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28/03/2018

La forme de l'eau : une version édulcorée et hollywoodienne du labyrinthe de Pan

forme eau.jpgAux États-Unis durant les années 50, pendant la guerre froide, Elisa est femme de ménage dans un laboratoire gouvernemental secret. La discrétion est de mise dans son travail. Elle doit faire oublier sa présence, afin de ne pas perturber les scientifiques dans leurs recherches et réflexions. Elle ne doit pas être curieuse, ne regarder que son balai qui brosse le sol, et si jamais elle osait lever le nez, ne pas divulguer ce qu'elle pourrait éventuellement voir ou entendre. Ça tombe bien, elle est muette.

L'héroïne ne peut pourtant pas s'empêcher d'être intriguée par une nouvelle expérience des scientifiques. Ceux-ci ont trouvé une mystérieuse créature aquatique, mi-homme, mi-poisson, qui ne parle pas. Pour le terrible colonel qui s'en occupe, l'amphibien est un animal : il ne peut s'exprimer, il est donc stupide. Mais Elisa réussit à rentrer en contact avec l'amphibien et à le comprendre… (Voir bande annonce en lien.)

Elisa est isolée par sa particularité et n'a pas d'amis, à part sa collègue Zelda, une femme noire très bavarde qui trouve enfin en Elisa une oreille, puisque sa compère ne peut pas répondre. Zelda se plaint des hommes qui les déconsidèrent : leurs employeurs ou son mari, qui ne les voient que comme des outils, juste bons à nettoyer leurs toilettes ou faire les repas. Elisa côtoie aussi son vieux voisin homosexuel, un artiste solitaire qui regrette sa jeunesse passée. Ce dernier est rejeté lui aussi : par son patron qui refuse ses affiches publicitaires, par le jeune homme qu'il convoite.
Entre personnes dédaignées par la norme, les trois complices se comprennent et décident d'aider la créature, encore plus démunie qu'eux.

Le rejet des personnes différentes, le mépris des animaux (s'ils ne parlent pas, c'est qu'ils sont inférieurs, stupides et sans émotion) le dédain pour les femmes, les noirs, les homosexuels, pour les pauvres (si elles sont femmes de ménage, c'est qu'elle sont trop idiotes pour faire des études, pas parce qu'elles n'ont pas eu les moyens d'y avoir accès). Le film voit éclore la revanche des laissés-pour-compte.

labyrinthe de pan.jpgLa forme de l'eau reprend les thématiques du labyrinthe de Pan, du même réalisateur, l'un de mes films préférés. Dans Le labyrinthe de Pan, c'est une jeune orpheline qui se retrouve isolée, avec son nouveau beau-père tyran, un capitaine tortionnaire franquiste pendant la guerre d’Espagne. La petite se réfugie dans ses rêves où elle est enfin comprise par un faune, une créature qui ressemble étrangement à celle de La forme de l'eau (et surtout à la créature du lagon noir, le classique de Jack Arnold).
Mais si le labyrinthe de Pan reste profondément ancré dans l'époque qu'il dénonce (les atrocités de Franco) si le film est amer, La forme de l'eau en est pour moi une version édulcorée, hollywoodienne. Ce dernier film me semble fait pour plaire au public américain et gagner l'oscar (ce qu'il a réussi).

En effet, La forme de l'eau se déroule dans les années 50, époque chérie par les Américains, car celle de la prospérité et de la surconsommation : le général est ravi d'acheter une fameuse Cadillac emblématique de cette période (qui se retrouve détruite par nos héros rebelles dès le premier jour). Autre époque adorée des Américains, celle des comédies musicales. Hazanavicius avait joué à fond sur la nostalgie et l'hommage au cinéma hollywoodien avec The artist, qui a remporté l'oscar du meilleur film. Guillermo del toro a donc fait pareil, avec le moment où l’héroïne s'imagine danser dans une comédie musicale en noir et blanc. Scène totalement superflue, juste présente pour le clin d’œil grossier : « allez-y, vous aimez les comédies musicales, donnez-moi l'oscar ! » Et ça a fonctionné.

Si la musique du labyrinthe de Pan est sublime (une berceuse triste comme celle de Rosemarys' baby, à écouter en lien) La forme de l'eau exploite une musique d'accordéon vieillotte et peu originale, qui m'a dérangée dès le générique de début. Notre compatriote Alexandre Desplat a encore gagné l'oscar de la meilleure bande originale, mais je trouve qu'il a fait mieux avec The ghost writer par exemple (à écouter en lien).

Le film est aussi manichéen que Le labyrinthe de Pan, le colonel américain est aussi méchant que le franquiste, et les gentils exploités le sont autant que les républicains rebelles, mais le trait est plus lourd. Le contexte politique et social est moins dénoncé, car cela pourrait faire tiquer. Guillermo del Toro a préféré accentuer l'argument lisse et consensuel qui plaît au plus grand nombre : chacun est différent mais on est tous égaux, aimons-nous les uns les autres etc.
Surtout, La forme de l'eau se traîne en longueur. Lorsque l'histoire principale est résolue, je pensais que la fin du film était arrivée, mais on en était qu'à la moitié.

forme eau 2.jpgLes acteurs sont excellents : Sally Hawkins, qui trouve enfin la consécration après des rôles discrets mais déjà rebelles (Be happy, We want sex equality) nommée à l'oscar de la meilleure actrice. Sa camarade Octavia Spencer jouait aussi une femme de ménage dans La couleur des sentiments, qui lui a valu un oscar. Elle a encore été nominée cette fois-ci (jamais deux sans 3, un prochain rôle de femme de ménage à lui donner ?) Richard Jenkins, le père cool de Six feet under, a été également sélectionné comme meilleur second rôle. Le toujours inquiétant Michael Shannon (Bug, Take shelter, Midnight special…) en méritait tout autant, mais on ne pouvait pas non plus récompenser tout le casting.
Le film a obtenu 9 nominations et 4 prix, dont les plus convoités : meilleur film et meilleur réalisateur.

La forme de l'eau reste donc néanmoins un bon film, en priorité par son hommage au cinéma des années 50 et son esthétique baroque très travaillée (le film a obtenu l'oscar des meilleurs décors). Mais comme j'ai remarqué dès la bande annonce la ressemblance flagrante avec Le labyrinthe de pan, mon film fétiche, j'ai été déçue de n'en retrouver qu'une version assagie. Je n'ai pas retrouvé la profonde émotion et le profond choc que m'avait donné le labyrinthe de Pan. Je suis le parcours de Guillermo del Toro depuis ses débuts (Cronos (1993), Mimic, L’échine du diable, Blade 2, Hellboy). Pour moi il a atteint son apogée en 2006 avec le labyrinthe de pan et a décliné ensuite, son dernier film Crimson peak était vraiment décevant et superflu. Espérons qu'avec le crédit que lui apporte l'oscar, il se permettra de revenir à des sujets plus osés.

 

25/03/2018

Black mirror, la meilleure série du moment

black mirror chute libre 1.jpgEn tant que mémé nulle en nouvelles technologies, je ne peux qu'adorer cette série qui dénonce les travers de la société actuelle, en montrant ce qu'elle peut engendrer : la technologie qui déshumanise et isole les gens, les réseaux sociaux et médias qui créent comparaisons et mensonges. Certains épisodes sont déjà d'actualité et ne font même plus peur, tellement certains se sont habitués à être surveillés par les nouvelles technologies ou mis en compétition sans cesse.

Ainsi, le premier épisode de la saison 3, Chute libre, est parfois jugé « gentillet ». On ne voit même plus où est le mal, puisqu'on le vit déjà : on n'ose pas remettre en question sa réalité. Dans cet épisode, quand on se promène dans la rue ou attend à une caisse de magasins, on a immédiatement accès au nom de la personne qui nous fait face, et la possibilité de lui donner une note : si le serveur a été aimable, on le juge favorablement, s'il a été trop lent, on le sanctionne. Ceux qui ont les meilleures notes, les gens les plus populaires et les plus policés, qui rentrent dans le moule, qui font toujours preuve d'un optimisme feint, sont récompensés. Ils peuvent avoir accès à des quartiers résidentiels par exemple. L’héroïne de cet épisode, incarnée par Bryce Dallas Howard (la jeune fille de l'eau) espère intégrer ce beau monde. Elle consulte un coach pour accroître sa popularité. Le spécialiste lui conseille :
black mirror chute libre.jpg« Ce sont essentiellement des gens de "secondes conditions" comme les caissiers qui vous voient positivement. Pour être valorisée, vous devez obtenir de bonnes notes de gens populaires et hauts placés. »
Justement, une de ses personnes se marie et invite Bryce, qui était pourtant son souffre douleur au collège. L'héroïne accepte, car elle veut jouer le jeu pour intégrer cette société artificielle. Mais rien ne se passe comme prévu, évidemment. La morale qui en résulte : « moque-toi de l'avis des autres, sois toi même et sois libre »

Chute libre renvoie à notre réalité : lorsqu'on rencontre quelqu'un, il suffit souvent de taper son nom sur internet, pour trouver son cv, son instagram, son facebook. La personne se vend comme un produit : « J'ai beaucoup d'expériences professionnelles, embauchez-moi. » « Regardez ma vie de rêve, admirez-moi : je fais de beaux voyages, regardez les belles photos; voyez mon dernier repas, comme je suis une cuisinière parfaite. » Ces personnes font la course aux likes et pour certains arrivent même à monétiser leur popularité, en faisant par exemple des articles promotionnels. 
Pour être le plus populaire possible, plaire au plus grand nombre, il faut être le plus aseptisé et poli possible. Dans l'épisode de la série, plus personne n'ose dire ce qu'il pense vraiment de peur d'être mal noté, chacun reste sur ses gardes et craint de faire un pas de travers. Cet épisode qui est jugé gentillet me paraît pourtant effrayant, car il est réaliste. Il ne dénonce même plus ce qui pourrait arriver dans le futur si on continue d'agir de la sorte, on en est déjà arrivé là, il parle de notre présent ( voir en lien ce qu'il se passe en Chine): en cela, il est terrifiant. 
Chute libre est réalisé par Joe Wright (Orgueil et préjugés).

 

21/03/2018

Des séries comiques à voir

Casual.jpgCasual

Valérie divorce après 15 ans de mariage. Elle se retrouve contrainte d'habiter avec sa fille ado chez son frère, geek attardé qui drague tout ce qui bouge. Les trois essaient de trouver l'amour, bien maladroitement...

Une série sympathique par ses dialogues incisifs et ses situations qui sonnent juste : comment se remettre dans le circuit après 15 années d'encroûtement, comment ne pas juger trop vite au premier rencard, comment plaire, comment comprendre la société actuelle et paraître plus jeune quand on a 45 ans...
Les situations sont réalistes, mais la réaction des personnages demeure souvent exagérées, ce qui fait tout le sel de cette comédie. J'ai souvent besoin de m'identifier pour adhérer à une série, mais là, même si les protagonistes sont tête à claques et réagissent de façon incompréhensibles (se bourrer la gueule et coucher avec le premier venu sans s'en souvenir ensuite, ou se séparer sur un simple désaccord), les situations sont si finement décrites que j'ai tout de même beaucoup aimé Casual.

L'héroïne psychorigide et son sourire figé et faux reste agaçante. Elle est psy, et comme on dit, les cordonniers sont les plus mal chaussés. Ses relations sont déplorables (pas d'amies, quand elle s'en trouve une, la fille profite d'elle. Son mari se tape une étudiante, elle se tape un jeune à son tour, etc...) Vu les situations débiles dans lesquelles elle réussit à se fourrer, je ne vois pas comment elle peut donner des conseils pertinents à ses patients :
" Mon mari m'a quittée hier, je ne sais pas quoi faire ...
- Oh faites comme moi ! Hier soir au bar j'ai couché avec le serveur qui a l'âge de ma fille ! Je me trouvais trop coincée alors hop, j'ai fait l'exacte inverse de mon habitude, hi hi ! "

Son acte le plus incompréhensible pour moi : pour éviter que sa fille ado ne se retrouve enceinte, elle l'a mise sous pilule dès l'âge de... 12 ans. 12 ans ? La pilule ? Et les MST ? Et pourquoi la pauvre gamine devrait se gaver d'hormones si jeune, comme si c'était inoffensif ?
La fille réussit l'exploit d'être encore plus énervante que la mère, car elle est typiquement l'ado rebelle hautaine qui en a marre de tout, "les adultes vous êtes tous des cons vous faites tous chier vous comprenez rien". Seul le frère qui se veut cynique mais est juste à la ramasse trouve grâce à mes yeux. Et je veux bien de sa maison de rêve et de sa vie de glandeur qui se repose sur ses rentes !
Une série qui a réussi à garder mon attention, car j'étais à la fois fascinée et amusée par des personnages aux réactions si étranges.

Togetherness

togetherness.jpgUn couple marié avec enfants ronronne depuis trop longtemps. Jusqu'à ce que le meilleur ami de l'un et la sœur de l'autre, célibataires décalés au chômage, viennent squatter et bouleverser le train-train de ces américains moyens.

Évidemment je m’identifie plus au bon pote sans gêne et marrant (sans égaler notre modèle à tous : Michel Blanc, surtout dans Viens chez moi j'habite chez une copine) qu'à la mère de famille aigrie et au père castré par sa femme. Je ne m'identifie pas non plus à la sœur bimbo hystérique. On sent que l'acteur qui joue le rôle du pote est le scénariste : il est laid comme un crapaud, chauve et bedonnant, mais fait craquer la bombasse. On y croit à mort (ou alors la fille est vraiment désespérée). Jean-Claude Dusse lui, il attend toujours son ouverture, son histoire est plus réaliste.
Si la première saison de togetherness est drôle, la deuxième est plus décevante, trop convenue, niaiseuse. La série a été annulée ensuite. Les épisodes courts (20 minutes) se suivent néanmoins  facilement sans déplaisir.

 

17/03/2018

13 reasons why

13 reasons why.jpegUne série évenement Netflix. J'en lisais l'éloge partout sur les réseaux sociaux, et j'avais hâte de la découvrir. Si je n'en avais pas attendu autant, la déception n'aurait certainement pas été aussi grande.
Une ado s'est suicidée. Elle enregistre des cassettes audio (c'est tellement plus cool et tendance ces objets rétro !) puis elle les fait envoyer post-mortem à des membres de son entourage, dont elle estime qu'ils sont responsables de son décès. Elle explique dans les cassettes les 13 raisons pour lesquelles elle s'est donné la mort. La première : un garçon s'est vanté d'avoir couché avec elle alors que c'est même pas vrai d'abord. La deuxième, parce que sa meilleure amie lui cause plus, c'est plus sa copine. La troisième, parce qu'un type a écrit qu'elle avait le plus beau cul du lycée, c'est trop la honte.

Je ne veux pas dire que les raisons de son suicide sont dérisoires. Les adolescents sont très sensibles à leur réputation et déboires affectifs, etc... Quand j'avais leur âge, je ne les comprenais déjà absolument pas, mais alors maintenant que je suis une mémé... Malgré plusieurs lectures quand j'étais jeune, je ne me suis pas du tout reconnue dans Le complexe du homard, j'étais perplexe : "mes congénères sont vraiment aussi cons que je le pense ?" Je n'ai jamais compris pourquoi les ados étaient si conformistes, voulaient absolument être appréciés de leurs pairs, épater leurs camarades, donc rentrer dans le moule, avoir les habits les plus branchés, être au top des dernières tendances, donc être des pigeons consommateurs... Ce que l'on aperçoit dans cette série où les ados sont férus de mode et très sensibles à l'opinion des autres.

Comment cautionner le dispositif archi accusateur des cassettes ? Quand j'écoute cette fille blâmer tout le monde et faire la morale, j'ai juste envie de la claquer.
Elle m'énerve aussi beaucoup avec sa moue boudeuse et sexy. Le responsable du casting a choisi une vraie bombasse, pour nous la rendre plus sympathique : "quel dommage qu'une telle beauté sois morte !" Elle aurait été obèse boutonneuse à dents de lapin, les spectateurs auraient eu moins pitié. Evidemment on devine très vite que la vraie raison de son suicide, c'est un viol. Eh bien accuse tout de suite le coupable au lieu de tout reprocher à tout le monde...

Tous les personnages sont très beaux, très riches, ont plein d'amis, vivent dans de grandes maisons au milieu de superbes paysages... Mais même les petites filles riches ont des malheurs. Dans cet univers aseptisé, qui sonne faux et creux, le suicide de l'héroïne secoue néanmoins les mentalités. Je n'ai pourtant pas pu aller jusqu'au bout, trop dérangée par l'aspect bluette adolescente /objet cool et branché. J'ai arrêté au milieu du troisième épisode, au moment trop gnangnan, trop c'est trop, où elle observe la lune avec le brave gars, personnage principal, qui est amoureux d'elle et réciproquement, mais qui ne tente rien car trop timide (il n'a aucune personnalité) : bam, je me suicide par ta faute !
Observer la lune en amoureux sous fond de musique hype, c'était la niaiserie-branchée-cool de trop pour moi. Je m'attendais presque à voir à la fin de chaque épisode : "Si vous voulez acheter le même bonnet que l'héroïne, tapez 1. Si vous voulez acheter la musique que l'on entend dans la scène romantique, tapez 2". La série choisit cependant de bonnes chansons : Love will tear us apart de Joy division par exemple (l'une des seules chansons que mémé a reconnue, car ancienne).

 

12/03/2018

Les séries qui m'ont déçue

this is us.jpg- This is us

L'histoire de quatre frères et sœurs et de leurs parents. J'ai tenté de m'accrocher : "non mais moi aussi, je peux m'intéresser aux histoires de couches qui débordent ou d'enfants qui parlent à table, je suis sûre qu'on peut trouver de l'intérêt là-dedans, on a bien essayé de me faire lire la saga "le goût du bonheur" et j'ai réussi à tenir 50 pages, consternée, j'ai été très patiente, comme avec tous les livres niaiseux qui ont le mot "bonheur" dans le titre. Quand mon copain qui exerçait lui une activité intéressante sur l'ordi à côté (tuer des zombies) a commenté : "c'est pas un peu con ton truc ?" j'ai pu arrêter de faire semblant d'être une brave femme au foyer classique  : "oh oui putain c'est affreusement niais ! On se mate un film où on décapite des gens à la place ?

- The night of

Un jeune pakistanais bien couillon est emprisonné pour le meurtre d'une belle jeune femme des beaux quartiers qu'il a prise dans son taxi. Un avocat raté prend sa défense, tandis que le couillon perd son innocence en prison. 
Mais que c'est looooong.... On devine TOUT à l'avance, et on attend, on attend... Les personnages sont tous antipathiques : le gamin est con comme une valise sans poignée, l'avocat ne pense qu'à son fric... Instructif pour la description de l'univers carcéral et des magouilles pour orienter les procès, mais sinon... 

- The young pope

L'ascension d'un pape hors norme et les luttes de pouvoir, trahisons et mensonges autour de lui. J'ai bien aimé La grande belezza, Youth et This must be the place du réalisateur Paolo Sorrentino, et on retrouve ici ses préoccupations bizarres. Mais trop bizarres justement, j'ai essayé, essayé, mais quand une autre série plus alléchante s'est profilée, j'ai abandonné. Malgré des décors somptueux, une bande originale très à la mode, une mise en scène et un casting impeccables (Jude Law, Cécile de France, Ludivine Sagnier, Diane Keaton...) Une des nombreuses "séries événements" de Canal + pour nous vendre un abonnement hors de prix (j'ai aussi arrêté Versailles au bout de trois épisodes, et Guyane un seul).

 à suivre : 13 reasons why

09/03/2018

Séries : Une place à prendre (J.K Rowling) et Berlin 56

place à prendre.jpg- Une place à prendre (J.K Rowling)

La place à prendre, c'est d'abord celle du conseiller paroissial du village, décédé subitement. Sa succession crée des tensions : certains souhaitent que le village se débarrasse du quartier des pauvres qui font désordre et du centre de désintoxication, pour les refourguer à la ville d'à côté. Parce que si on veut la note de "village fleuri le plus agréable de l’Angleterre" faudrait virer les seringues et le vomi dans les fourrés. On découvre les secrets des personnages, qui sont bien loin de l'image qu'ils veulent donner (le vieux respectable n'est qu'un gros dégueulasse, l'ado rebelle est la seule à s’occuper du foyer et de sa petite sœur avec douceur).
Le sujet paraît peu attractif comme ça ("je vais me détendre après une dure journée de travail en regardant une pauvre fille se démener avec sa mère qui donne son cul pour une dose de crack") mais les rebondissements s'enchaînent si finement, pour finir en apothéose tragique (nan mais je vous jure, c'est sympa comme série) qu'on se prend vraiment au jeu.

Une place à prendre est adaptée du roman de JK Rowling. On est loin des sorciers de Harry Potter (même si on peut lire aussi un message social et politique en filigrane dans la saga), on plonge dans la triste réalité de la misère sociale, très bien retranscrite. L'horrible vieux crevard qui ne pense qu'à son petit confort et laisserait mourir un chaton abandonné devant sa porte me disait quelque chose, surtout sa voix. Je l'ai reconnu au bout de quelques épisodes : c'est Dumbledore !

- Berlin 56

Berlin-56-.pngUne vieille peau acariâtre dirige une école de danse pour jeunes gens de bonne famille. Sa principale préoccupation est de marier ses trois filles à de beaux partis. Si l'une épouse un docteur (qui se révèle en fait homosexuel et violent) l'autre se rebelle et court les bars à la découverte de cette nouvelle danse de pervertis : le rock n'roll ! 
Je pensais que Berlin 56 allait être mignonnette proprette "Qu'ils étaient coincés les vieux de l'époque ! Ah le bon vieux temps du rock n' roll !" "Mouais, elle rencontre le brun ténébreux qui se la pète à une soirée organisée par sa mère. Evidemment il est très riche, elle ne peut pas l'encadrer, mais ils vont finir amoureux, ça se sent à 2 mètres". 

Pourtant le conte de fées gnangnan tourne vite au glauque : Ah il la viole en fait ? Et comme le père de l'agresseur est influent, on ne fait rien contre lui ? Les personnages sont ambigus et peu sympathiques : mais pourquoi l'héroïne fréquente finalement son violeur ? Elle se justifie ainsi :  "Nan mais le pauvre, il veut devenir écrivain mais il doit renoncer à ses rêves, parce que son père veut qu'il reprenne l'empire industriel. Il a trop de pression et de rage qui ne peut sortir, alors il se venge sur moi, c'est pas grave ". 
Au final, je ne sais pas trop quoi penser de cette série au discours ambigu.

 

05/03/2018

Big little lies

big little lies.jpgQuelqu'un est assassiné à la fête de l'école. Qui ? Tué par qui ? Pourquoi ? Les flash-backs et les dépositions des témoins permettent de le comprendre.
Une sorte de Desperate housewives nouvelle version, avec potins mesquins et crêpages de chignons (voir bande annonce en lien). Les héroïnes sont toutes des mères de famille, et je pense qu'il faut être mère et au bord du burn out et de la crise d'hystérie, en conjuguant boulot, morveux, et corvées à la maison, pour vraiment s’intéresser à la vie des personnages. Le début était fastidieux :  "non mais ils ne vont pas réellement faire tout un plat parce que la gamine s'est fait tirer les cheveux par un autre merdeux ? Parce que la fête d'anniversaire de l'une était plus réussie que l'autre ? Créez un forum de mamans, pas une série !"

Big little lies fait pourtant aussi rêver, car la série se déroule dans une magnifique ville ensoleillée du bord de mer, les femmes habitent des immenses villas de rêve, sont toutes très riches et très belles. Mais très tête à claques, en priorité Laura Dern, femme d'affaires insupportable qui passe son temps à hurler sur tout le monde et qui pense que tout lui est dû. J'apprécie cependant la verve, le dynamisme et la passion de Reese Witherspoon, qui fait tout pour réparer les injustices, au point de se mêler parfois de ce qui ne la regarde pas et d'agir à la place des autres qui n'ont rien demandé (Shailene Woodley (Divergente), trop effacée, Nicole Kidman, victime qui ne veut pas l'admettre).

J'ai rapidement deviné qui était mort et pourquoi, et la série se termine à la façon hollywoodienne "tout est bien qui finit bien, les méchants sont punis et on est tous copains" mais j'ai apprécié les décors, les répliques et le casting de stars. Les personnages, même s'ils ne sont pas toujours sympathiques ou si je ne peux pas m'y identifier, sont bien saisis ( en priorité la femme battue qui excuse son bourreau, homme en apparence  idéal, mari passionné et père attentionné vu de l'extérieur).
Une saison 2 est prévue pour 2019 avec le même casting.

 

03/03/2018

Série à voir : Feud

sériesJe ne peux m'empêcher de lire "Freud" à la place, et je pensais que la série traitait de psychanalyse. En réalité, mémé qui parle anglais comme une vache espagnole a vérifié la traduction, Feud signifie "querelle". Pourquoi ne pas donner le titre en français franchement ?

Dans la première saison, la querelle est celle de Bette Davis et Joan Crawford sur le tournage de l'excellent film "qu'est-il arrivé à Baby Jane ?" En bonne cinéphile et appréciant beaucoup ce scénario cynique qui m'avait perturbée adolescente, j'étais ravie de connaître l'envers du décor de Hollywood. Je n'ai pas été déçue : et que ça se tire dans les pattes pour avoir son nom en premier sur le générique, des gros plans avantageux, se mettre le réalisateur et la presse dans la poche en colportant des rumeurs sur sa rivale... Un régal de mesquineries et un bon exemple de la triste réalité du cinéma. (voir bande annonce ici en lien)

La série traite de la célébrité qui met une barrière entre les stars et le peuple, et ouvre en fait les portes de la solitude et de l'incompréhension à l'actrice pourtant adulée. Feud évoque aussi l'inexorable vieillesse, qui altère la beauté, donc la popularité des actrices... O rage ô désespoir, ô vieillesse ennemie.
La deuxième saison, qui n'est pas encore sortie, relatera le divorce du prince Charles et de Lady Di. A priori ce sujet m'intéresse moins (quand la princesse est morte, je savais à peine qui c'était et je n'ai pas compris le déferlement médiatique, car je ne lisais pas de presse people et n'avais pas accès à internet à l'époque.)

A suivre : Big little lies

01/03/2018

The deuce

deuce.jpgDans les années 70,  l'essor du cinéma porno à travers la vie animée du Deuce, un quartier de Manhattan peuplé de prostituées et de leurs macs.

J'ai eu du mal au début, car je trouvais le sujet trop glauque : dès le premier épisode, un maquereau repère les ados fugueuses à la gare de New York. Elles ont fui leur campagne natale et leur père violent, pour espérer une meilleure vie, mais se retrouvent mises sur le trottoir, brutalisées par leur proxénètes et leurs clients.
J'étais aussi mal à l’aise devant la mise en scène : l’esthétisme cool, les supers musiques, les tenues, l'humour, qui rendent la prostitution et les maquereaux sympas (ils sont si drôles ! avec leur col pelles à tartes et leur pattes d'eph !) Puis je me suis laissée prendre au jeu (la condition de ces femmes est tout de même vaguement dénoncée) et je me suis intéressée au destin de la prostituée "libre et rebelle" qui refuse d'avoir un maquereau, puis tente de s'extirper de la rue en... devenant réalisatrice de films porno.

Elle est jouée par Maggie Gyllenhaal, épatante, productrice de la série et qui donne de sa personne, cas de le dire. Le barman qui se veut honnête et son frère jumeau corrompu qui se lance dans le business sont joués par James Franco, et j'ai du mal à comprendre quel rôle l'acteur interprète, car au final il joue les deux frères de la même façon : choisir un seul acteur pour les deux protagonistes me paraît superflu, la performance artistique n'est pas au rendez-vous. A part la prostituée rebelle, j'ai eu du mal à apprécier les personnages, surtout les maquereaux évidemment. Mais the Deuce demeure une série intéressante, surtout pour la reconstitution de l'époque sex drugs rock n'roll.