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16/08/2015

Quiz on connaît le film comique : les citations d'Audiard

cinéma, cinéma français, michel audiard, gabin, belmondo, lino ventura, les tontons flingueurs 6) Quelle réplique n’est pas signée Audiard ?

a) « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. »
b) « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent »
c) « Dis-toi bien que si quelque chose devait me manquer, ce ne serait plus le vin, ce serait l'ivresse »
d) « C’est cruellement fatiguant d’être intelligent. - Je sais pas. Faudra que j’essaie. »

Réponse d) Le dîner de cons de Francis Veber (pour changer)
a ) Lino Ventura dans Les Tontons flingueurs, de Georges Lautner, 1963. 
b) Belmondo dans 100 000 dollars au soleil, de Henri Verneuil, 1964.
c) Gabin dans Un singe en hiver d’Henri Verneuil, 1962. Voir les extraits en lien ci-dessus.

cinéma, cinéma français, michel audiard, gabin, belmondo, lino ventura, les tontons flingueurs Des thématiques chères à Audiard reviennent dans ces trois films : les cons, la beuverie, les vengeances entre mecs qui ne se laissent pas faire. Une source inépuisable de citations qu’on peut donc sortir tous les jours au travail, lieu de médisance où les collègues parlent surtout pour se plaindre, des autres employés (tous nuls), des clients (tous des cons) et du patron (très méchant).
Je cite toujours du Audiard avec mes collègues qui ronchonnent. Ces blagues détendent l’ambiance en mettant tout le monde d’accord, avec des répliques connues de tous (comme ça, même les plus incultes se sentent ragaillardis : « ah oui ! c’est quel film déjà ? »)

Pour l’éloge de l’alcool chez Audiard, j’espère tout de même que vous n’avez pas l’occasion de sortir ces phrases quotidiennement... Quoique cette semaine, j’ai dû passer à l’étage des chefs (comme dans Métropolis, plus on est haut gradé, plus on monte dans l’immeuble. Je bosse donc avec les gueux dans un sous-sol sans fenêtre). Je les ai surpris en train de « prendre un pot » :
- M’enfin ! Qu’est-ce que c’est que ces façons de picoler au boulot ? (je parle bien à mes supérieurs moi)
- On fête un anniversaire ! Viens prendre un verre avec nous ! (tiens, l’alcool fait tutoyer…) En fait c’était déjà hier mais on n’avait pas fini les bouteilles !
- Un non-anniversaire quoi, tout est prétexte pour s’amuser.
- Exactement, t’as tout compris ! Mais t’avais pas remarqué qu’il y avait des pots au moins 2-3 fois par semaine ? Surtout les gâteaux ! Grognasse en amène tous les matins puisque son mari travaille dans une boulangerie.
- On ne m’a jamais rien proposé. Mais ça ne fait qu’un an que je travaille ici hein…
- Il te plaît l’alcool ? C’est du Spritz
- Ah oui le truc à la mode.  « on se risque sur le bizarre…vous avez sorti le vitriol » je goûte « faut reconnaître, c’est du brutal. Je lui trouve un goût de pomme »

Quelques citations pour mettre l’ambiance au boulot, briller ou clouer le bec aux collègues :

Les tontons flingueurs et les cons :

cinéma, cinéma français, michel audiard, gabin, belmondo, lino ventura, les tontons flingueurs « Mais il connaît pas Raoul ! Il va avoir un réveil pénible. J'ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter que le sang coule... Mais maintenant c'est fini, je vais le travailler en férocité, le faire marcher à coups de latte !  A ma pogne je veux le voir. Et je vous promets qu'il demandera pardon !  Et au garde-à-vous ! »

« Il est complètement fou ce mec ! Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance et une sévère... Je vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m'en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile ! »

« Il dort le gros con ? Bah il dormira encore mieux quand il aura pris ça dans la gueule ! Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban. Je vais le renvoyer tout droit à la maison mère... Au terminus des prétentieux. »

« Patricia, mon petit... Je ne voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier. L'homme de la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois, mais la vérité m'oblige à te le dire : ton Antoine commence à me les briser menues ! »

100 000 dollars au soleil et les patrons :

cinéma, cinéma français, michel audiard, gabin, belmondo, lino ventura, les tontons flingueurs Dans ce film, Belmondo, Ventura et Blier travaillent dans une entreprise de transport routier, pour un directeur aux méthodes douteuses. Un nouvel employé se voit charger de conduire un mystérieux colis de 100 000 dollars à travers le Sahara. Les collègues partent à ses trousses…

Le patron : « Veinard, tu vas connaître ce que c'est qu'une famille. Parce que chez le père Casta, y a pas de chauffeurs, y a pas de patron. Y a une grande famille. Chez nous, jamais d'histoires, jamais de grèves. Les syndicats, connais pas. Quand un chauffeur veut un congé ou de l'augmentation, il vient me trouver, je l'écoute et je le vire. » 

« Encore un mot. Sur 2 000 kilomètres de piste, on m'appelle la Betterave, à cause de mon diabète. Dans mon garage, surtout quand je suis là, on m'appelle plutôt patron. C'est même recommandé… »

Un employé : « J'ai été assez con, c'est exact, pour me faire voler mon camion. Tu me vires, c'est régulier. Mais t'aurais pu faire ça poliment grosse lope ! »

Un singe en hiver et l’ivresse :

cinéma, cinéma français, michel audiard, gabin, belmondo, lino ventura, les tontons flingueurs Gabin est un ancien alcoolique tenant un hôtel dans un coin paumé. Un soir, il voit arriver un jeune homme, Belmondo, dans un état d’ébriété avancée… Le film est tiré du roman d’Antoine Blondin, lui-même porté sur la bouteille : il faisait réellement la corrida avec les voitures comme le fait Bébel dans l’histoire, et ses amis changeaient de trottoir en le voyant, de peur qu'il ne les entraîne dans un bar…

« Si je buvais moins, je serais un autre homme, et j'y tiens pas ! »

D’où vient le titre énigmatique du film ? Gabin l’explique à la fille de Belmondo dans la dernière scène : 
« En Chine, quand les grands froids arrivent, dans toutes les rues des villes, on trouve des tas de petits singes égarés sans père ni mère. On ne sait pas s'ils sont venus là par curiosité ou bien par peur de l'hiver, mais comme tous les gens là-bas croient que même les singes ont une âme, ils donnent tout ce qu'ils ont pour qu'on les ramène dans leur forêt, pour qu'ils trouvent leurs habitudes, leurs amis. C'est pour ça qu'on trouve des trains pleins de petits singes qui remontent vers la jungle. 
La petite : - Dis papa, tu crois qu'il en a vu des singes en hiver ?
Bébel : -  Je pense qu'il en a vu au moins un. »

« Ecoute ma bonne Suzanne t’es une épouse modèle. Mais si, t’as que des qualités, et physiquement t’es restée comme je pouvais l’espérer. C’est le bonheur rangé dans une armoire. Et tu vois, même si c’était à refaire, et ben je crois que je t’épouserais de nouveau. Mais tu m’emmerdes…
- Albert !
- Tu m’emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour… mais TU M’EM-MER-DES ! J’ai pas encore les pieds dans le trou mais ça vient Bon Dieu, tu te rends pas compte que ça vient ?! Et plus ça vient, plus je m’aperçois que j’ai pas eu ma ration d’imprévus. Et j’en redemande, t’entends, j’en redemande !
- L’imprévu ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
- Aaah… rien, c’est des idées d’un autre monde…
- Parce que si ça te manquait tellement, si t’y pensais trop, tu pourrais reprendre un peu de vin au repas, un demi-verre ?
- Un demi-verre… dis-toi bien que si quelque chose devait me manquer, ce serait plus le vin, ce serait l’ivresse. »

Gabin : « Ah parce que tu mélanges tout ça, toi ! Mon Espagnol comme tu dis et le père Bardasse. Les Grands Ducs et les Bois-sans-soif !
Le barman : - Les grands ducs !
- Oui, monsieur ! Les princes de la cuite, les seigneurs ! Ceux avec qui tu buvais le coup dans le temps et qui ont toujours fait verre à part ! Dis-toi bien que tes clients et toi, ils vous laissent à vos putasseries, les seigneurs : ils sont à cent mille verres de vous ! Eux, ils tutoient les anges !
- Excuse-moi, mais nous-autres on est encore capable de tenir le litre sans se prendre pour Dieu le Père !
- Mais c'est bien ce que je vous reproche ! Vous avez le vin petit et la cuite mesquine. Dans le fond, vous ne méritez pas de boire ! Tu te demandes pourquoi il picole l'Espagnol ? C'est pour essayer d'oublier les pignoufs comme vous ! »

Pour votre santé, consommez de l’alcool avec modération, mais regardez à volonté les films d’Audiard.

 

25/11/2013

La rubrique nécrologique de la semaine : Georges Lautner

lautner.jpgVendredi, je décide de ne pas allumer l’ordi. Comme un jour de repos loin de l’écran. Je rate donc l’annonce sur Twitter, qui sait toujours tout en premier. Ce qui me permet en général de téléphoner à mon frère pour lui faire deviner le dernier décès de célébrité, comme je l’ai déjà raconté ici pour Claude Miller. Une sorte de jeu qui pourrait paraître d’humour noir, mais qui est en fait un hommage pudique. Au lieu de s’exclamer de but en blanc avec tristesse : « Georges Lautner est mort » on annonce d’abord « T’as vu qui est mort ? » L’autre se prépare à recevoir une mauvaise nouvelle. Puis on amène l’information avec douceur, en citant les œuvres les plus connues et appréciées de la personne décédée.

Mais cette fois-ci, j’apprends le décès brusquement. Samedi, tout en mangeant mon riz cantonnais, je regarde d’un œil distrait le journal de Victor Robert sur Canal+, à midi 45. Et là, en toute fin, il annonce, comme si ce n’était rien « Il était l’un des grands réalisateurs
Ma fourchette pleine de riz suspend sa trajectoire (et vous heures propices, suspendez votre cours) :      - Oh non ! Qui ?
Et là je vois des images des Tontons flingueurs. Je n’entends même plus le commentaire du journaliste, mon couvert retombe dans l’assiette, déversant des petits pois partout.
Faut reconnaître, c’est du brutal.
Devant partir soudainement, je n’ai ni le temps d’écrire ma rubrique nécrologique, ni de téléphoner à mon frère. J’envoie simplement un texto avec la phrase rituelle « T’as vu qui est mort ? » et je reçois en réponse un laconique « oui. » Inutile d’en dire plus. Aucune citation d’Audiard ne peut décrire notre sentiment. « On naît, on vit, on trépasse… C’est comme ça pour tout le monde. »

tontons flingueurs.jpgMort d’un pourri ? Non. Comme Lautner ne peut « faire son panégyrique lui-même », je le fais à sa place. C’est parfois assez édifiant et souvent assez drôle, car il m'arrive de m'attribuer des mots qui sont en général d'Alphonse Allais et des aventures puisées dans La Vie des Hommes illustres.

Georges Lautner est décédé vendredi 22 novembre, à l’âge de 87 ans, des suites « d’une longue maladie » (en général, on nomme ainsi le cancer, comme s’il était honteux). Il était le fils d’une comédienne (qui apparaîtra dans plusieurs de ses films) et d’un aviateur. Son père meurt dans un accident lors d’un meeting aérien, en 1938, alors que Georges n’a que 12 ans : « Là, j'ai commencé à comprendre que la vie, ce n'était pas ce qu'on lisait dans les bouquins d'enfant. C'était vraiment le premier choc dégueulasse, la première épreuve qui m'a toujours marquée…»

Pourtant, comme beaucoup, Lautner se remet de ses blessures grâce à l’humour et l’art : le cinéma, en particulier les comédies policières populaires. Trop timide pour être acteur, il réalise son premier film en 1958, La môme aux boutons. Son plus grand succès, Les tontons flingueurs, sort en salles cinq ans plus tard.
Devenu culte au fil des années, il est vivement critiqué par la presse spécialisée lors de sa sortie : « Je n'ai jamais compris pourquoi ce film avait marché. La critique était contre nous. C'est sorti, à l'époque, dans quatre salles à Paris. Ça n'a pas été un triomphe ».
En effet, Les tontons flingueurs est réalisé en pleine période de la nouvelle vague. La comédie populaire franchouillarde, les gangsters miteux ne sont pas au goût de la presse intellectuelle élitiste. Lautner le réalisateur et son fidèle acolyte Audiard le dialoguiste souffrent beaucoup du manque de reconnaissance de leurs pairs. Mais « la bave du crapaud n’empêche pas la caravane de passer ». Et « l'idéal quand on veut être admiré, c'est d'être mort. »

D'accord, d'accord, je dis pas qu'à la fin de sa vie Jo Le Trembleur il avait pas un peu baissé. Mais n'empêche que pendant les années terribles, sous l'occup', il butait à tout va. Les tontons
Flingueurs quoi ! Aujourd’hui, 50 ans après la sortie de ce film culte, seuls Venantino Venantini (83 ans) et Claude Rich (84 ans) sont encore vivants… (le chat noir va encore porter la poisse…)

il etait une fois un flic.jpgMalgré le rejet des critiques de cinéma, le public plébiscite les films de Lautner, mettant en scène les acteurs les plus illustres : Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche (Les tontons flingueurs) Gabin (Le pacha), Delon (Mort d’un pourri), Belmondo (Flic ou voyou), Jean Yanne (Laisse aller, c’est une valse), et comme actrice, le plus souvent Mireille Darc.
Les films de Lautner restent célèbres pour les personnages, aussi pittoresques du premier au dernier rôle, mais surtout grâce aux dialogues de Michel Audiard, dont chacun en connaît au moins une paire… Certaines bandes originales deviennent aussi célèbres, comme Chi mai d’Ennio Morricone dans Le professionnel. (Je l'avais sur une cassette et je prononçais le titre comme il s'écrit en français.) Je me souviens toujours de cette dernière scène, où Belmondo se dirige vers l’hélicoptère… Malheureusement je me rappelle aussi du chien qui court dans la pub qui reprend la chanson... Lautner fait appel aux plus grands compositeurs de musique de films, comme Philippe Sarde (Les choses de la vie, Le locataire) pour La valise par exemple. Même si les films du cinéaste ne font pas dans la dentelle, ils ont jalonné mon enfance, lorsque je regardais les films populaires de Ciné dimanche et son générique plein de promesses de cinéma…

valise marielle.jpgParmi mes préférés, je citerai le moins connu Il était une fois un flic, avec Mireille Darc et Michel Constantin, mais l'acteur le plus drôle est le gamin ! Les dialogues sont cette fois-ci de Francis Veber. J'aime beaucoup aussi La valise,  avec mon chouchou la plus belle voix du monde Jean-Pierre Marielle. Sur la fin de sa carrière, Lautner a délaissé les comédies, avec par exemple en 1988 La maison assassinée avec Patriiick Bruel, qui avait beaucoup marqué l’enfant que j’étais. Son dernier film date de 1992, L’inconnu dans la maison, une adaptation de Simenon, avec Bébel dans le rôle titre.

La télévision rend hommage à George Lautner, en diffusant ce soir, Ne nous fâchons pas, puis Le guignolo sur HD1, et Laisse aller c’est une valse sur Paris première.

Georges Lautner sera enterré dans sa ville natale, Nice.
Oh, dans le fond, y'a pas de quoi pleurer ! Il revient tout simplement à Saint-Denis, Albert. Il revient après un grand tour inutile, c'est tout. Il va enfin pouvoir se reposer de toutes ses singeries, de toutes ses fatigues, chez lui, là, tout près de la Seine. Autrefois, avant que le béton vienne manger l'herbe, c'est là qu'on regardait passer les bateaux, tous les deux. On jouait à faire semblant de croire qu'elles allaient à Shanghai, les péniches, ou qu'elles passaient sous le pont de San Francisco. Et lui, Albert, il a dû continuer longtemps à faire semblant d’y croire. À croire des trucs, des machins. C'est peut-être bien à cause de ça qu'il est mort…

Et vous, quel est votre film de Lautner préféré, votre citation d’Audiard favorite ?

Quiz On connaît le film, avec des citations d'Audiard à retrouver dans le texte...


Une filmographie sélective de George Lautner, réalisateur de 42 films :

pacha.jpg1961 : Le Septième Juré
1963 : Les Tontons flingueurs
1964 : Les Barbouzes
1966 : Ne nous fâchons pas
1968 : Le pacha
1970 : Laisse aller... c'est une valse
1971 : Il était une fois un flic
1972 : Quelques messieurs trop tranquilles
1973 : La valise
1974 : Les Seins de glace
1977 : Mort d’un pourri
1979 : Flic ou Voyou
1980 : Le Guignolo
1981 : Le Professionnel
1984 : Joyeuses Pâques
1985 : La Cage aux folles 3
1986 : La vie dissolue de Gérard Floque
1988 : La Maison assassinée
1992 : L'inconnu dans la maison