13/10/2014
Le labyrinthe, courez dedans !
Un jeune homme se réveille dans une cage d’ascenseur. Il atterrit dans une vaste plaine, des adolescents le sortent de son piège. Qui sont-ils ? Que font-ils là ? Comme lui, chaque mois depuis trois ans, un nouveau arrive dans cet endroit étrange, ayant tout oublié de son passé. Le lieu est entouré de murs gigantesques, infranchissables. Une faille s’ouvre chaque jour au milieu, sur un labyrinthe, et se referme à la tombée de la nuit. Une sortie est donc possible, mais ceux qui s’y risquent se perdent ou ne courent pas assez vite pour ressortir… Vaut-il mieux se résigner à son sort et rester sur place, ou prendre le risque de rentrer dans le monde inconnu du labyrinthe ? (voir bande annonce en lien)
J’ai vu le film sans rien connaître de l’histoire et j’ai été agréablement surprise par l’originalité du scénario. J’ai vraiment adoré ce principe : enfermer des ados malgré eux, le spectateur observe comment ils se débrouillent. Le principe peut s’apparenter à une étude sociologique sur la vie en communauté : des clans, une hiérarchie se créent automatiquement. Un chef dirige, un groupe forme l’élite : les battants admirés et courageux (les coureurs qui explorent le labyrinthe). Chacun travaille en fonction de ses capacités et est intégré à un groupe bien précis. L’union fait la force, mais chacun reste à sa place… Cette épreuve d’enfermement permet aux adolescents de découvrir en eux un potentiel insoupçonné, ou au contraire les laisse s’effondrer : seuls les plus forts survivent...
L’idée de cette brèche dans le mur qui s’ouvre sur un labyrinthe dangereux et mystérieux m’a également beaucoup plu. Elle m’a rappelé les contes pour enfants et leur symbolique, métaphore du monde réel : la plaine entourée de hauts murs où vivent les adolescents est comme le cocon rassurant de l’enfance : rien ne leur arrive tant qu’ils ne sortent pas de cette enceinte. Mais pour devenir adulte, il faut partir dans l’inconnu, affronter le monde réel et ses difficultés : oser rentrer dans le labyrinthe.
J’ai cogité tout le long pour essayer de comprendre ce que les ados faisaient là et ce qui allaient leur arriver. Mais rassurez-vous, on est d’abord dans un film de divertissement et d’action, pas un documentaire anthropologique… j’ai quand même deviné quelques rebondissements. J’ai trouvé que les dialogues n’étaient pas toujours à la hauteur, un peu plats, et se traînant en longueur (faut-il rentrer dans le labyrinthe ou pas ? suivre le rebelle aventurier ou le conformiste attaché à sa sécurité ?) C’est sans doute parce que j’attendais le dénouement avec impatience : « il y a quoi là-derrière, on veut savoir ! » La tension était palpable dans la salle pendant les scènes d’action, mais mémé ne comprenait pas toujours ce qui se passait, car les plans étaient trop nombreux et rapides, et souvent sombres, filmés de nuit.
Certains reprocheront peut-être les caractères stéréotypés ou trop lisses, mais c’est un aspect volontaire qui ne m’a pas du tout dérangée.,Je trouve que l’héroïne interprétée par Kaya Rose Scoledario ressemble à Kristen Stewart, la star de Twilight. Cette dernière étant sans doute trop chère, ils ont dû penser « prenons son sosie à la place ! En plus, elle a un petit air d’Eva Green, deux pour le prix d’une, ça pourra pas faire de mal ! »
Les personnages sont tous adolescents, pourtant vous pouvez voir le film sans problème si vous avez dépassé la vingtaine. Bon, je ne suis certainement pas une référence en matière de maturité… Si vous avez aimé Hunger games ou encore mieux l’excellent Battle royale, où des jeunes luttent aussi pour leur survie, vous apprécierez certainement Labyrinthe de Wes Ball.
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11/10/2014
Gone Girl de David Fincher
En rentrant chez lui le matin de son cinquième anniversaire de mariage, Nick (Ben Affleck) constate que sa femme Amy (Rosamund Pike) a disparu. Les dégâts et traces de sang dans la maison ne présagent rien de bon. Pour les médias qui s’emparent de l’affaire, c’est évident : l’époux qui ne semble pas assez éploré a tué sa femme. Pour prouver son innocence, Nick mène sa propre enquête. Il s’aperçoit que la belle épouse modèle n’est pas aussi lisse qu’il le pensait… (voir bande annonce en lien)
Gone Girl est un film sur les apparences trompeuses. Il débute par une scène énigmatique, sur le visage en gros plan d’Amy. Elle est sublimée par une douce lumière matinale. Elle regarde et sourit à son mari, qui tient en fait la place de la caméra. On est au plus près de l’intimité d’un couple, une scène belle et romantique. Pourtant, les pensées de Nick contredisent les images et font froid dans le dos : il a envie de fracasser le crâne de sa femme pour voir ce qu’il cache. Lorsqu’Amy disparaît, hébété, il ne montre pas sa tristesse. Il est incapable de renseigner la police sur les habitudes de son épouse, ne sait pas si elle a des amis… Il ne semble pas vraiment la connaître.
Nick apparaît comme le suspect idéal pour les médias. Ceux-ci sont montrés dans leur aspect le plus négatif : faire de l’audimat avec du sang, du sordide, de l’émotion. Traquer honteusement des gens qui n’ont rien demandé, sûrement innocents et étrangers à l’affaire (la sœur de Nick, les voisins). Fouiller dans leur vie pour révéler leurs secrets honteux. Faire des suppositions hasardeuses et les afficher comme vérité. Manipuler les foules en jouant sur leurs émotions : une affiche avec la plus belle photo d’Amy, filmer une déclaration du mari en espérant qu’il va pleurer, et comme il ne le fait pas, prétendre qu’il a tué sa femme, lui demander de prendre la pose et de sourire, pour ainsi dire qu’il reste insensible…
Nick semble coupable. Pour le public averti, il paraît plutôt comme un brave gars un peu nigaud qui se fait avoir. On mène l’enquête avec lui, le héros du film. Mais pourquoi cette première scène alors, où on surprend ses pensées de meurtres ? Ne serait-ce pas plutôt le spectateur qui se laisse manipuler ?
Et qui est Amy ? Une femme magnifique : Rosamund Pike, dans son éternel rôle de la fille toujours très classe et distinguée, mais qui reste simple, inconsciente de sa beauté et de ses talents, comme dans Orgueil et préjugés par exemple. Ses parents ont fait d’elle une célèbre héroïne de livres pour enfants : amazing Amy, c’est-à dire elle en mieux, à qui tout réussit. Dans la réalité, les époux ont perdu leurs emplois et quitté New York pour s’installer dans la province natale de Nick, où Amy s’ennuie et gâche ses talents. Elle semble très amoureuse de son mari, pour lequel elle organise des chasses au trésor à chacun de leur anniversaire de mariage.
Et justement, contrairement à celle de Nick, la personnalité d’Amy et ce lui est arrivé m’ont semblé évidents depuis le début. Je pense que cet effet est volontaire. David Fincher, le maître du retournement de situation et du suspense, ne peut pas prendre ses spectateurs pour des cons. Je reste néanmoins un peu perplexe : pourquoi attendre aussi longtemps alors pour le dénouement ? Il veut jouer avec nos nerfs, nous faire douter ? Quand j’ai eu confirmation de mes suppositions, j’admets avoir été un peu déçue. J’aime être surprise au cinéma, je déteste deviner les rebondissements. Dans Seven, je ne m’attendais pas du tout à cette fin, avec la boîte… Je revois encore très précisément mon amie choquée sur le chemin de l’école, me disant : « j’ai vu un film horrible hier… » et moi qui la tannais pour qu’elle me raconte l’histoire. Dans le même genre, je n’ai pas été voir Avant d’aller dormir sorti récemment, car j’ai lu le livre avant, et j’ai deviné tous les rebondissements au bout de 50 pages (sur 500)…
Sur la critique des médias traquant le spectaculaire et le sordide, je vous conseille également Night call, qui sortira le 26 novembre. Sur l’enquête à propos d'une femme disparue et la manipulation du spectateur, je vous conseille également White Bird de Gregg Araki, en salles mercredi.
David Fincher sait à merveille raconter des histoires, surtout lorsqu’elles sont vraies. On le voit surtout dans son meilleur film selon moi, Zodiac (on était trois dans la salle à l’époque…) et le meilleur film de l’année 2010, The social network sur Mark Zuckerberg. Le cinéaste est un pro de la manipulation, comme on le constate ici, mais également dans l’incroyable et sous-estimé The game avec Michael Douglas. Je ne parviens pas à établir de top ten pour David Fincher (il a réalisé dix films) mais Gone girl, s’il ne détrône pas Zodiac, ne fait certainement pas partie des derniers (L’étrange histoire de Benjamin Button est raté pour moi, et Panic Room n’est pas très intéressant.)
Et vous, comment classeriez-vous Gone Girl et les films de David Fincher, par ordre de préférence ? Je rappelle sa filmographie :
1992 : Alien3
1995 : Seven
1997 : The Game
1999 : Fight Club
2002 : Panic Room
2007 : Zodiac
2008 : L'étrange histoire de Benjamin Button
2010 : The social network
2011 : Millenium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes
2014 : Gone girl
19:03 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : gone girl, david fincher, cinéma | | Facebook
09/10/2014
Bilan "je suis culturée" de septembre
11 Films au cinéma :
1 coup de cœur :
- Hippocrate de Thomas Lilti
- Gemma Bovery de Anne Fontaine
- Enemy de Denis Villeneuve
- Les gardiens de la galaxie de James Gunn
- Saint Laurent de Bertrand Bonello
- Boys like us de Patrick Chiha
Bientôt en salles :
- Gone girl de David Fincher, sortie le 8 octobre
- Night call de Dan Gilroy, sortie le 26 novembre
- Le labyrinthe de Wes Ball, sortie le 15 octobre
- White bird de Gregg Araki, sortie le 15 octobre
- Tortues ninja de Jonathan Liebesman, sortie le 15 octobre
Prochain film prévu : Mommy de Xavier Dolan
32 Films à la télé :
Coup de cœur canal+ :
- Blue Jasmine de Woody Allen
Prochain film prévu : Frances Ha
6 séries :
Coup de cœur :
- The newsroom saison 1
- P’tit quinquin
- How I met your mother saison 9
- Mad men saison 7
- Fleming : l’homme qui voulait être James Bond
- 24 : live another day
Prochaine série prévue : Ainsi soient-ils saison 2, sur Arte
4 documentaires :
Coup de cœur :
- Room 237 (sur Shining)
- Jean Rochefort, cavalier seul
- Attaque de requins à la Réunion
- Blur/oasis : la guerre de la Brit Pop
Prochain documentaire prévu : Les garçons de Rollin, un lycée sous l'occupation
1 concert :
- Claude Lelouch en musique, Les Invalides
Prochain concert prévu : Genesis, The musical Box à l'Olympia
4 spectacles :
Coup de cœur :
- Les cartes du pouvoir, avec Raphael Personnaz, Thierry Frémont et Elodie Navarre. Théâtre Hébertot, jusqu’au 30 novembre
- Magicien Alain Choquette, Gaité Montparnasse, jusqu’au 23 décembre
- Sans filtre, de Laurent Baffie, théâtre Fontaine jusqu’au 31 décembre
- Les femmes savantes, La comédie St Michel, jusqu’au 3 janvier
Prochain spectacle prévu : Nicolas Meyrieux, dans quel monde vit-on ?
3 expositions :
Coup de cœur :
- Culture TV, saga de la télévision française, Musée des arts et métiers, jusqu’au 8 mars
- Marion Montaigne dessine la ménagerie, jardin des plantes
- Réenchanter le monde, cité de l’architecture, jusqu’au 6 octobre
Prochaine exposition prévue : De Louis XIV à Louis XVI, un art de vivre à la française, Le Louvre
3 Livres :
Coup de cœur :
- La promesse de l’aube de Romain Gary
- Avant d’aller dormir de S.J Watson
- Lipstick traces, une histoire secrète du XXè siècle de Greil Marcus
Prochain livre prévu : Eloge de la fuite de Henri Laborit
Et vous, qu'avez-vous vu en septembre ?
17:18 Publié dans Je suis culturée | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : culture, télé, cinéma, spectacles à paris | | Facebook
28/09/2014
A la télé ce soir : Total Recall, American Beauty, Match Point...
Sur NRJ12, Total recall de Paul Verhoeven, un de mes cinéastes préférés. Oui, Schwarzy est dedans, mais le film ne propose pas que de l’action bodybuildée. Comme toujours chez le réalisateur, les scènes de poursuites se doublent d’une critique de la société américaine (Robocop, Starship Troopers…) De plus, le film est adapté de Philip K. Dick, un de mes auteurs de science-fiction favoris. En 2084, un homme à la vie ordinaire rêve souvent de Mars, exploitée pour un minerai précieux. Une société permet d’implanter de faux souvenirs de vacances idéales. Pour égayer sa vie, le héros se laisse tenter… mais rien ne se passe comme prévu. On retrouve les thèmes chers à K Dick, où rêve et réalité, futur et présent se confondent. Un cauchemar vertigineux plein de rebondissements, dans un univers et des décors foisonnants. Un excellent film.
Sur Numéro 23, American Beauty de Sam Mendès (Les noces rebelles). On observe avec amusement Kevin Spacey retrouver un regain de jeunesse, en pleine crise de la quarantaine. Il tombe amoureux d’une lolita, plaque son boulot de cadre pour travailler avec des étudiants dans un fast food, fume des joints avec le jeune voisin, se remet au sport… Une satire désopilante du modèle américain et des faux-semblants. A noter que le scénario est d’Alan Ball, l’auteur de la géniale série Six feet under.
Sur D8, tout autre genre, Deux hommes dans la ville. Un drame de José Giovanni dont Rachid Bouchareb s’est inspiré pour son dernier film, La voie de l’ennemi. Alain Delon incarne un ancien bandit qui tente de se réinsérer, avec l’aide de son éducateur, Jean Gabin. Mais le flic Michel Bouquet le traque en attendant qu’il replonge dans ses vieux démons… Un film qui m’a beaucoup marqué quand j’étais petite, car ma mère s’en allait systématiquement avant la fin en disant « c’est trop triste ». J’ai toujours du mal depuis avec le pourtant excellent Michel Bouquet, que j’imagine toujours aussi teigneux que ce rôle.
En deuxième partie de soirée à 23 heures, HD1 propose l’un des meilleurs films de Woody Allen, Match Point. Jonathan Rhys Meyers interprète un jeune homme d’origine modeste, qui rêve d’ascension sociale sans trop en faire. Avec sa belle gueule et son humour flatteur, il parvient à s’immiscer dans une famille huppée de Londres. Alors qu’il doit épouser la fille, il tombe sous le charme d’une femme pauvre aux mêmes ambitions que lui (Scarlett Johansson). Un petit bijou de thriller et d’humour noir.
Demain, suite des films de la semaine
19:50 Publié dans A la télé cette semaine | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : télé, cinéma | | Facebook