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02/10/2015

Tatie Danielle, fin

tatie danielle neveu.jpgJe somnole sur la chaise longue quand ma nièce vient me voir et demande avec sa petite voix :
« Tu veux jouer avec moi ?
Enthousiasme débordant : - Super… je suppose que tu ne sais pas encore jouer à Mario kart à 3 ans ?
- On fait la clé de saint Georges ! »
Gros retour en arrière car on m’invitait parfois à y jouer dans la cour de récré, quand il manquait quelqu’un. Mais on me donnait rarement la clé (mal aimé, je suis le mal aimé). Exclusion réparée aujourd’hui :

La petite aligne consciencieusement ses peluches en cercle.
« Ok… si je comprends bien ni Lapinou ni le bisounours (hé ! mais c’est mon gros taquin !) ne vont se lever pour ramasser la clé, donc c’est moi qui vais me la coltiner.
Ma nièce chante en tournant autour des peluches et moi :
« Je porte, je porte, la clé de saint Georges
- Déjà, c’est quoi cette histoire de clé ? Saint Georges a terrassé le dragon, mais la bestiole était enfermée dans sa chambre ou quoi ? Ou bien Saint Georges est une cité ? Répondez, les Français veulent savoir !
- Quand je l’aurais assez portée, je la laisserai tomber
- Ah ben bravo, on te confie une chose importante puis tu t’en débarrasses.
- Au pied d’un rocher
- Bah merci, je ne suis pas une pierre !
- Ne regardez pas le renard qui passe, mais regardez-le quand il est passé !
- C’est quand même n’importe quoi cette histoire, elle ne veut rien dire.
- Ohé matelots, regardez derrière votre dos !
- Qu’est-ce que des matelots viennent faire dans la combine ? Ils n’y étaient pas dans ma version ! Je proteste !

Ma nièce court comme une dératée.
- Ah oui, faut que je regarde. Qui va avoir la clé derrière son dos ? Quel suspense… oh c’est moi ! Je ne m’y attendais pas dis-donc ! Faut que je coure aussi ?!
Courir en rond a fait tourner la tête à mémé. Après trois tournées de bière :
- Je suis épuisée. C’est plus de mon âge tes trucs. Si on proposait à mamie ? Je suis sûre qu’elle va adorer !
- Oh oui, mamie ! »
C’est comme ça que je réussis à me faire remplacer par une vieille dame de 75 ans et que je peux retourner pioncer sur ma chaise longue.

Mais le répit est de courte durée. Je commence à m’endormir, bercée par le doux bruit de la rivière qui coule… Mais ma nièce se met à chanter en boucle le fameux air horripilant, tous les jeunes parents sont passés par là :
- Libérée ! Délivrée !
- Je vais te bâillonner, tu vas voir si t’es libérée…
- C’est décidé je m’en vais
- Oh oui ! merci !!
- Libérée, délivrée !
- Tu ne connais pas les paroles en plus… tu ne veux pas chanter autre chose plutôt ?
- Je voudrais un bonhomme de neige...
- Tu ne vas pas me faire tout le film ? T’as rien d’autre à ton répertoire, d’un peu mieux ? Je sais pas, les Beatles par exemple ? Puis tes parents seront contents, ils sont fans et tu parleras anglais. Il doit bien y avoir des chansons faciles à apprendre pour une enfant de trois ans…
- Libérée, délivrée
- Répète après moi : Helter skelter ! (je mime la guitare électrique)

La petite me regarde étonnée puis s’en va, attirée par un papillon.
- Comment ça, t’aimes pas les Beatles ? T’es sûre que tu fais partie de la famille ? Tant pis, pour une fois que j’étais motivée pour jouer avec toi ! »

J’exagère bien sûr, j’écris ce que j’ai pensé, pas ce que j’ai vraiment dit, je ne suis pas tatie Danielle… Puis ma nièce aime les Beatles et chante Got to get you into my life en yaourt, comme je faisais à son âge ! La relève est assurée : dans 5 ans je l’accompagne à son premier concert de McCartney !

 

 

30/09/2015

Tatie Danielle, suite

tatie danielle grimace.jpgComme tous les enfants, ma nièce pose beaucoup de questions auxquelles je n’ai pas les réponses, mais mon neveu qui sait tout peut les lui donner. (voir en lien le billet sur lui)
Nièce : «  C’est quoi ça ?
Moi : - Ben, une bestiole.
Neveu : - Non, c’est un gastéruption à javelot. Je l’ai lu dans mon livre sur les insectes.
Nièce : - C’est quoi ça ?
Moi : - Demande à ton frère… »

Celui-ci s’est empressé de lui raconter les « choses de la vie ».
J’emmène ma nièce avec moi au marché. Chaque semaine, on achète des légumes bio chez la marchande, qui se penche toujours vers ma nièce pour lui faire des « gouzi-gouzi » :
« Alors ma petite, qu’est-ce que tu racontes de beau aujourd’hui ?
Nièce, d’un ton assuré :
- Eh ben moi, j’ai une zézette !! Et elle soulève fièrement sa robe pour le prouver.
Regard consterné de la vendeuse. Et des 12 000 passants qui s’arrêtent pour observer le spectacle.
- C’est mon frère qui me l’a dit ! »

Une semaine plus tard, rebelote.
« Alors ma petite, qu’est-ce que tu racontes de beau aujourd’hui ?
- Eh ben moi, je dis des gros mots !
Fermière, rigolant : - Oh oh, et tu dis quoi alors ? (elle doit s’attendre à des expressions gentillettes, ou à un classique « merde » qui aurait été prononcé malencontreusement devant l’enfant.)
Ma nièce, toujours très fière, et très fort, avec sa voix enfantine, regardant droit dans les yeux la vendeuse :
- Sale pétasse !!!

Le monde s’arrête de tourner un instant, le temps qu’un ange passe et que la marchande, moi, et les 12 000 clients restent pétrifiés sur place. J'imite Jacques Martin pour dégeler l’atmosphère :
« Les enfants sont formidables ! Ah là là! Je me demande où elle a appris ça…
- C’est mon frère qui me l’a dit ! »

La fermière et les 12 000 autres ne sourient pas du tout, eux, et me regardent d’un air désapprobateur (quelle mal élevée ! c’est un scandale ! ah les jeunes, aucun respect !) J’ai songé à abandonner ma nièce sur place :
« Cet enfant ? Non, connais pas, jamais vu. Je l’ai trouvé qui errait toute seule, alors je l’ai gardée avec moi pour qu’il ne lui arrive rien, je me suis dévouée… mais attendez je vous la laisse, je vais chercher plus loin les parents… non je vous assure, c’est pas la mienne ! On n’a pas le même sang ! La preuve, elle est blonde aux yeux bleus, vous voyez bien, rien à voir ! (et là je plante l’enfant et elle hurle comme dans le film « j’ai perdu ma tatie !!! » voir extrait en lien)

Intérieurement, j’avais envie de rire et même de féliciter ma nièce :
«  T’as bien raison, 2,5 euros le kilo de carottes, nan mais pour qui elle se prend ! »

Suite et fin demain

 

 

08/04/2009

Le compas dans l'oeil (ter)

pirate oeil.jpgComme « il faut surtout pas que l’œil s’infecte », je dois mettre un bandeau. Comme un pirate. Très seyant. J’appréhende la réaction des gens, mais je ne peux pas rester enfermée. Surtout que le frigo est vide. Et manger, c’est sacré, je l’ai déjà dit.

Je fais à peine trois mètres dans la rue, je croise un gamin de cinq ans avec son père. Il écarquille les yeux, horrifié, a un mouvement de recul, puis crie « aaaaaaah !!!! papaaaaaaaa !!!! » et part en courant se réfugier dans les jupes, euh, les jambes de son père. J’avoue que mon côté sadique sourit en imaginant tous ces gamins cauchemarder avec Freddy l’œil de la nuit....

Je rentre dans le supermarché. Les parents ne réagissent pas mais les enfants s’arrêtent net.

Et là j’entend leur réflexions : « elle a l’œil crevée la dame ? » « Il pend au bout d’un fil ? » « Pourquoi y a pas de sang ? »

M’enfin qu’est ce que c’est que ces gosses ? Ils sont encore plus gores que moi ! Moi qui les imaginais trembler sur mon passage…Y en a même qui rigolent !

Parce qu’en fait, se diriger avec un seul œil, c’est vachement dur. Je ne vois pas sur les côtés et n’apprécie pas les distances. Je rentre donc dans tous les rayons, en poussant des petits « aïe », « ouille », « pardon ». (Oui, parce que le mur, je peux lui faire mal aussi.). Ca va, j’ai rien renversé, mais j’ai bien fait rire les mômes.

Le problème du bandeau s’est surtout révélé le lundi au boulot, où les gamins sont beaucoup plus nombreux que dans un supermarché. Inlassablement, tous les jours pendant deux mois, ils me poseront TOUS, LES 250, LES UNS APRES LES AUTRES la même question : « Qu’est ce que vous avez madame ? » jusqu’à ce que j’en chope un pour faire une démonstration et lui mettre un plastique dans l’œil et puis…ah non, ça c’est dans mes rêves.

Deux minutes après mon arrivée dans la cour, j’ai déjà un attroupement de 50 gosses autour de moi, dont trois CP qui se mettent carrément à chialer. Du coup, pour engueuler les terreurs du préau qui d’habitude ne se laissent pas impressionner, le bandeau effrayant se montre très utile. En revanche, comme je vois mal, c’est pratique pour surveiller la récré. Je peux prouver que dire « je me place à cet endroit car j’embrasse la cour d’un seul coup d’œil » est une expression totalement fausse :

« Madame, y’a Léa elle est tombée !
- Où ? Ah, sous le préau ! Je surveille que le côté droit moi ! »

J’ai encore plein d’autres anecdotes, mais trois posts sur un œil qui finalement est guéri, ça suffit comme ça hein.

Donc voilà, tout ça pour constater qu’avoir qu’un œil, c’est le pied.