22/11/2008
Le métier de journaliste
Avant, quand on me demandait pourquoi je voulais faire journaliste, je répondais « parce que j’aime bien écrire ». Maintenant, après mes petites expériences dans le domaine, je réponds : « parce que j’aime bien être payée très cher pour interviewer des célébrités, recevoir des quantités inimaginables de cadeaux et manger du foie gras tous les jours. » Non, j’exagère. Parfois on n’a que des petits fours. On m’a même raconté pire (enfin, mieux), mais j’ose espérer que c’est pas partout pareil. Ca a l’air d’être une vie de rêve, mais moi ça m’a plutôt dégoûtée. Pas tous les avantages cités bien sûr. Plutôt ce qui en découle.
Et oui, si le journal reçoit des cadeaux, ceux qui les envoient ne le font pas par bonté d’âme. Ils espèrent que les journalistes vont parler de leurs produits et nous harcèlent pour qu’on le fasse. Or, ces produits financent la plupart des journaux. Donc on ne critique pas les annonceurs qui nous paient. Canal + a diffusé un reportage là-dessus dans l’excellente émission « Faites passer l’info ». Ca parlait des magazines féminins, qui sont si ma mémoire est exacte financés à 60 % par la pub de cosmétiques. Vous imaginez l’indépendance des journaux… Je peux confirmer par une de mes incroyables aventures inexistantes.
Par exemple, on est en hiver, il fait moins 15. Logique, on prépare le numéro de l’été. On reçoit d’ailleurs une bonne trentaine de crèmes solaires. Bon ben, on va s’en servir, on fait un sujet sur : « combattre les coups de soleil, les nouveaux produits ». Comme tous les autres journaux quoi. On doit sélectionner cinq crèmes. Sur les cinq, trois sont prises d’office, même si elles sont moins bien, moins innovantes et plus chères. Parce que les laboratoires qui les commercialisent paient pour être dans notre journal.
Je découvre une crème cool, d’un petit nom nouveau, indépendant, bio, sans conservateurs, bref, cool. Ben non, la rédac chef ne l’a retient pas, y a plus de place. Dans les magazines féminins, les dossiers font cinq pages dont deux de photos et de pub. Ca ne laisse pas beaucoup de choix pour l’écriture.
Après, on est censé tester les produits. Vous savez, les fameux « le + et le - », qui vous décident pour un produit ou l’autre (perso, ce qui me convainc, c’est le prix bas). On se partage les crèmes entre filles, puis après on donne notre avis :
Moi : « ben… c’est bien ?
L’experte :-oui, mais la crème est fluide, collante, onctueuse, elle pénètre bien, elle sent bon ?
Moi : Euh… ouais ?
L’experte : - oui quoi ?
Moi : Elle colle peut être, mais, euh, elle pénètre bien
L’experte : -Non c’est pas possible elle peut pas faire les deux !
Moi : Ah ! Ben t’as qu’à mettre qu’elle colle alors »
Ce magnifique test sera retranscrit au final dans le magazine par :
« Les + : une crème fraîche qui fait une peau de pêche» « le - : son odeur est un peu forte » Cherchez les 7 différences…
Une prochaine fois si vous êtes sages, je continuerai mon épopée dans le monde merveilleux du journalisme.
17:57 Publié dans Parfois, je travaille | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : journalisme, magazines féminins, pubs, test, crème solaire | | Facebook