) m'ont fait saliver. Je lis un article élogieux sur internet, puis je me souviens qu'une ancienne connaissance parlait de cette série avec des étoiles plein les yeux, la trouvant carrément sensuelle et excitante.
Adepte de l'oeuvre de Jane Austen, de son romantisme, des paysages sublimes, du charme suranné des costumes du 18è siècle, je lance donc la série. Je connais vaguement le pitch : une femme se retrouve projetée dans le passé. J'adore aussi la littérature fantastique, Wells, Poe, Maupassant, je devrais être comblée.
Sauf que la critique positive provenait d'un magazine pour jeunes filles, et que j'ai oublié le léger détail que l'ancienne connaissance était surnommée Terminator tellement elle était froide et méchante, qu'elle avait des goûts de chiotte qu'elle trouvait géniaux des films que j'estimais quelconques, romantiques des histoires d'une niaiserie confondante. Quant à Jane Austen, je n'ai pas lu son oeuvre depuis 10 ans, peut-être que mon avis a changé ? Et ce qui me plaisait, c'était l'humour se moquant des personnages et les réparties pleine d'esprit, plus encore que les romances décrites.
Pleine d'attente, je lance Outlander. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, L'héroïne anglaise part en lune de miel avec son époux, sur les terres écossaises de ses ancêtres. Super, l'amour fou, elle fera tout pour retourner à son époque et retrouver son mari... Mais ce dernier est interprété par Tobias Menzies, qui avec ses petits yeux perçants, son visage taillé à la serpe, son sourire carnassier et son balai dans le cul, joue souvent les rôles de méchant (Brutus dans Rome m'avait marquée). Donc pas le mec qui me fait fantasmer. Quand il se retrouve au lit avec sa femme, comment dire... les scènes sont longues.
Son épouse, l'héroïne, dont toute la série repose sur ses épaules, est interprétée par Catriona Balfe, très belle, elle. Mais malheureusement, aussi raide que son mari. Ce qui pose un tantinet problème : la série promet d'être ardente, mais avec une actrice aussi froide qu'un glaçon, je ne vois pas comment ça va être possible.
Cette femme est censée incarner la passion, dans tous les sens du terme : passion amoureuse, passion pour son métier (infirmière, vocation de soigner) passionaria pour de grandes causes (contre les horreurs de la guerre, les injustices, pour aider les plus faibles...)
Elle doit donc avoir le feu sacré, être très expressive. Pourtant face à toutes les choses incroyables qu'elle vit (voyage dans le temps, attaque guerrière etc....) lorsqu'elle se révolte contre les horreurs (non, ne coupez pas la main de ce gamin qui a volé du pain, non ne violez pas cette gamine) l'actrice offre toujours le même visage fermé et inexpressif. Elle se tient très droite, dans la retenue. C'est parce qu'elle est censée incarner la pudeur anglaise ? Le feu sous la glace ?
Non, il faut se rendre à l'évidence : elle joue mal. Je n'ai pas cru une seconde aux prétendus sentiments qui sont censés la traverser, et cette porte de prison glaciale ne m'a suscité aucune sympathie.
A la fin du premier et déjà long épisode, elle est enfin projetée dans le passé après avoir assisté en cachette à une cérémonie étrange, où des sorcières prêtresses en chemise de nuit robe blanche font une farandole cérémonie druidique autour de gros cailloux dolmens. Les femmes sont filmées au ralenti, avec les reflets du soleil couchant dans leurs cheveux au vent. C'est d'un kitsch, d'un ridicule.... L'héroïne touche une pierre et pouf, elle se retrouve en 1750, comme c'est pratique. Je vais tripoter les murs de l'Olympia pour voir si je revis le concert des Beatles de 1964, ou les murs de ma banque si jamais je me retrouve dans le coffre-fort rempli de billets.
L'héroïne elle, est propulsée dans une forêt 200 ans en arrière, en pleine bataille entre Anglais et Ecossais. Elle voit l'ancêtre de son mari, qui est son sosie parfait, joué par le même acteur. Je ne ressemble déjà pas du tout à mon frère, alors être la réincarnation trait pour trait d'un ancêtre qui a 200 ans... Que fait le gars quand il rencontre une femme dans un bois ? Bah il la retourne direct et tente de la violer.
Ah d'accord. Je croyais que c'était une série romantique, et là elle croit voir son époux adoré qui lui fait une caméra cachée, mais il la brutalise ? Ca ne fait pas fantasmer, ce n'est pas érotique, c'est pervers. Une tentative de viol, et par celui qui est le sosie de l'homme qu'elle aime. D'une rare perversion.
Et ça ne s'arrête pas là... à chaque épisode, son viol. Pour que le héros ait la vie sauve, sa petite soeur se laisse violer. Le bourreau dénude la pauvre fille devant son aîné et l'oblige à regarder. Tout est filmé du point de vue du mec qui raconte cette histoire, avec des gros plans sur son visage indigné (on voit à peine la gueule de la fille, juste ses seins, elle n'est qu'un objet) comme si au final, c'est le mec qui souffrait le plus.
Comment une femme saine d'esprit peut-elle fantasmer devant des actes aussi ignobles et sordides ? J'avais lu que certaines complexées qui n'assument pas leurs envies trompent ainsi leur conscience "c'est pas moi qui aime ces choses que je juge dégoûtantes, on me force" et cette fameuse fille qui adore cette série était justement très coincée, à réprouver des pratiques anodines qu'elle jugeait dégradantes (son mec devait se contenter du peu que le frigo voulait bien lui céder). En lisant les avis négatifs des spectateurs sur Allociné, je découvre que la suite est encore plus immonde : "à vomir". Tortures, viols, chantage contre des homosexuels, etc. J'ai zappé des passages (l'épisode 6 où l'héroïne se fait tabasser pendant 25 minutes) car se délecter de la violence gratuite (le pauvre gosse dont on veut couper la main pour un vol de pain et dont on cloue l'oreille au pilori), ce n'est pas possible. Certaines téléspectatrices écrivent qu'elles ont été traumatisées en faisant des cauchemars. (J'en ai fait aussi). Une actrice de la série dénonce elle aussi les scènes de "violences sexuelles honteuses".
Le blog déjeuner sous la pluie partage mon avis (l'héroïne, "coquille vide" qui reste passive face aux brutalités) Le livre est décrit comme encore pire que la série, avec un extrait ahurissant.
J'ai tapé sur internet "extraits ridicules de Outlander" et je suis tombée sur cet article, qui recense les scènes les plus marquantes. J'apprends qu'à la fin de la saison 1, le prince charmant bat sa femme à coups de ceinture mais qu'elle lui pardonne, et qu'il se fait violer sur deux épisodes entiers. Je redécouvre aussi les dialogues niais. L'article ne semble pas écrit sur un ton parodique, à ma grande consternation. Lisez-le pour vous faire une idée.
Au sadisme, la série mêle la bluette pour midinettes. Symbole de cette dichotomie, le corps du prince charmant, constamment montré : côté face, un torse tellement musclé que ça en est ridicule : on a l'impression "qu'il a été photoshoppé" comme dit Emma Stone de Ryan Gosling dans Crazy stupid love. Coté pile, un dos couvert de traces de fouet, si profondes qu'elles sont difficiles à regarder, car on imagine la souffrance que le gars a dû endurer.
Pour finir sur un ton léger, abordons l'histoire d'amour d'Outlander, car elle vaut le quart d'heure...
à suivre....
18:53 Publié dans On connaît la série | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : outlander, séries | | Facebook