09/06/2013
Pop Redemption
Dans Pop Redemption, réalisé par Martin Le Gall, 4 amis jouent dans un groupe de black métal depuis leur adolescence : les dead makabés (sic). Comme chaque été, ils font une sorte de « tournée » des salles miteuses. Cette année, grâce à un désistement, ils sont invités au mythique Hellfest ! En route pour la gloire, ils provoquent malgré eux un accident mortel. Ils décident de se cacher sur place, au pays de la fraise, où se tient un festival pop et psychédélique… Pour les satanistes, c’est l’ambiance flower power qui va représenter le véritable enfer. Vous pouvez voir la bande annonce en lien.
Cette comédie très second degré joue sans cesse sur la parodie et le décalage entre les différents univers : le black métal et la pop, mais aussi la contradiction entre les rêves d’enfance et la réalité du quotidien. Le héros s’imagine future star et sataniste, mais habite chez sa grand-mère grabataire et s’occupe d’elle tendrement… Dans la première scène, le groupe répète ses chansons, avec le leader habité par ses textes, mais est brutalement ramené au monde réel : les musiciens doivent libérer le studio, qui est en fait le cellier d’un restaurant, car l’un d’eux doit terminer son service…
Certaines scènes sont hilarantes, comme l’accident, qui a fait exploser de rire toute la salle. Le film rappelle l’esprit des Inconnus, comme leur génial clip « Vice et versa ». On voit également la patte d’Alexandre Astier, créateur de Kaamelott, co-scénariste et fan des Beatles. Le roi Arthur est ici excellent dans un rôle de flic irascible qui se veut imperturbable, mais que tout vient contrarier et qui reste dépassé. Dans sa voiture, il écoute des chansons qui évoquent Stone et Charden ou Michel Fugain…
L’idée originale de mêler des satanistes à l’univers des yé-yé me plaît beaucoup, bien évidemment. Le film fait de nombreuses références aux Beatles (la traversée d’Abbey Road, le superbe générique de fin en dessin animé qui rappelle Yellow submarine…) Des citations des fab four pontuent les différentes parties du récit.
J’aime aussi que le film fasse découvrir l’univers méconnu des métalleux. Une adolescente tente d’expliquer à sa mère la genèse du black métal et la différence entre les courants (trash, death etc…) (mémé radio nostalgie n’a toujours pas compris). A une époque, quand mémé était jeune, je connaissais quelques métalleux et gothiques. Leur look (habits de noir, cheveux longs pour les hommes etc) impressionnait les passants, mais la plupart n’était que de gentil nounours, comme le montre bien le personnage interprété par Grégory Gadebois : une sorte de viking entouré d’enfants et père au foyer.
Le film exploite aussi l’entrée dans l’âge adulte et la crise de la trentaine : les 4 personnages se sont connus adolescents et ont fait les 400 coups ensemble. 15 ans plus tard, ils se sentent « devenus responsables » et veulent arrêter la musique : l’un, propriétaire d’un restaurant, ne pense qu’à ses crédits à rembourser, l’autre veut s'occuper de ses marmots… mais le leader, incarné par Julien Doré, ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, le black métal, c’est toute sa vie, il croit toujours en ses rêves (devenir célèbre).
En voyant au générique Julien Doré, issu de la télé réalité (il est le gagnant de la nouvelle star de 2007), j’avais un peu peur. Le chanteur à barrette, connu pour sa version très originale de Moi Lolita, allait-il être à la hauteur ? C'est un chanteur, pas un acteur (même s'il est doublé pour le chant guttural du black métal). Je l’avais vu dans le calamiteux film de Pascal Thomas, Ensemble, nous allons vivre une très très grande histoire d’amour, et sa prestation caricaturale ne m’avait pas convaincue. Mais dans Pop rédemption, Julien Doré est vraiment une révélation. Il porte le film sur ses épaules (les autres personnages sont surtout des faire-valoir).
Ce qui m’a surtout marqué, c’est qu’il est très touchant. Le réalisateur nous expliquait en fin de séance que c’est l’acteur lui-même qui a apporté cette touche d’humanité : « mon personnage est exécrable (autoritaire, il impose son point de vue à ses camarades) les spectateurs ne pourront pas l’apprécier. » Alors Julien Doré a montré comment un homme qui croit toujours en ses rêves, qui possède une telle volonté, se retrouve subitement seul et affaibli en apprenant que ses compagnons lâchent le groupe, et que pire, ils n’ont jamais été vraiment amis. Cet homme qui paraît dur est en fait très sensible et naïf. Un des personnages explique que sa femme veut un enfant, et les autres l’interrompent : « c’est gênant ce que tu dis ». Ils se connaissent depuis 15 ans, se voient chaque semaine pour répéter leur musique, mais ne partagent rien au final …
Si le film commence très bien, il s’essouffle en cours de route, avec des invraisemblances et de grosses facilités (les musiciens improvisent de la pop comme s’ils en jouaient depuis des mois, etc). Ce qui est vraiment dommage car l’idée de départ était excellente. Mais le film laisse malgré tout un bon souvenir. L’atout principal de Pop rédemption est sa bonne humeur communicative. Un bon fell good movie.
20:26 Publié dans On connaît la chanson, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, beatles, pop redemption, julien doré, alexandre astier, les inconnus | | Facebook
03/04/2011
A la télé cette semaine : la fin de carré V.I.P, Gasland, la vie et rien d'autre
Cette semaine, dans la rubrique nécrologique, nous constatons la mort du programme de télé réalité Carré V.I.P. J’ai regardé et commenté sur Twitter avec d’autres blogueurs la première émission, où les personnages (car à ce niveau-là, on peut parler de personnages) étaient présentés. Pour voir l’incroyable Afida Turner, ex Leslie du Loft, regardez les vidéos mises en lien sur le désopilant billet de Manu.
Après une audience et une image calamiteuse, TF1 « la chaîne de la culture » a décidé d’arrêter ce programme hautement intellectuel. L’émission prônait pourtant cette valeur essentielle : la quête de la célébrité à tout prix. Quelle perte n’est-ce pas. Carré VIP, paix à ton absence d’âme. Cet échec n’annonce pas pour autant la mort de la télé-réalité. Cette dernière a encore de beaux jours devant elle, mais certainement avec des programmes moins trash, comme le coaching. J’attends toujours, pour changer des émissions de conseils pour trouver un look, un appartement ou l’amour, le coaching qui aide à trouver un emploi, mais ça doit être bien trop compliqué.
Le 26 avril, la télé-réalité fêtera ses dix ans. A l’époque, intriguée et fascinée par ce phénomène, j’avais suivi sans relâche la première émission de Loft story, ainsi que les trois premières saisons désopilantes de L’île de la tentation. Puis j’ai arrêté car j’estimais comme beaucoup que les programmes empiraient. En comparaison des dernières émissions, je trouve que les « personnages » du premier Loft sont extrêmement fins et cultivés…
Le documentaire à ne rater sous aucun prétexte cette semaine : Gasland, le scandale de l’eau empoisonnée, sur Canal +. Ce film indispensable sort également en salles mercredi. Il traite de l’extraction du gaz de schiste, qui a provoqué un désastre écologique et sanitaire en Amérique, et débarque en France.... Là où les exploitations sont implantées, le paysage est ravagé, les nappes phréatiques polluées et les riverains malades. Dans une habitation proche d’un forage, l’eau du robinet s’enflamme au contact d’un briquet…
Pour extraire le gaz de schiste, on utilise une quantité d’eau phénoménale (7 à 15 millions de litres par extraction) à laquelle on ajoute des produits chimiques (les compagnies ont refusé de donner leur composition). Ce procédé est autorisé depuis peu en France, mais actuellement suspendu par le ministre de l’écologie et en attente d’études sur l’impact environnemental, suite aux scandales sanitaires … Mais est ce possible de résister longtemps au lobby de l’industrie? Si l’opinion publique s’en soucie et se mobilise, la suspension sera peut-être définitive…La preuve qu’il n’est jamais trop tard et qu’il est indispensable de s’informer et d’agir… Je vous invite à lire les articles disponibles sur le sujet ici et là par exemple, et bien entendu, de voir ce documentaire implacable.
Ce soir, la télé diffuse de grands classiques du cinéma. Sur Arte, hommage à Elizabeth Taylor, avec Le père de la mariée de Vincente Minnelli (Un Américain à Paris, Les ensorcelés). Puis la chaîne diffuse Soudain l’été dernier de Mankiewicz (Le limier, Eve, Cléopâtre).
Sur Direct star, soirée Scorsese avec Raging Bull, où de Niro incarne le boxeur Jake LaMotta. Ensuite, Mean streets, où De Niro et Harvey Keitel intègrent la mafia de Little Italy.
Dans la série la réalité dépasse la fiction, ne ratez pas vendredi sur Arte l’incroyable documentaire A very british gangster sur le parrain du crime à Manchester, le caïd Dominic Noonan. De Niro dans les films de Scorsese, c’est presque de la gnognotte à côté. Enfin, à vous de voir…
NT1 diffuse ce soir la satire désopilante du modèle américain, American Beauty de Sam Mendès (Les noces rebelles). On observe avec curiosité Kevin Spacey tomber amoureux d’une lolita, mais aussi un sac plastique voler au gré du vent... A noter que le scénario est d’Alan Ball, l’auteur de la géniale série Six feet under.
Lundi sur Arte, je vous conseille La vie et rien d’autre de Tavernier. En 1920, un commandant incarné par Philippe Noiret ♥♥♥ compte encore les morts de 14/18. Sur les ruines de cette guerre, il rencontre Sabine Azéma, à la recherche de son mari disparu sur le front…
Dans un autre registre, France 4 diffuse un grand classique de la comédie française, cité dans mon dernier quiz ciné : Marche à l’ombre de Michel Blanc. Je corrige Télérama : l’entorse de Michel blanc s’infecte, il achète une mini tranche de pâté de tête parce que c’est pour un bébé, mais il n’a pas de comprimés contre les loups, mais contre les renards. Nuance. (non non, je ne connais pas ce film par cœur, pourquoi ?)
Mercredi, TMC propose la suite de l’intégrale des Inconnus. J’ai regardé la semaine dernière, et heureusement, les sketches s’enchaînent, avec très peu d’intervention des animateurs. On se demande à quoi ils servent d’ailleurs, pas besoin d’en payer trois en plus… Et leurs blagues font bien pitié à côté de celles des Inconnus. 20 ans après, je connais encore par cœur les gags du célèbre trio. Et 20 ans après, on constate que certains sketches sont encore d’actualité (l’heure de la vérité vraie) ou seraient infaisables aujourd’hui (Ushuaïa) : trop osés, pas assez politiquement correct… ça montre bien l’autocensure actuelle dans les médias...
Et vous, appréciez-vous ces films? Que comptez-vous voir cette semaine?
19:18 Publié dans A la télé cette semaine | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : cinéma, gasland, gaz de schiste, la vie et rien d'autre, american beauty, les inconnus | | Facebook