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16/10/2012

Les documentaires de la semaine : Les moissons du futur, Global gâchis...

global gachis.jpgCe soir sur Arte, le nouveau film de Marie Monique Robin. La journaliste poursuit toujours des enquêtes très pertinentes. Pour une fois, je ne classerai pas Les moissons du futur  dans le genre « documentaire qui donne envie de se réfugier dans une grotte », car celui-ci offre des solutions. Après les terrifiants et implacables « Le monde selon Monsanto » sur les OGM, et « Notre poison quotidien » sur le bisphénol A dans les aliments, la journaliste explique comment l’on peut nourrir toute la planète sans polluer et en respectant les exploitants, grâce à l’agroécologie. Pour ceux qui ne possèdent pas de télé comme Le chat masqué, le documentaire est disponible en DVD et un livre en est tiré.
France 5 fait bêtement concurrence à ce documentaire en diffusant à la même heure, « OGM, vers une alerte mondiale ? » développant la fameuse étude menée récemment sur des souris nourries aux OGM pendant 2 ans : Leur nourriture quotidienne comportait au moins 11% de maïs génétiquement modifié. Chez les femelles, la mortalité a été 2 à 3 fois plus élevée et plus rapide que dans les groupes nourris sans OGM.
Mercredi, Canal + reprend sensiblement le même thème que Marie Monique Robin, en diffusant « Global gâchis, le scandale mondial du gaspillage alimentaire ». Un tiers de la nourriture est jetée, car les légumes ne présentent pas la bonne forme, la bonne couleur, la date de péremption est mal précisée… « En France, la grande distribution et les commerces offrent 180 % de la quantité de nourriture dont la population a véritablement besoin. Les Français jettent en moyenne 7 kg d’aliments encore emballés chaque année » (sources : Télérama et « La grande (sur) bouffe de Bruno Lhoste)

Le documentaire propose des alternatives, comme redistribuer les produits non utilisés.
Samedi à Paris, les animateurs de Canal + offraient gratuitement 5000 currys cuisinés avec des ingrédients tout à fait comestibles, mais bêtement destinés à la poubelle. Contrairement à ma consoeur de Chômage mode d’emploi qui a osé braver la pluie, j’ai raté l’occasion de voir Antoine de Caunes me tendre une assiette, car ce week-end c’était la fête à la grenouille, mon hibernation a débuté plus tôt que prévue. A la place du Curry avec Antoine de Caunes, j’ai boulotté une tablette de chocolat à 75 %, réfugiée sous deux couvertures,  et j’ai regardé les 4 films de canal + cinéma à la suite (Mon pire cauchemar avec Benoît Poelvoorde que j’adore, Un été glacial brûlant, L’exercice de l’état et Carnage de Polanski). Dommage, mais les chats détestent sortir sous la pluie, c’est bien connu.

Lorsque je bossais dans une école, j’étais très énervée par le gaspillage à la cantine (30 à 40 % des repas y finissent à la benne selon Télérama). Les gamins touchaient à peine leur assiette, et contrairement à la légende, toutes les cantines ne sont pas forcément dégueulasses, avec parfois de vrais cuisiniers qui ne se contentent pas d’ouvrir des boîtes ou des sachets surgelés. Je ne pouvais pas forcer les gosses à manger, attachés à leur chaise un entonnoir dans le bec, mais je leur faisais les gros yeux revolver en leur demandant de « goûter avant de dire que tu n’aimes pas, si tu manges rien dans une heure quand tu seras en classe t’auras faim et tu seras obligé d’attendre la sortie » (les gamins avalaient sans broncher) (on m’appelle la mère fouettarde).
Beaucoup d’enfants ne touchaient pas les fromage emballés sous vide et les fruits. Je les récupérais ensuite pour les redistribuer aux gosses estomac sur pattes comme moi, qui me regardaient ensuite comme la mère noël « oh une clémentine, merci madame! » (ce qui change du père fouettard).

Un jour, une cantinière vient me voir :
« On n’a pas le droit, c’est interdit !
- Ben pourquoi ?
-Pour des questions d’hygiène !
- Attends, c’est des oranges et des bananes là, ils vont pas manger la peau ! Et tu parles d’une hygiène, on pioche nos couverts et nos tranches de pain dans des bacs communs, les autres ne disent même pas aux gamins de se laver les mains avant de manger, c’est dégueulasse ! Je suis tout le temps malade depuis que je bosse ici. (et je ne l’ai plus été dès que j’ai quitté l’école, je n’ai pas vu mon médecin traitant depuis deux ans).
- C’est interdit.
- Bon alors, si je n’ai pas le droit de redistribuer la bouffe, je la garde pour moi !
- Ah non, ça c’est du vol. Un ex employé a été renvoyé pour ça. »
J’ai bravé cet interdit stupide.

Lutter contre le gaspillage est aussi une question de bon sens. J’ai souvent vu des cantinières servir des énormes louches d’épinards aux gamins, alors que tout le monde sait qu’ils détestent ça en général. Même moi j’avais du mal à finir mon assiette copieusement garnie (mais l’estomac sur pattes a toujours tout mangé ! j’ai dû souffrir de la faim dans une vie antérieure). Ensuite, comme les cantinières avaient mal calculé la quantité de nourriture, le cuisinier était obligé d’en refaire, et en attendant la cuisson, la file d’attente s’éternisait dans la cantine, les gamins se chamaillaient en entamant des duels à la fourchette… tout cela pour des épinards qui finissaient tout de même à la poubelle.

Autre documentaire, jeudi, Arte nous montrera peut-être si l’on peut voyager dans le temps comme dans les livres de mes chouchous Philip K.Dick ou HG Wells, avec « La magie du cosmos, l’illusion du temps ».

Mercredi, autre témoignage indispensable de la semaine, Arte rediffuse à 23 h si vous l’avez raté la première fois « Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde ». Edifiant, mais il fait plutôt partie des « documentaires qui donnent envie de se réfugier dans une grotte ». Ou d’agir ?