03/04/2018
Ready player one
2047, la société va mal. La population vit dans des bidonvilles. Pour oublier leur condition, les hommes se réfugient dans un monde virtuel, l'oasis, où ils peuvent être enfin ce qu'ils souhaitent grâce à leur avatar : beaux, forts, courageux, et riches.
Ce dernier rêve pourrait se réaliser dans la vraie vie : à sa mort, le créateur du jeu, Halliday, a caché dans l'oasis un easter egg, un œuf de pâques. Celui qui le trouvera héritera de toute sa fortune, 500 milliards de dollars. Tous les joueurs du monde se lance à la poursuite du butin. Parmi eux, James et son ami Aech, qui ne se connaissent pas dans le monde réel, et Artémis, une rebelle motarde qui veut à tout prix empêcher une multinationale de contrôler le monde virtuel, et ainsi, les humains qui le peuplent.
Halliday qui nous fait une farce en organisant une chasse au trésor pour trouver son héritage : sacré Johnny, c'est donc pour ça que Laura et David n'ont rien eu, ils n'ont pas su décoder tes indices ! Chercher les œufs de pâques, ça tombe bien, c'est ma spécialité comme dirait Yves de Koh lanta. Ma mère sadique les planque toujours sous les plantes qui piquent du jardin, les chardons ou les rosiers, et même si mémé Alzheimer oublie chaque année où elle les a mis (« mais, il manque un poisson ? Et une poule ? ») on finit toujours par les trouver. À minuit sous la pluie à la lampe torche, ou six mois après, moisi et détrempé, par hasard en bêchant le jardin (en jardinant, on déterre aussi des hérissons et des crapauds accoucheurs).
Un truc qui est moins ma spécialité, c'est les jeux vidéos. Mémé pétait les scores à la Game and watch de Donkey kong, le comptage n'allait que jusqu'à 999 et je retournais à 0 jusqu'à 4 fois tellement j'étais forte. Mais cette console date des années 80 et je n'ai plus touché à un jeu vidéo depuis, pas le droit d'en avoir, et après, j'étais trop vieille pour m'y remettre. J'ai réessayé hier avec Heroes of the storm, je n’arrivais même pas à repérer qui était mon personnage, il s'est pris une flèche en moins de 10 secondes, j'ai pas su d'où elle venait.
Les jeux vidéos ne semblent pas non plus être la spécialité de pépé Spielberg, 71 ans. Il fait surtout référence à des jeux des années 80, et pour les jeux actuels, se contente de montrer les personnages célèbres sans exploiter leurs capacités. Enfin c'est ce qu'on m'a dit, car bien sûr mémé n'a pas reconnu les jeux vidéos cités.
En revanche, j'ai bien saisi les références cinématographiques. Le rubik's cube de Zemeckis qui permet de remonter dans le temps, la Delorean de Retour vers le futur...
Pépé Spielberg est aussi beaucoup plus à l'aise avec les références cinéphiles. La meilleure scène du film est celle de l'indice caché dans Shining. On s'y croirait, tout y est, reproduit à la perfection : l'escalier principal, l'ascenseur et son flot de sang, le labyrinthe, la room 237…
Si le réalisateur avait choisi d'envoyer ses personnages dans des films plutôt que des jeux vidéos, Ready player one aurait été parfait, et je rêve d'une suite exploitant cette idée. Je me retrouverais projeter dans l'univers des Miyazaki, je rencontrerais le dieu cerf dans la forêt de princesse Mononoké, je me baladerais dans le château ambulant ou dans le ciel, ou en prenant le chatbus...
Dès les premières images de Ready player one, où le héros traverse la tour de Babel improbable de son bidonville, j'ai été subjuguée par la prouesse hallucinante de la mise en scène virevoltante, et j'ai regretté de ne pas avoir choisi la version 3 D. L'immersion dans ce monde étrange est totale. Autre scène à couper le souffle, celle de la course de voitures pour récupérer le premier indice. Mémé nulle en nouvelles technologies a déjà du mal à jouer à Mario kart, je fonce dans le mur ou le cratère du volcan dès le premier virage, je suis incapable de saisir les objets ou d'éviter les peaux de banane, alors affronter Godzilla et King Kong qui détruisent la route, vous imaginez le carnage.
On peut apprécier Ready player one sans être adepte des jeux vidéos (mes voisins de ciné étaient septuagénaires). Le film plaira surtout si on a gardé son âme d'enfant, ou si l'on a vécu les années 80, décidément à la mode ces temps-ci après Stranger things. J'ai aimé entendre les musiques de l'époque comme le Blue monday de New order, Bruce Springsteen, Tears for tears... J'ai adoré tenter de résoudre les énigmes comme une apprentie détective, et je ne soupçonnais pas les réponses, qui m'ont épatée.
Mais Ready player one reste assez convenu. Les personnages sont caricaturaux : Le héros est un jeune orphelin (classique), un peu réservé, accompagné de son meilleur ami rigolo et culotté (rôle traditionnellement donné aux Noirs dans les films américains). Le jeune homme tombe immanquablement amoureux de la fille, farouche, belle et intrépide. Ils se font aider dans leur quête par deux asiatiques gentils et serviables : les éternels clichés et la famille Benetton déjà à l’œuvre dans le dernier Star wars sont là. Les méchants sont très méchants, égoïstes et ne pensent qu'au pouvoir et à amasser de l'argent (un peu comme les joueurs de l'oasis en fait...) L'inévitable bataille finale m'a semblé longue et classique (tous ensemble contre les méchants) la fin et l'histoire d'amour sont encore plus convenues.
Je regrette surtout les imprécisions sur la société de 2047. Pourquoi le monde s'est t-il transformé en bidonville ? Guerre, crise financière, désastre écologique ? Tout le monde semble jouer, partout, en permanence, dans les rues, chez soi : plus personne ne travaille ? Il aurait été pertinent de développer le monde réel également. Dans une suite peut-être ?
Le message du film est simpliste : le monde virtuel, c'est bien, mais la réalité, c'est encore mieux, alors parlez-vous dans la vraie vie plutôt, aidez-vous et aimez-vous les uns les autres au lieu de vous renfermer sur vous-mêmes. Le film ne remet pas en cause le monde virtuel et ne propose pas vraiment de changer la société dans le monde réel. Non, il propose juste une pause : deux jours de relâche où le jeu vidéo n'est plus accessible.
J'ai grandement apprécié de retrouver Simon Pegg, auteur et acteur de l'une de mes comédies cultes, Shaun of the dead. Je trouve que Olivia Cooke, la jeune actrice qui joue Artemis est le sosie de Rose Byrne en plus jeune. Je rêvais que son avatar dont le héros est amoureux soit en réalité un mec de 80 balais, mais bien sûr, on est dans un film : la vraie fille est encore plus jolie que son personnage. Seule une anodine tache de naissance sur la joue la complexe, et elle demande à James lorsqu'elle le rencontre : « ça ne te dérange pas ? » Euh, et elle, ça ne l'ennuie pas que la gueule du mec ressemble à une patate et qu'il soit dix fois plus laid que son avatar ? (Tye Sheridan, qui a plus le physique d'un boxeur écrasé par les coups que d'un jeune premier aux traits délicats). La fille doit être jolie, mais l'homme, c'est secondaire…
Malgré ses clichés, Ready player one est un très bon divertissement que je vous conseille.
16:58 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, spielberg | | Facebook
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