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06/07/2014

A la télé cette semaine : Alexandre le bienheureux, Le château de ma mère, Loulou...

télé, cinéma, chanson française, Renaud, William ShellerCette semaine, quelques grammes de finesse dans un monde de brutes, un vent de liberté et de vacances souffle sur nos télés. Avec pour commencer ce soir sur HD1, Alexandre le bienheureux, parfait manifeste de la philosophie de vie papillotienne :
Philippe Noiret ♥ trime chaque jour comme un forçat dans la ferme de sa femme, une horrible mégère autoritaire. Lorsque cette dernière meurt brutalement, Alexandre décide de se reposer et de profiter enfin de la vie : il flâne dans la campagne avec son chien, prend le temps d’observer les oiseaux et la beauté du monde qui l’entoure… Mais les autres paysans ne l’entendent pas de cette oreille : il faut travailler ! Branle-bas de combat dans le village où Alexandre fait des émules. Face aux attaques, il mène le siège… depuis son lit !

Le désir de retrouver l’insouciance et la liberté de l’enfance, son innocence, son goût pour la flânerie et la nature se retrouvent dans la plupart des films du réalisateur,  Yves Robert : La guerre des boutons, La gloire de mon père... Cet hymne à la liberté est sorti sur les écrans un an avant 1968, et on y sent les prémices de la rébellion.  Oui au droit à la paresse ! Sois feignant, tu vivras content comme Alexandre le bienheureux. (J’ajoute tout de même que je cherche toujours un travail pas trop compliqué : je n’ai plus droit au chômage dans 15 jours. Si je ne trouve pas d’ici là, sans ressources, je me verrai contrainte de faire comme Alexandre : repartir à la cambrousse et me nourrir des légumes du jardin et des poissons de la rivière. Ou je ferai moi aussi la grève : je ne quitterai plus mon lit et n’écrirai plus tant que j’aurai pas de boulot, na.)

télé, cinéma, chanson française, Renaud, William ShellerLundi, autre film d’Yves Robert sur la même chaîne : Le château de ma mère, suite et fin de l’enfance de Marcel Pagnol. Le sort des différents protagonistes est très émouvant : la fin de l’innocence de l’enfance et le retour au monde de brutes des adultes pour certains : la guerre de 14. La musique de Vladimir Cosma, La valse d'Augustine, est sublime et j’avais la gorge serrée lors du concert, avec 75 musiciens qui reprenaient la chanson… (voir en lien)

télé, cinéma, chanson française, Renaud, William ShellerEncore un film sur l’enfance sur NT1, Billy Elliot. Dans les années 80, des mineurs pauvres font grève contre le gouvernement Thatcher. Un jeune garçon s’oppose à cet univers de violence virile, en quittant ses cours de boxe imposés par son père pour apprendre en secret la danse classique… Depuis, le jeune Jamie Bell qui tient le rôle-titre a bien grandi (il a aujourd’hui 28 ans). Il  a joué entre autres dans L’aigle de la 9ème légion, Jane Eyre et Snowpiercer.

Sur Arte, on quitte le monde de l’enfance et des rêves pour une dure réalité, avec une violence verbale et psychologique habituelle chez Maurice Pilat (A nos amours) : Dans Loulou, le réalisateur et sa scénariste (Arlette Langmann, la sœur de Claude Berri) s’inspirent de leur propre histoire : la femme bourgeoise (incarnée par Isabelle Huppert) quitte son mari (Guy Marchand/Pialat) pour Depardieu, un petit voyou. Pialat avouera lui-même que réaliser ce film était « un truc de maso ! »

Loulou/ Depardieu, chansonnite aigue oblige, me fait penser à la chanson éponyme de Renaud :
télé, cinéma, chanson française, Renaud, William Sheller« Tu sais que t'as un peu la gueule à James Dean
Celle qu'il aurait eu s'il avait pas été beau
T'es bâti comme une armoire de cuisine
Le cœur dans le tiroir, tout près du couteau
Lorsque je vois se pointer dans mon horizon
Ta carcasse immense de grand chien paumé
Je dis : « tiens v´la Loulou, la fleur du baston
V´la la bête humaine, v´la l´autre allumé
Je dis "Salut Georges", t'aimes pas tellement ça
Tu veux qu'on t’appelle de ton surnom de voyou
Celui que t'as été quand t'étais moins gras
Un peu plus jeune, et moins con surtout… »

Loulou me rappelle aussi La chanson de William Sheller, chanteur que j’adore, pour ses textes littéraires, sa voix et sa musique mélancoliques :
« Et toi qui vis toujours dans ton imaginaire
Toi qui te promènes partout l'air abattu
ce serait bien que tu comprennes maintenant qu’il n’ y a plus rien à faire
que tu retrouves  un jour ou l'autre ta raison perdue :
Loulou ne t'aime plus… »

Mardi, France 5 propose une série documentaire sur des personnes qui, comme Alexandre le bienheureux, ont décidé de tout quitter pour retrouver leur liberté : « Vivre loin du monde ». Ce soir, une famille vit au rythme de la nature dans une yourte en Alaska.
Je vous rappelle que d’ici 15 jours, mémé va faire pareil : j’irai vivre dans mon trou perdu sans Internet.

Demain, suite des films de la semaine
Et vous, appréciez-vous ces films et chansons ?

01/07/2014

A la télé ce soir : Marius par Daniel Auteuil

marius-fanny affiche.pngCe soir, Canal+ programme le premier volet de la trilogie de Pagnol. Sur le Vieux Port de Marseille, dans les années 30, Marius et Fanny s’aiment depuis leur plus tendre enfance, sans oser se le dire. Panisse, leur aîné de 30 ans, riche marchand de voiles, souhaite épouser Fanny, la pauvre marchande de coquillages. Cet évènement révèle enfin les sentiments de Marius, jaloux, et pousse les jeunes amoureux dans les bras l’un de l’autre. Tout irait pour le mieux si Fanny n’avait pas elle aussi une rivale, indomptable celle-ci : la mer…  Le romanesque Marius rêve de découvrir des terres lointaines et exotiques, voir ailleurs si l’herbe n’est pas plus verte, ou plutôt l’eau plus bleue. Ceci signifierait quitter son destin tout tracé : quitter son père, César, ne pas reprendre le bar familial, où se réunit tout ce petit monde, et bien sûr quitter Fanny…

cinéma,cinéma français,pagnol,daniel auteuil,marius et fannyJe ne résume pas le deuxième film, Fanny, car je révélerais le choix des personnages à la fin du premier opus. Même si ceci n’est pas le plus important : le plus intéressant, ce sont les réparties irrésistibles et la manière inéluctable avec laquelle les évènements s’enchaînent. Comme beaucoup, je connaissais déjà l’histoire, car j’ai vu et revu les premières adaptations de Pagnol quand j’étais petite. Je craignais donc un peu de m’ennuyer, car les deux films vus à la suite accumulent 3 heures. Pourtant, comme nous l’annonçait Daniel Auteuil lors d'une rencontre : « Vous verrez, ça coule tout seul ». Les situations s’enchaînent bien, les dialogues sont drôles, intelligents, émouvants, on ne voit pas le temps passer. 
Même archi connue, l’histoire de ces amants tragiques est toujours aussi fascinante. Même si le contexte nous paraît vieilli, à l’heure où la plupart des couples avec enfants ne sont pas mariés (25 à 30 % en moyenne en France), ces amoureux semblent intemporels : Fanny, la femme sage et responsable, qui se sacrifie et qui prend en fait les décisions (c’est elle qui déclare sa flamme à Marius, etc). Marius, le doux rêveur qui ne sait pas ce qu’il veut vraiment… 
Daniel Auteuil donne le thème principal des films : "Ce que je raconte, c’est la trajectoire d’individus qui n’accomplissent pas leur propre vie. Et c’est une tragédie de ne pas pouvoir accomplir son propre destin. C'est ça qui me bouleverse et que je raconte, la vie des autres."


cinéma,cinéma français,pagnol,daniel auteuil,marius et fannyJ’avais peur que dans cette nouvelle adaptation signée Daniel Auteuil, l’acteur réalisateur touche à un mythe. Il reprend le rôle inoubliable de Raimu, comment osait-il se comparer à ce géant ? Comment allait-il refaire les scènes cultes, comme celle de la partie de cartes ? Allait-il  « me fendre le cœur » ? Pas du tout. Comme il nous l’a expliqué lui-même : de ce point de vue, on ne jouerait qu’une seule fois les pièces de théâtre, on ne proposerait plus les classiques : « j’ai joué Molière, et j’aurais aimé qu’il soit à côté de moi pour me donner des indications ».

cinéma,cinéma français,pagnol,daniel auteuil,marius et fannycinéma,cinéma français,pagnol,daniel auteuil,marius et fannyQu’apportent les nouvelles versions de Daniel Auteuil alors ? J’avoue que je ne me souviens plus en détail des films originaux, que je n’ai pas revus depuis 20 ans (coup de vieux), mais Auteuil leur amène sans doute de la modernité. Les premiers films datent des années 30, à l’époque, le jeu des acteurs était très théâtral, d’ailleurs les films étaient à l’origine des pièces de théâtre. Orane Demazis, qui incarnait Fanny, en rajoutait dans la grande tragédie et m’agaçait un peu.

cinéma,cinéma français,pagnol,daniel auteuil,marius et fannyRien de tout cela chez la jeune Victoire Bélizy, son jeu reste beaucoup plus intériorisé. En plus, comme le disait un spectateur à Daniel Auteuil : « merci, elle au moins, elle est jolie » (Orane Demazis se retourne dans sa tombe) et Auteuil de répondre : « oui mais Pagnol était fou d’Orane Domazis (ils étaient mariés), il ne voyait pas ça ! ». De même, je trouve que le jeune Raphaël Personnaz, qui interprète Marius, est bien plus charmant que l’austère Pierre Fresnay (même si j’appréciais cet acteur charismatique à la diction si singulière, dans Le corbeaul’assassin habite au 21...)

J’avoue aussi qu’en voyant la bande annonce, le jeu des acteurs et le faux accent marseillais me rebutaient. J’avais l’impression de regarder un extrait de Plus belle la vie… Les comédiens ont tous un accent différent, par exemple un personnage parle comme un Parisien pour se donner plus d’importance. Leur manière de jouer aussi, théâtrale, avec de grands emportements, me faisait aussi reculer. Mais c’est le film, les tempéraments des personnages qui veulent ça, et tout s'enchaîne naturellement dès la deuxième scène. Et en revoyant des extraits des originaux de Pagnol, les accents et le jeu des acteurs paraissent beaucoup plus marqués !

cinéma,cinéma français,pagnol,daniel auteuil,marius et fannyQuant à Daniel Auteuil, il reprend facilement l’accent qu’il possédait jeune avec le rôle d’Ugolin, dans Jean de Florette et Manon des sources, qui avaient également marqué ma jeunesse. Il ne tente pas ici d’imiter la prestation de Raimu, il est plus en retenue, plus simple, plus doux : à son image. 
Marie-Anne Chazel est parfaite dans le rôle d’Honorine, la mère de Fanny. Avec ses emportements faciles, j’ai cru voir un instant l’ombre de « Zézette épouse X ».
Jean-Pierre Darroussin incarne un Panisse plus amène que celui des premiers films, l’acteur Charpin. Petite, je trouvais à ce dernier des regards torves et un air hautain qui me dégoûtaient. Ici, Darroussin me semble plus sensible, et j’adhère mieux au personnage. Dans la première trilogie, Panisse me faisait plus l’effet d’un vieux dégoûtant qui s’achète une pauvre jeune fille. Ici, Darroussin lui apporte plus d’humanité, celle d’un homme de 50 ans, inconsolable d’être veuf et sans enfant, qui caresse enfin l’espoir de faire le bonheur d’une famille.
La suite de la trilogie, César, n’est pas encore tournée et sortira l’année prochaine. Mais ce dernier film peut se voir facilement indépendamment des premiers : il se déroule 20 ans après.

cinéma,cinéma français,pagnol,daniel auteuil,marius et fannyEn résumé, je partais avec des appréhensions, et j’ai été agréablement surprise, j’ai beaucoup aimé. Je me surprenais à m’emporter avec eux, à lever les yeux au ciel et à invectiver l’écran, comme lorsque j’étais enfant (enfin de ce point de vue, je n’ai pas vraiment évolué…) : « M’enfin, pourquoi il dit ça ? »  « Mais pourquoi tu lui dis pas que tu l’ai-meuuuuuh !!!! » « Mais il comprend rien ce couillon ! » « Bah vas-y, casse-toi pauvre con ! » (Daniel Auteuil nous a révélé ensuite qu’il observait nos réactions depuis la cabine du projectionniste, hum). Je riais en voyant la tête jalouse et ahurie de Marius, filmé en gros plan, qui fulmine quand Panisse courtise Fanny. J’étais émue lors des demi aveux du fils à son père, pudiques tous les deux : « je t’aime bien, tu sais ». De vrais films romanesques.