22/10/2014
Gaston reprend le travail
Après plus d’un an de chômage, j’ai donc fini par retrouver un boulot. En CDD naturellement. (Pour moi un CDI désigne la bibliothèque du lycée).
La première question qui s’est posée à moi est bien évidemment :
- Quand puis-je poser des congés ?
Mais je ne suis pas inconsciente, pour ne pas me faire repérer comme la Gastonne Lagaffe de service, je n’ai pas posé la question à mon chef dès le premier jour.
J’ai attendu le lendemain. Je sais bien me comporter en société quand même.
Puis j’ai profité qu’un collègue (en CDI depuis 14 ans et n’étant pas parti en vacances depuis 11 mois) en parle : « Pour la Toussaint, j’emmène ma mère se recueillir sur la tombe de mon père dans notre village natal. C’est pas loin, on ira en train…. »
Chacun prend la mine grave de contenance. Je souris malgré moi parce que la gouaille du gars me rappelle Jean Gabin. Je revois l’acteur dans Un singe en hiver, qui prend lui aussi le train chaque année pour visiter la tombe de son père, ses seules vacances (c’est d’un gai).
Moi (sur un ton innocent, voix plus aiguë et joviale) : « - Ah ben justement, comment on fait si on veut poser des jours de congés ? (C’est juste sa phrase qui m’y fait penser, je ne cogite pas du tout là-dessus depuis que j’ai commencé le boulot, c’est-à dire exactement 7h23, que le temps passe lentement, plus que 1692 heures de travail à subir)
Regard consterné de l’assistance : comment ose-t-elle troubler ce moment grave, de recueillement !
Moi (sentant trop tard que j’ai encore fait une bourde) – « Nan parce que… (Comment rattraper le coup ? Jouer sur l’émotion aussi ?) C’est vrai que c’est la Toussaint quoi…
Soudain intérêt du chef : - Ah bon ? Tu as aussi perdu des proches ?
Je pense : « évidemment ! Non j’ai encore mon arrière arrière grand-père qui était canut, il me racontait encore pas plus tard que la semaine dernière comment il a fracassé son métier à tisser sur la tête de son patron pendant la révolte de 1831, haha, sacré Jojo.»
Gênée, je n’ose pas utiliser cette corde sensible qui pourrait pourtant m’être utile. Je suis pudique moi, et l’humour est mon arme préférée comme je l’ai dit ici.
Je pense encore : « Bien sûr que j’ai perdu des proches ! Mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs, whoh ooh, ce serait le bonheur… » Non, on va attendre de mieux connaître les collègues avant d’utiliser l’humour noir (j’essaierai demain).
La vérité est que je ne sais même plus où sont les tombes, il y en a tellement. Puis les cimetières sont tellement grands, les stèles se ressemblent toutes. Peuvent pas en faire une rose fluo, suivie d’une jaune poussin, et les nôtres avec des enseignes clignotantes « vous êtes ici » (enfin, plutôt « ils sont ici », pas envie de les rejoindre six pieds sous terre). Ca permettrait de se repérer. Puis les couleurs, comme les immeubles de Notting Hill ou de Camdem Town, c’est quand même plus gai. (Ou sinon, on peut customiser les tombes ?)
Peuvent pas aussi tous se faire enterrer dans le même caveau, plutôt que « je veux être enterré là où je suis né » « là où j’ai vécu » « avec ma femme, l’amour de ma vie » (moi je veux être enterrée avec mon chat de ma photo de profil, dans le jardin sous le rhododendron). Nan, côté paternel, maternel, belle-doche, vlan, tous dans le même panier, c’est quand même plus pratique. Mais non.
Donc à la question, je réponds simplement, sans mentir :
- C’est juste que je rentre voir ma famille à chaque vacance scolaire.
Apparemment ce n’est pas une raison suffisante pour me donner des jours de congés. Le chef s’esclaffe :
« Les congés, tu peux rêver, t’en auras pas pendant un an, toute ta durée de travail. T’es vacataire, t’es là pour bosser quand les autres ne veulent pas le faire.
Moi : - mais j’en ai à Noël quand même ?! Les autres entreprises où j’ai bossé fermaient automatiquement pendant une semaine voire 15 jours à cette période.
Il rigole de plus belle : - Ouais ! T’auras ton 25 décembre quoi ! Mais tu pointeras dès le 26.
Je ne peux plus retenir mes réflexions : « - Nan mais noël quoi ! Et le 24 surtout, c’est mon anniversaire ! C’est sacré ! »
Jamais, jamais, une papillote ne travaillera le jour de son anniversaire ! Ce serait renier toute son essence ! Puis faut que je décore le sapin, que j’emballe les cadeaux, que je mange ma bûche, que je fasse de la luge, j’ai du vrai boulot à faire moi !
J’ai donc pris le jour même mes billets de train pour noël. 6 jours.
Et pour la Toussaint aussi.
Je ne l’ai encore pas annoncé au chef. J’attends un peu (par exemple, la fin de ma période d’essai…)
Le travail, c'est la santé
Rien faire, c'est la conserver
Les prisonnier du boulot
Ne font pas de vieux os
Ils bossent 11 mois pour les vacances
Mais sont crevés quand elles commencent
Un mois plus tard ils sont costauds
Mais faut reprendre le boulot
Quiz On connaît la chanson, deux chansons à retrouver dans le texte. Qui en sont les auteurs ?
21:11 Publié dans Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : travail, gaston lagaffe est mon idole | | Facebook
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