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23/08/2014

Des lendemains qui chantent (et on chante avec eux)

lendemains casta.jpg21 avril 2002 : Léon (Pio Marmaï) hésite dans l’isoloir : pour qui voter ? Il se remémore les 20 dernières années, là où tout a commencé : l’élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981. A cette époque, Léon et son frère Olivier (Gaspard Proust) sont étudiants à Saint-Etienne et pleins d'idéaux. Ils croient au changement. Ils rencontrent Noémie (Laetitia Casta) pour laquelle Léon a un coup de foudre. Mais la belle part sur Paris suivre une brillante carrière, et Léon n’ose pas la retenir.
Quelques années plus tard, la vie est moins rose (socialiste) : Léon, journaliste, a gardé ses principes, mais ses rédacteurs en chef ne veulent pas de ses articles polémiques (sur Bernard Tapie) et lui proposent des sujets consensuels (« Tu t’y connais en littérature ? Tu dois faire le portrait de BHL. – C’est quoi le rapport entre les deux ? ») Olivier est devenu un communicant cynique, qui pense d’abord à l’argent. Leur ami Sylvain (hilarant Ramzy) a fait fortune dans le minitel rose. Noémie, conseillère présidentielle, hésite entre les deux frères… Leur père (André Dussolier) ancien syndicaliste d’une usine qui a fermé, ne croit plus en rien, et suit avec inquiétude le parcours de ses deux fils. (voir bande annonce ci-dessous)

lendemains, elections.jpgJ’ai eu un gros coup de cœur pour Des lendemains qui chantent. J’adore les films qui suivent le destin de personnages sur une longue période, qui résument une époque, ancrés dans la réalité. Il est rare qu’en France, un film traite des années 80-90, en parlant de politique, et associant la grande Histoire à la petite. Le film m’a rappelé Né en 68 dans lequel joue déjà Laetitia Casta, mais aussi Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana, film que j’adore. On sent vraiment l’influence des comédies italiennes, avec cette volonté de montrer le destin de personnages, leurs espoirs et désillusions

En regardant le film, je me suis souvenue avec émotion des moments phares de la France de cette période : l’annonce à la TV des résultats des élections de 2002, la victoire à la coupe du monde de 1998, mais aussi certaines publicités emblématiques, la déco et les vêtements de l’époque, les tics de langage, le Minitel… Le côté Madeleine de (Gaspard) Proust m’a beaucoup plu.

Les journalistes sont moins enthousiastes que moi. Evidemment le film ne va pas au fond des sujets politiques, il est d’abord une comédie, très pertinente. Peut-être aussi que ces reporters n’ont pas apprécié la critique hilarante de certains journaux, qui sont carrément nommés. Les scènes où Léon passe des entretiens d'embauches avec différents rédacteurs en chef sont tordantes, avec un illuminé qui trouve des sujets d’articles partout, ou une Anne Brochet excellente en directrice superficielle qui parle anglais parce que c’est « branché ». (regardez l’extrait en lien). Ils peuvent paraître caricaturaux, mais j’en ai connu des comme ça, et des pires, la réalité dépasse toujours la fiction…

Des lendemains qui chantent utilisent des images d’archives qui donnent les meilleurs moments du film, preuves implacables, en montrant ce que l’époque était réellement. Si vous étiez trop jeunes pour connaître ces années-là, ou si le côté politique vous rebute, sachez qu’ils ne forment qu’une toile de fond : le film traite avant tout de thèmes généraux qui parlent à tout le monde : s’engager ou non, en amour comme au travail, la vie qui défile et nous change… Comme l’explique le réalisateur Nicolas Castro : « Qui a raison, celui qui choisit de rester fidèle à ses idéaux au risque de stagner, ou celui qui accepte de faire des concessions ? »
Certains changements apportés par la politique Mitterrand dans ses deux premières années au pouvoir, « les lendemains qui chantent » selon les personnages, ne sont d’ailleurs évoqués que dans une seule phrase de dialogue, oui, une seule  (qui cite la cinquième semaine de congés payés, la retraite à 60 ans et la création de l’impôt sur la fortune.) Donc le film de Fidel Nicolas Castro n’est pas vraiment politique. 

Des lendemains qui chantent est également touchant, avec des scènes justes et pudiques, d’occasions manquées, d’amour non exprimé  : entre un père et son fils, entre un homme et une femme, entre deux frères rivaux… Les acteurs sont parfaits.

Étonnamment, Gaspard Proust révèle dans le dossier de presse que « Nicolas Castro m’avait d’abord approché pour le rôle de Léon, mais ça ne marchait pas très bien » Tu m’étonnes !!! 
« C’est un personnage très cynique
- Vous trouvez ? je ne le trouve au contraire ni très méchant ni très froid (…) Je suis toujours étonné par la douceur que je dégage à l’écran. »
On reconnaît bien là Gaspard Proust ! Et ses réflexions très noires qu’ils déclament dans Salut les Terriens, l’émission de Thierry Ardisson (dont les interviews parlant de vie privée et sexuelle sont critiquées dans le film, voir en lien).
L’humoriste voit son personnage ainsi : « Olivier est un type qui souffre d’un défaut très commun : il est égoïste et pense que la réussite passe par le statut social, l’élévation professionnelle et l’abondance matérielle. Il y a une certaine lucidité à s’avouer qu’on n’est peut-être pas capable de réussir dans un domaine plus intime »
Quant au personnage de Ramzy, Nicolas Castro « trouvait amusant de montrer comment l’industrie du sexe s’est à chaque fois emparée des innovations technologiques. Elle est la 1ère à avoir gagné de l’argent avec les VHS, la 1ère à s’installer sur le créneau du minitel, la 1ère sur internet. Cela dit des choses sur l’époque. » (voir en lien)

Petit bémol : pour moi l’affiche du film est ratée et le dessert : elle fait niaise et sonne faux. J’ai peur que le public se fie à cette première impression et n’aille pas voir le film, qui pourtant mérite vraiment d’être vu. J’espère au moins qu’il est bien distribué dans les salles de cinémas… Pas comme Libre et assoupi. Plusieurs lecteurs m’ont rapporté que, encouragés par ma critique enthousiaste, ils ont voulu voir le film, mais qu’il n’est resté qu’une semaine à l’affiche à Lyon, capitale du cinéma, ou n’a même pas été diffusé dans certaines régions ! Quel dommage !

Alors, allez vite voir Des lendemains qui chantent avant qu'il ne soit plus sur vos écrans...

 

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Commentaires

Il a l'air vraiment super sympa ce film !

Au fait, tu sais que je n'ai pas pu aller voir Libre et assoupi alors que j'avais gagné la place grâce à toi... Pas resté assez longtemps à l'affiche :-(

Écrit par : Rock and Tea | 23/08/2014

Rock and tea : oui je te le conseille vivement, et vas-y vite avant qu'il ne soit plus à l'affiche...
donc pour Libre et assoupi, sur mes 5 gagnants, 3 ont pas pu le voir ! un car le film était pas diffusé dans sa région, l'autre a pas reçu sa place, et toi car il est pas resté assez longtemps en salles !

Écrit par : Papillote | 24/08/2014

Ca a a l'air très bien! Pas sûre qu'il passe près de chez moi, ni que je puisse me libérer de mes 2 petiots pour aller le voir, malheureusement!

Écrit par : M* | 24/08/2014

M* : dommage...

Écrit par : Papillote | 25/08/2014

Désolée... Ca doit pas te donner envie de refaire gagner des places... :-(

Écrit par : Rock and Tea | 27/08/2014

J étais jeunette lors de l'élection de Mitterrand en 81 et je dois avouer que le film m a fait prendre conscience de toutes les attentes qu'il portait sur ses épaules et de la déception d'un peuple qui misait tout sur lui! Bref moi qui ne suis pas adepte de politique j'ai trouvé qu'ici c était amené finement et avec beaucoup d'humour et de la légèreté qu'il manque souvent dans ce monde si particulier!

Écrit par : céline | 04/09/2014

Rock and Tea : si quand même, enfin j'attends qu'on m'en propose, et pour un film qui me plaît vraiment.

Céline : Merci pour ton retour positif !

Écrit par : Papillote | 05/09/2014

Les commentaires sont fermés.