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20/03/2014

Les César 2014, le palmarès

garcons et guillaume, danse.jpgJe n'ai toujours pas assisté aux César, on ne m'a pas réinvitée après la gaffe de l'année dernière (voir en lien). Oui, la cérémonie était le 28 février… Mémé, toujours à la pointe de l’actualité. J’étais dans mon trou perdu sans Internet, mais j’ai quand même pu regarder la soirée sur la télé, toujours aussi consternée par les gags qui tombent à l’eau. J’aime beaucoup la maîtresse de cérémonie Cécile de France, son naturel, sa fraîcheur, mais qu’est-elle venue faire dans cette galère ? Je m’ennuyais autant que l’invitée d’honneur Scarlett Johansson, mais contrairement à elle coincée au milieu de la salle et sous les projecteurs, je pouvais me lever de mon siège et partir grignoter dans la cuisine ou jouer avec le chat.
Guillaume Gallienne a remporté 5 César pour Les garçons et Guillaume à table. Il les a mérités, ce film est ma comédie coup de coeur de 2013. (D’ailleurs, je n’ai toujours pas écrit mon bilan culturel de l’année…)Vous pouvez relire ici ma critique et rencontre avec ce formidable acteur.
Nommé 7 fois, La vie d’Adèle ne remporte que le César du meilleur espoir. Bien fait pour la gueule de Kechiche, je ne peux pas encadrer ce tyran et je n’apprécie pas vraiment ses films, surtout le choquant Vénus noire. (Je n’ai pas voulu voir La vie d’Adèle, j’attends la diffusion sur Canal+).

Meilleur Film :

9 mois ferme d'Albert Dupontel
L'Inconnu du lac d'Alain Guiraudie
Jimmy P. d'Arnaud Desplechin
Les Garçons et Guillaume à Table de Guillaume Gallienne
Le Passé d'Asghar Farhadi
La Vénus à la fourrure de Roman Polanski
La Vie d'Adèle - chapitre 1 & 2 d'Abdellatif Kechiche

Je pariais sur ce film. Voir mon billet sur le sujet en lien.

Meilleur Premier Film :

En solitaire de Christophe Offenstein
La fille du 14 juillet d'Antonin Peretjatko
La bataille de Solférino de Justine Triet
Les Garçons et Guillaume à table de Guillaume Gallienne
La Cage Dorée de Ruben Alves

A la fois meilleur film et meilleur premier film, ce n’est pas un peu exagéré ? Il ne pouvait pas en laisser aux autres ? Meilleur premier film aurait suffi…Voir ma critique de En solitaire ici.

Meilleur réalisateur :

Albert Dupontel pour 9 mois ferme
Alain Guiraudie pour L'Inconnu du lac
Arnaud Desplechin pour Jimmy P
Asghar Farhadi pour Le Passé
Roman Polanski pour La Vénus à la fourrure
Abdellatif Kechiche pour La Vie d'Adèle - chapitre 1 & 2

Encore Polanski ? J’apprécie beaucoup ce cinéaste majeur, mais il reçoit là sa 4ème récompense…

Meilleur Acteur :

Mathieu Amalric dans La Vénus à la Fourrure
Michel Bouquet dans Renoir
Albert Dupontel dans 9 mois ferme
Grégory Gadebois dans Mon âme par toi guérie
Guillaume Gallienne dans Les Garçons et Guillaume à Table
Fabrice Luchini dans Alceste à Bicyclette
Mads Mikkelsen dans Michael Kohlhaas

Toujours évident… Gallienne incarne sa mère avec un mimétisme surprenant. J’ai raconté comment on le voyait se métamorphoser en Norman Bates en sa mère sous nos yeux lors de la rencontre…

Meilleure Actrice :

Fanny Ardant dans Les Beaux Jours
Bérénice Bejo dans Le Passé
Catherine Deneuve dans Elle s'en va
Sara Forestier dans Suzanne
Sandrine Kiberlain dans 9 Mois Ferme
Emmanuelle Seigner dans La Vénus à la fourrure
Léa Seydoux dans La Vie d'Adèle - chapitre 1 & 2

Je n’ai rien contre le cheval Sandrine Kiberlain, bien sympathique, mais je trouve qu’elle joue un peu toujours pareil… Puis je n’aime pas sa voix.

Meilleur Acteur dans un Second Rôle :

Niels Arestrup dans Quai d'Orsay
Patrick Chesnais dans Les Beaux Jours
François Damiens dans Suzanne
Olivier Gourmet dans Grand Central
Patrick d'Assumçao dans L'inconnu du lac

Arestrup est aussi très bon dans Diplomatie, en salles en ce moment. Je publie ma critique sur ce film bientôt.

Meilleure Actrice dans un Second Rôle :

Françoise Fabian dans Guillaume et les Garçons à Table
Julie Gayet dans Quai d'Orsay
Adèle Haenel dans Suzanne
Géraldine Pailhas dans Jeune et Jolie
Marisa Borini dans Un Château en Italie

Meilleur film documentaire :

Comment j'ai détesté les maths d'Olivier Peyon
Le dernier des Injustes de Claude Lanzmann
Il était une forêt de Luc Jacquet
La maison de la radio de Nicolas Philibert
Sur le chemin de l'école de Pascal Plisson

J’ai vu ce film et je ne comprends pas ce choix. Comme son nom l’indique, des enfants sont filmés sur le chemin de l’école, aux 4 coins du monde. Mais aucune voix off n’explique le contexte politique et social des pays. Donc il ne se passe rien : on voit simplement les gosses marcher (certes, dans des paysages sublimes et variés) et échanger des banalités comme « aïe, j’ai mal aux pieds ! ». Passionnant donc. Lors de la rencontre, le réalisateur nous expliquait sourire béat qu’au début il souhaitait un narrateur, « mais que les paroles des enfants étaient des « pépites » et qu’elles suffisaient » Ah ?!! Les enfants d’Afrique doivent éviter les éléphants comme on peut l’apercevoir dans le film, pourtant leur principal souci est en fait les bandes armées qu’ils peuvent croiser sur leur route. « Mais comme il n’y en avait pas pendant le tournage, on en a pas parlé » Un documentaire qui va donc jusqu’au bout des choses.

Meilleur Scénario Original :

Albert Dupontel pour 9 Mois Ferme
Philippe Le Guay pour Alceste à Bicyclette
Alain Guiraudie pour L'inconnu du Lac
Asghar Farhadi pour Le Passé
Katell Quillévéré et Mariette Désert pour Suzanne

Alceste à bicyclette, deux vieux qui lisent Le misanthrope, un scénario original ? D’accord, c’était ma pièce de théâtre préférée (j’en ai appris des passages par cœur quand j’avais 14 ans) j’ai apprécié entendre Luchini et Wilson déclamer les vers dans ce film, mais de là à le récompenser… J’adore l’esprit irrévérencieux et déjanté de Dupontel. Son premier long métrage, Bernie, tout comme le misanthrope, a marqué mon adolescence.

Meilleur Film d'Animation :

Aya de Yopougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie
Loulou l'incroyable secret d'Eric Omont
Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill de Marc Boréal et Thibaut Chatel

J’avais des places pour Aya, je n’y suis pas allée. Pour Loulou, je les ai données…

Meilleur Film Etranger :

Alabama Monroe de Félix Van Groeningen
Blue Jasmine de Woody Allen
Django Unchained de Quentin Tarantino
La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino
Gravity d'Alfonso Cuaron
Blancanieves de Pablo Berger
Dead Man Talking de Patrick Ridremont

Je ne l’ai pas vu… Tout comme La grande bellezza et Dead man talking. J’aurais voté pour Blue Jasmine.

Meilleur Espoir Masculin :

Paul Bartel pour Les Petits Princes
Pierre Delalonchamps pour L'inconnu du Lac
Paul Hamy pour Suzanne
Vincent Macaigne pour La Fille du 14 Juillet
Nemo Schiffman pour Elle s'en va

Ils n’ont pas récompensé Macaigne et sa gueule de clodo ? (voir ma critique en lien).

Meilleur Espoir Féminin :

Lou de Lâage dans Jappeloup
Pauline Etienne dans La Religieuse
Adèle Exarchopoulos dans La Vie d'Adèle - chapitre 1 & 2
Gholshifteh Farhani dans Syngué Sabour
Marine Vacth dans Jeune et Jolie

Aucun suspense, on s’y attendait.

Meilleure Musique de Film :

Jorge Arriagada pour Alceste à Bicyclette
Loïk Dury et Christophe 'Disco' Minck pour Casse-tête Chinois
Etienne Chary pour L'écume des Jours
Martin Wheeler pour Michael Kohlhaas
Alexandre Desplat pour La Vénus à la fourrure

La musique récompensée est très belle, vous pouvez l’écouter en lien. Desplat me déçoit depuis Monuments Men et son remake de la 7ème compagnie…

Meilleure Photographie :
Thomas Hardemeier pour L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet
Seule récompense pour le Jeunet. Voir ma critique du film en lien.
Meilleure Adaptation :
Guillaume Gallienne pour Les garçons et Guillaume à Table
Meilleur Montage :
Valérie Deseine pour Les Garçons et Guillaume à Table
Meilleur Son :
Jean-Pierre Duret, Jean Mallet et Mélissa Petitjean pour Michael Kohlhaas
Meilleurs costumes :
Pascaline Chavanne pour Renoir
Meilleurs décors :
Stéphane Rozenbaum pour L'écume des Jours
Meilleur court-métrage :
Avant que de tout perdre de Xavier Legrand

Et vous, que pensez-vous de ce palmarès ?

19/11/2013

Les garçons et Guillaume, à table !

garcons et guillaume affiche.jpgTout est dans le titre. Guillaume Gallienne raconte sa jeunesse, où il se sentait, plutôt on le percevait, différent. Sa mère l’estime plus fragile que ses frères. Pendant que ces derniers partent en voyage sportif et viril, Guillaume est envoyé en Espagne pour apprendre la danse parmi les femmes... Adolescent, sa tante fantasque l’encourage même à sortir avec des hommes pour « tester ». Mais en fait, le veut-il, qui est-il vraiment ?
Comme l’explique le réalisateur, ce film délirant est en fait « un véritable coming out inversé ». Il raconte sa quête d’identité, et comment elle lui a permis de devenir acteur. « Quand j’étais enfant, ma mère disait : « Les garçons et Guillaume ». Ce « et » m’a fait croire que pour rester unique aux yeux de cette maman sans tendresse mais extraordinaire, pour me distinguer de cette masse anonyme qu’étaient les garçons, il ne fallait surtout pas que j’en sois un. J’ai tout fait pour être une fille, donc, et quel meilleur modèle que ma mère ? C’est ainsi que j’ai commencé à jouer, dès que je me suis mis à l’imiter. Comment je suis devenu un acteur en devenant ma mère pour réussir à devenir moi. » Le jeune homme imite parfaitement sa mère, et dans le film, il interprète les deux rôles !

Cette comédie est pour moi la meilleure de l’année. (voir bande annonce en lien). Un véritable Ovni, objet visuel non identifié, grâce à la personnalité hors norme de Guillaume Gallienne. Le film oscille en permanence entre fou rire, absurdité, poésie et drame. Un univers décalé (quand il s’imagine tomber dans la piscine au son de Don’t leave me now de Supertramp, qui me trotte dans la tête depuis), hilarant (quand il refait une scène de Sissi l’impératrice) tragi-comique (quand sa grand-mère confond des mots) et même angoissant (le pensionnat de garçons).
Avec un sujet aussi délicat (la quête d’identité sexuelle), on pourrait basculer dans le vulgaire, mais le film évite avec brio cet écueil. Malgré le sujet très personnel, Gallienne parvient à rester pudique. Le mélange des genres (au sens propre comme au figuré) est un exercice difficile, mais on passe avec facilité du rire aux larmes, de l’émotion à la réflexion, dans un parfait dosage.
L’acteur devenu adulte a atteint le recul nécessaire pour faire rire de ses tracas, percevoir avec lucidité son histoire, ou au contraire la réinventer.

garcons et guillaume, danse.jpgGallienne parvient à nous émouvoir, avec grâce. Même si évidemment on n’a pas vécu la même expérience improbable, Gallienne nous permet de nous identifier à ses doutes existentiels : on a tous eu un jour, à moins d’être sociopathe, l’impression d’être parfois différent, décalé, incompris, mais aussi timide, maladroit et naïf. De rester passif et d’angoisser, mais de s’en sortir grâce à l’humour. Le film est en somme une formidable histoire de résilience.

Pour un premier film, la mise en scène est maîtrisée. Pas de baisse de rythme, les réparties fusent. Gallienne joue un grand dadais qui se pose des questions existentielles, à la Woody Allen, avec un humour qui rappelle Certains l’aiment chaud… On trouve même des références à l’univers d’Almodovar, avec des personnages féminins hauts en couleur.

Le film est aussi une belle rencontre : à l’issue de la séance, Guillaume Gallienne vient nous parler. Tandis que les autres interlocuteurs restent en moyenne une demi-heure, l’acteur bavarde trois fois plus longtemps, et si on ne l'avait pas arrêté, je suis sûre qu’il nous aurait raconté ses anecdotes passionnantes pendant encore des heures…
En arrivant, certainement pour marquer la différence avec son « personnage » et montrer que le film est aussi une fiction, Gallienne parle d’une voix grave et mesurée, avec des gestes retenus. Il nous informe tout de suite, d’un air sérieux et blasé : « Je passe mes journées en promo à parler de ma mère, j’en ai un peu marre de la psychanalyse à la Mireille Dumas… »  mais immédiatement, l’acteur se met à imiter la présentatrice « parlez-moi de votre mère », les rires jaillissent et Gallienne joue son éternel rôle de comique. Très volubile, il répond de bonne grâce aux questions, et finit par se rendre compte « en fait, je fais ma Mireille Dumas ! » On voit bien que même s’il tente de s’en défendre au début, il adore parler de lui et de sa mère.
Au fil de l’entretien, il reprend d’ailleurs les mêmes mimiques, la voix plus aiguë et les gestes plus doux de sa génitrice… troublant. Mais rassurez-vous, Guillaume Gallienne ne sort pas son couteau comme Norman Bates se prenant pour sa mère dans Psychose… Non, l’arme de Gallienne, c’est le rire.

garcons et guillaume, mère.jpgJe ne suis pas la seule à être surprise par ce mimétisme : sa propre famille le confondait avec sa mère. Dans le film, Gallienne interprète les deux personnes. Comme des heures de maquillage étaient nécessaires, il jouait son personnage féminin le matin (avec 4 heures de préparation) et l’après midi le personnage masculin (3h de maquillage) et il restait dans ses rôles : « le matin, l’équipe avait l’impression d’être dirigée par une femme autoritaire de 45 ans, et le soir par un ado de 15 ans abruti et niais ».

Je ne peux m’empêcher de me dire que, sans doute déçue d’avoir déjà deux garçons, sa mère espérait une fille, et qu’elle traite Guillaume (comme) Tell. Est-elle vraiment comme ça ? Tout est vrai ? Comment a-t-elle réagi ? L’acteur répond, d’un air détaché :
« oh très simplement, elle a eu envie de se défenestrer… » La dame a de l’humour et a accueilli le film comme l’hommage qu’il est à sa personne. Le réalisateur précise : « Ce film ne dit évidemment pas « La » vérité mais la mienne. C’est mon histoire. L’histoire subjective d’un acteur. A la recherche des émotions qui l’ont façonné. Peut-on être plus sincère qu’un acteur qui raconte intimement comment il l’est devenu ? »

Comme Guillaume Gallienne, j’étais entourée de frères, mais j’ai vite vu que pour être mieux considérée dans la société, il fallait leur ressembler (mais ça ne me disait rien, c’est tellement mieux d’être une fille). Pour me convoquer aux repas, ma mère ne criait pas mon prénom, mais m’appelait par celui de mes frères, belles sœurs, neveux, et même des chats… Elle citait quatre ou cinq noms avant de trouver le bon (enfin quand elle se rendait compte de son erreur, j’ai pris l’habitude du nom composé à rallonge, et quand on donne mon prénom du premier coup, je suis toujours étonnée « moi ? T’es sûre ? Mais tu veux pas parler au chat plutôt ? »)

Je connaissais Guillaume Gallienne grâce à ses  hilarants « bonus de Guillaume » où il imagine des scènes coupées et les castings de films célèbres. Il est aussi pour moi le personnage le plus intéressant du film Astérix au service de sa majesté.


Vous l'aurez compris, courez voir Guillaume Gallienne au cinéma...