Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/07/2020

Embauchez-moi, vous ne le regretterez pas

gaston indispensable.jpgAvant de trouver ma planque mon job actuel qui me convient bien (faudrait juste supprimer les collègues. Et les clients. Juste me payer pour ma présence quoi) j'ai non seulement été affectée à des postes sans intérêt pour moi (aucune créativité), mais souvent aussi, parfaitement inutiles. La plupart du temps, je jouais le rôle d’intermédiaire entre deux personnes qui auraient pu communiquer directement. Ou je recopiais sur ordinateur des textes techniques incompréhensibles, écrits à la main par des types qui avaient la flemme d’allumer leur PC ou d’apprendre à s’en servir. Ou j’accueillais des gens dans un lieu où personne ne se présentait.

Plus précisément, pour un de ces jobs, je vérifiais des données, et ma vérification était ensuite revérifiée au grade supérieur. 
"j'ai vérifié ce qu'il a fait, c'est bon"
"j'ai vérifié ce qu'elle a vérifié, c'est bon."
Je ne parle pas d'informations d'importances capitales, d'erreur de calcul qui provoquerait une explosion nucléaire et imposerait une double vérification. Non, je vérifiais bien des calculs, mais de notes de frais. Pas les notes de frais du grand président de l'entreprise, celles-ci restaient hautement confidentielles, interdiction formelle de regarder pour les subalternes. (Evidemment, quand j'étais tombée dessus, j'avais bravé l'interdit, fait des clichés comme preuve et tout envoyé au Canard Enchaîné pour dénoncer le scandale. Non je rigole. Je n'avais pas encore d'appareil photo sur le téléphone à l'époque, j'avais "juste" recopié les sommes honteusement exorbitantes à la main et en avait parlé à tout mon entourage).

Je m'occupais simplement du gars en déplacement qui voulait se faire rembourser son pauvre sandwich sncf aussi épais que moi ou Renaud. Effectivement, il faut bien une note comme preuve pour justifier les 6 euros pour un bout de pain de mie industriel agrémenté d'une rondelle de tomate et d'un lardon. Mais deux personnes pour valider un sandwich, c'est inutile. J'ai mis les pieds dans le sandwich le plat d'entrée :
"à quoi on sert si quelqu'un vérifie encore au-dessus de nous ? Ils nous pensent assez cons pour ne pas savoir lire un chiffre ? Faut un référendum auprès de tous les Français pour valider une note à 6 euros ?"

gaston montagne papier.jpgMon collègue qui me présentait fièrement son travail s'est ratatiné. Il m'apprend alors qu'il fait ce job depuis...25 ans et il a l'air de découvrir son inutilité. 25 ans dans le déni à s'imaginer en indispensable maillon de la chaîne, puis une gamine qui n'était même pas née quand il a débuté lui enlève ses illusions, sa joie de vivre dès sa première heure de travail. Il a passé les 6 mois suivants (avant que je parte à la fin de mon contrat en ayant refusé le CDI qu'on me proposait) caché derrière un véritable mur de notes de frais, qu'il ne s'embêtait même plus à vérifier, démoralisé.

Si vous voulez motiver vos troupes, embauchez-moi !
à suivre...

 

 

Rendez-vous sur Hellocoton !

Les commentaires sont fermés.