23/02/2015
Les victoires de la musique, Souchon et moi
Aux dernières victoires de la musique, Souchon et Voulzy ont remporté le prix du meilleur album.
Alain Souchon… Soussou comme je l’appelais quand j’étais petite. Mon chouchou avec McCartney et Polnareff. Je l’écoutais sur ma petite radio cassette. Et lui, contrairement aux Beatles que je chantais en yaourt, je comprenais ce qu’il disait. Trop petite, je ne saisissais pas toutes les références, mais je ressentais bien la nostalgie de l’auteur. J’aimais son côté fragile et enfantin, son langage familier, ses onomatopées, sa voix douce.
J’appréciais ses propos mélancoliques sur des vies ratées, des amours contrariées, de gamin mal dans sa peau. Pas vraiment idéales pour une enfant. « J’ai 10 ans, je vais à l’école et j’entends de belles paroles » :
- « Je suis mal en campagne, et mal en ville, peut-être un petit peu trop fragile… »
- « Elle me dit que je pleure tout le temps, que je suis comme un tout petit enfant, qu’aime plus ses jeux sa vie sa maman, que je suis carrément méchant, jamais content. »
- « Petit enfant, pas bonne mine, tout le monde après lui : qu’est-ce qu’il va nous faire, docteur, avocat d’affaires, quand il aura fini d’être un petit enfant tout petit ? »
Petite, en écoutant Souchon, je pensais : Ce sera ça la vie d’adulte? Subir un boulot qu’on n’aime pas ? Perdre ses rêves et espoirs de jeunesse ?
- « Tu la voyais pas comme ça frérot, doucement ta vie t’a mis K.O. T’avais 8 ans quand tu te voyais, et ce rêve-là, on l’a tous fait. »
- « Le temps d’un gin et d’un film à la télé, on se retrouve à 28 balais avec dans le cœur plus rien pour s’émouvoir, alors pourquoi pas s’asseoir ?»
- « Je te suis pas dans cette galère, ta vie tu peux pas la refaire… »
- « Tous ces petits moments magiques de notre existence, qu’on met dans des sacs plastiques et puis qu’on balance »
- « Je voudrais que tout revienne alors que tout est passé, et je chante à perdre haleine que je n’ai que des regrets. »
- « Est-ce que c’est long ou court la vie, est-ce que c’est con ou lourd? Écoutez d’où ma peine vient. »
Je craignais : Ce sera ça la vie, souffrir des déceptions sentimentales ?
Rester avec quelqu’un qu’on n’aime plus, par habitude et peur de la solitude?
- « Tiens même, v’la qu’on se dit qu’on s’aime, mais c’est que de la crème, de la pommade rose pour cacher les choses du petit plaisir, pour pas tout seul dormir. »
- « Est-ce qu’on peut ravoir à l’eau de javel des sentiments, la blancheur qu’on croyait éternelle avant ? »
- « Est-ce que tu m’aimeras encore dans cette petite mort ? »
Ce sera ça la vie, être quitté par l’être aimé ? Pour quelqu’un d’autre ?
- « Quand elle enlevait sa main de ma main, ses yeux de mes yeux, ça me faisait souffrir »
- « Sous mon pull-over pas tranquille, ça fait boum-boum, c’est pas docile. Elle est partie faire du voilier, avec ce grand crétin frisé »
- « Comme elle est partie, Jim a les nerfs. Jimmy t’es fort, mais tu pleures sur le cuir de ta Chrysler »
- Si tout est moyen, si la vie est un film de rien, ce passage-là était vraiment bien. Elle est repartie, un air lassé de reine alanguie, dans l’Audi de son mari, oh, son mari… »
- « Les filles dans nos cœurs font des travaux d’aménagement, souvent au marteau-piqueur, et sans ménagement. Si vous voyiez dans ma poitrine le chantier, il se peut que par déprime, comme moi vous chantiez »
Etre adulte, c’est subir sans broncher ?
- « Mouton mouton, soumis docile et sans rébellion, bêê bêê, je suivrai, tout ce qui vous plaît me plaît. »
- « On nous inflige des désirs qui nous affligent, on nous prend faut pas déconner dès qu’on est nés pour des cons alors qu’on est des foules sentimentales, avec soif d’idéal, attirées par les étoiles les voiles, que des choses pas commerciales. »
- La boîte a coulé mais « pouce », on va se la couler douce, la pilule on va se la dorer, j’ai le parachute « chut ! » doré.
Alors, c’est ça la vie ?
J’ai vu Souchon en concert au Trianon l’année dernière. Très bien. Il a proposé une interprétation plus moderne de la ballade de Jim. Mais si il a joué Somerset Maugham et Quand je serai K.O, il n’a pas interprété Le bagad de Lann Bihoué et celle que je chantais tout le temps quand j’étais petite, Rame :
« Rame, rame, rameurs, ramez
On n’avance à rien dans ce canoë
Là-haut, on te mène en bateau
Tu pourras jamais tout quitter, t’en aller, tais-toi et rame. »
Aujourd’hui, je la chante toujours, je la vis même souvent, au sens propre et au figuré. Je l’ai en tête trois fois par semaine à la salle de sport en faisant du…rameur. Avec les épaules que je me tape maintenant, vous pouvez me rebaptiser Raoul le déménageur, je vous porte une armoire à glace avec le petit doigt.
J’évoque principalement les premiers albums de Souchon, car je les écoutais enfant, le moment où on est le plus sensible et réceptif, marqué à vie. Mais j’aime aussi les chansons plus récentes. J’ai offert à noël à mon frère le dernier album avec Voulzy. En voici les paroles qui résument bien la discographie de Souchon :
« Là, derrière nos voix, est-ce que l’on voit nos cœurs et les tourments à l’intérieur, ou seulement « la la la ». Entendez-vous dans les mélodies, derrière les mots, derrière nos voix, les sentiments, les pleurs, les envies qu’on ne peut pas dire ? »
Quiz On connaît la chanson : retrouvez les titres des chansons citées dans ce texte. Il en comporte 22, vous en connaissez forcément quelques-uns. Réponses bientôt avec les liens vers les chansons.
Demain, enfin, le palmarès des Victoires de la musique.
12:00 Publié dans On connaît la chanson | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : chanson française, alain souchon | | Facebook
Commentaires
Je m'exclue de ce jeu, car tu sais que mes goûts musicaux sont à l'opposé des tiens. Mais j'aime bien te lire, j'ai lu ton amour pour le Mac - c'est touchant mais malheureusement tu ne réussiras pas à me convertir (et Polnareff, encore moins!).
Pour Souchon, à part le "maman, allô bobo" pas de souvenirs de lui quand j'étais enfant. Et Voulzy, je préfère Voulzy à Souchon mais bon je n'ai jamais acheté leurs albums. Donc pour le quizz, tu me pardonnes.
En tout cas, c'est super de défendre ainsi ses chouchous !
Écrit par : Electra | 23/02/2015
J'aime énormément Souchon et sa mélancolie, et comme lui j'ai l'impression que grandir c'est subir, c'est accepter une certaine médiocrité des sentiments et des principes. Mais ça peut aussi être autre chose, si on garde cette part d'enfance en nous :)
Vive Souchon !
Écrit par : Océane | 23/02/2015
Electra : je le sais bien, j'ai pensé à toi en écrivant, avec un petit espoir quand même de te convertir à quelques chansons... ;-)
Écrit par : Papillote | 24/02/2015
Océane : comme c'est bien dit, tu résumes parfaitement l’esprit Souchon ! J'ai gardé mes rêves de jeunesse, je ne suis pas encore résignée, et j'espère ne jamais l'être ;-)
Écrit par : Papillote | 24/02/2015
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