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09/12/2012

Télé Gaucho

télé gaucho.jpgMichel Leclerc, réalisateur du Nom des gens, césar du meilleur scénario original 2011, sort son deuxième film ce mercredi. Si vous avez aimé le premier, vous aimerez forcément Télé Gaucho, car il souffle le même vent de folie et de liberté.
Dans les années 90, Victor, un jeune homme rêveur et cinéphile, étouffe dans un cocon familial étriqué. Il remporte un jeu télévisé et rencontre ainsi la star de la chaîne (Emmanuelle Béart), qui anime une sorte de C’est mon choix. Il obtient un stage dans cette émission. Parallèlement, il intègre une bande de joyeux anarchistes, qui bidouillent leur propre chaîne aux idées radicalement opposées, une télé associative et provocatrice, Télé gaucho… (voir bande annonce en lien).

Le film est en grande partie autobiographique, car le réalisateur évoque son expérience au sein de Télé bocal. Michel Leclerc intègre des images d’archives de la télé associative, et reprend les rubriques déjantées qu’il animait : « ces objets qui nous font chier » et « avant, moi je croyais ». Tout le monde peut participer à télé gaucho, du moment qu’il a des idées et « qu’elles ne sont pas de droite » (« la mode, c’est de droite »). Les apprentis journalistes interrogent les habitants du quartier sur leur mode de vie où sur des questions d’actualité, filment des manifestations (où ils se font régulièrement tabasser) puis diffusent leurs séquences le soir dans leur local-squat de banlieue, où chacun est invité à faire la fête. Il règne au sein de cette équipe un esprit loufoque et libre, avec une bonne humeur, une volonté d’agir et de créer très communicatives.
Comme l’explique le réalisateur, « L’ambiance de Télé gaucho est proche des années 70 : l’amour, la politique, la liberté… à la différence près que dans les années 90, l’ennemi à abattre n’était plus vraiment le pouvoir politique, mais la télé commerciale qui commençait à incarner le pouvoir absolu. »

sara forestier.jpgLe film est également autobiographique à travers l’histoire d’amour entre le héros et une fille complètement barrée, judicieusement interprétée par Sara Forestier. Cette romance était déjà racontée dans le court métrage du réalisateur, Le poteau rose, ici en lien. Les profs nous l’avaient montré à la fac, et parmi les dizaines de courts métrages vus, c’est celui qui se démarquait le plus.
Je le trouvais très novateur pour l’époque, poétique, à la fois drôle et mélancolique, très personnel (Leclerc dévoile sa vie la plus intime) mais aussi universel (moi aussi à l’époque j’écoutais L’album Le phare de Yann Tiersen, avec la chanson La rupture ! mais je préférais celle qui est restée mon hymne, Monochrome). Télégaucho est selon son réalisateur « une sorte de gros making-of du Poteau rose ».

Télé gaucho s’attache au personnage de Victor, incarné par Félix Moati, « fils de » Serge. Le héros est « un jeune homme confronté à ses idéaux, à ses ambitions artistiques, à ses premières amours (...) à travers lui, le film pose la question de savoir comment concilier idéalisme et ambition : jusqu’à quel point faut-il renoncer à ses idéaux sans pour autant devenir un cynique ? ».
Mais Télé gaucho est aussi un film de groupe : « J’ai toujours été fasciné par les films de groupe, comme Le péril jeune ou Nous nous sommes tant aimés (je l’adore !), qui racontent l’histoire de trois ou quatre copains sur plusieurs années et qui mêlent la politique, la passion amoureuse et le passage à l’âge adulte. » Le film soutient la comparaison avec ses aînés.

tele gaucho maiwenn.JPGLes personnages sont remarquablement travaillés. « Le mot-clé pour moi, c’est la contradiction ou l’ambiguïté chez chacun. » Eric Elmosnino (césar du meilleur acteur pour Gainsbourg, vie héroïque) campe un chef charismatique, drôle et fédérateur, mais aussi escroc et colérique. Maïwenn est une pasionaria que personne ne prend au sérieux. Elle devait incarner au départ Baya, l’héroïne du Nom des gens, finalement jouée par Sara Forestier. Cette dernière reprend dans Télé gaucho un rôle de fille exubérante assez similaire à celui du Nom des gens, pour lequel elle avait remporté le césar de la meilleure actrice. Emmanuelle Béart, pourtant engagée dans la vie réelle à gauche et en faveur des sans-papiers, joue un personnage cynique à l’opposé.
tele-gaucho-emmanuelle-beart.jpgMais si le film est engagé, il évite cependant d’asséner un message et d’être donneur de leçons. Comme dans Le nom des gens, chaque personnage en prend pour son grade. « Maïwenn explique que peu importe que Patricia (Béart) soit sympa ou pas, elle représente l’ennemie et il faut donc l’abattre. A l’inverse, Victor dit qu’elle risque de se faire virer. J’aime le militantisme et l’engagement politique, mais il y a des limites à la désignation de l’ennemi. »

Le nom des gens évoquait librement l’histoire de Baya, le vrai nom de la compagne du réalisateur, jugée sur son origine (mais la véritable Baya ne couche pas avec les mecs de droite pour les convertir à sa cause !) Télé gaucho raconte la première grande histoire d’amour de Michel Leclerc. Comme Baya supportait mal la comparaison, (voir le film qu’elle en a fait en lien) je me demande comment elle a réagi à Télé gaucho !

Et maintenant, petit quiz On connaît le film, pourriez-vous travailler à la télé, en répondant à la question comme l’a fait le personnage : « Dans le film Le corniaud, quel est le nom du diamant caché dans le klaxon de la voiture de Bourvil ? »