20/02/2020
Ennemis intimes
Filmé par le cinéaste, les rapports entre fascination/répulsion, amour et haine liant le réalisateur Werner Herzog et son acteur fétiche Klaus Kinski.
Ce dernier m'a toujours mise très mal à l'aise. Ce type me répugnait, déjà il était hideux, parfait pour le rôle de Nosferatu, mais il me dérangeait surtout par sa personnalité qui transperçait dans ses rôles. Je ne me suis pas trompée. Il était effectivement aussi agressif et mégalo que ses personnages. Il admettait sa pédophilie (enfin, il appelle ça dans son autobiographie "avoir un penchant pour les mineures".) Sa fille Pola a révélé qu'il avait abusé d'elle de ses 5 à 19 ans. Quant à l'actrice Nastassja, elle a admis des attouchements et que les colères de son père la terrifiaient. Il me semble significatif qu'elle ait entretenu une liaison à 15 ans avec Roman Polanski, lui-même accusé d'agressions sur mineures, et tourné sous son autorité Tess à 17 ans, un rôle de fille violée...
Le documentaire n'évoque pas le sujet, uniquement l'attitude de Klaus Kinski sur les tournages, et rien que ça méritait qu'on l'enferme dans un asile. L'acteur poussait d'énormes colères et était violent, comme dans cet extrait où il manque de fendre le crâne d'un figurant. Les tensions sont exacerbées par les conditions de tournage en pleine jungle pour Aguirre la colère de Dieu (ou plutôt de Kinski qui se prend pour un dieu).
Herzog explique que l'acteur ne supportait pas de ne pas être au centre de l'attention. Par exemple, alors qu'il défriche la forêt pour les besoins du tournage, un Indien se fait piquer par un serpent. ll n'a que 20 secondes pour réagir avant que le venin ne l'empoisonne. Le gars n'hésite pas, il se tronçonne le pied. L'équipe entoure le brave mutilé, et Kinski, vexé de ne plus accaparer les regards, trouve que c'est le bon moment pour taper un scandale parce que... son café est trop froid. Il réitère ses crises d'enfant-roi lorsque six personnes de l'équipe ont un accident d'avion et donc que l'intérêt est détourné de sa divine personne. On le voit insulter, menacer de tuer les techniciens, pendant que les autres restent impassibles, habitués, attendant que l'orage passe. Outrés par son comportement, les Indiens qui doivent le frapper pour une scène, le font réellement (c'est assez jouissif à voir).
On se demande comment le réalisateur a pu poursuivre sa relation avec Kinski et en faire son acteur fétiche. Ce n'était pas un génie irremplaçable, il aurait pu s'en débarrasser facilement pendant les tournages : "Rapproche-toi du bord oui, voilà comme ça on te voit bien ! Ah flûte, il est tombé !" "On tourne ! Non Klaus, ne touche pas le serpent, ce n'est pas un jouet ! Coupez ! Mais non la caméra, pas sa main !" etc.
18:06 Publié dans On connaît le documentaire, On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, documentaires | | Facebook
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