22/10/2018
A la télé ce soir : Toy story
C'est les vacances ! Et on le remarque avec le programme télé, rempli de films d'animation cette semaine.
Ce soir, C8 programme Toy story. Il est le premier long métrage entièrement réalisé en images de synthèse, en 1995. Un prof nous l'avait fait étudier à la fac de ciné, non seulement pour la révolution esthétique que ce film a créée, mais surtout pour son scénario.
Les jouets du petit Andy prennent vie lorsqu’il a le dos tourné. Quand j'étais petite, je possédais le livre La nuit où tous les jouets s'animèrent qui me terrifiait, car j'avais surpris mon grand frère en train de regarder Chucky et j'imaginais que ma poupée allait venir me découper dans la nuit pour se venger du 4/10 que je lui avais mis à sa dictée en jouant à la maîtresse.
Rien de cauchemardesque dans Toy story, les jouets sont gentils. A chaque anniversaire, ils craignent d'être remplacés par un nouveau venu plus performant ou original, comme le cinéma d'animation classique de l'époque pouvait le craindre des films de synthèse comme Toy story. La peur des jouets est fondée : pour ces 6 ans, Andy reçoit le tout nouveau robot gadget et délaisse son vieux cowboy Woody.
A son âge je possédais peu de jouets (« On n'a pas la place ! T'as qu'à prendre les vieux jouets de tes frères ! ») (génial, justement j’adore les voitures et les G.I Joe…) Le père noël ne m'amenait pas les derniers jeux à la mode qui permettaient aux élèves de crâner à la rentrée (« un ordinateur ? Mais pour quoi faire ? » J'ai obtenu mon premier PC en 2007...), mais je me souviens avoir quand même reçu des petits malins, Gaby l'ami des touts petits, un Bisounours (le pourtant petit « grostaquin » (ma copine avait eu le plus grand « gros câlin » qui pouvait articuler ses pattes, je l'enviais) et un Popple que j'adorais (j'avais décrété que c'était un rebelle qui jouait de la guitare électrique). Ils n'ont pourtant jamais supplanté dans mon cœur Lapinou, ma première peluche reçue à ma naissance, que je garde toujours (dans mon ancienne chambre d'enfant hein, pas dans mon lit d'adulte).
Toy story traite de la nostalgie de l'enfance, mais aussi de constance et fidélité, à nos idéaux et rêves, à nos jouets ou proches… Le film pointe également une critique de la société de la consommation, où tout ce qui est nouveau fait envie, discours auquel mémé reste hermétique.
Je me souviens qu'un lundi au collège, plusieurs élèves sont arrivés avec le même sac à dos, des Eastpak. J'étais persuadée qu'ils étaient des objets publicitaires distribués gratuitement par les camions qui s'installaient souvent sur la grande place : pourquoi tout le monde porterait le même sac sinon ? Quand mes camarades m'ont avoué avoir payé dix fois le prix habituel pour un simple cartable, tout simplement parce qu'il était à la mode, je suis tombée des nues. J'avais 11 ans et c'était ma première grande découverte de l'abrutissement des masses par la publicité. Les élèves, puis des années après, les enfants que je gardais en baby sitting, déploraient le manque de tenue de leurs eastpak qui se déchiraient rapidement. Eh bien figurez-vous que je possède toujours mon sac à dos du collège que j'avais acheté à l'époque 20 francs. Indémodable, indestructible.
A la même période, j'ai découvert le scandale des enfants Chinois qui fabriquaient des Nike pour quelques centimes. Le jour-même, j'ai décrété que jamais plus je ne porterai cette marque, ni aucune autre. Je n'ai pas dérogé à cette règle. Cet été, des dizaines d'années plus tard, j'ai dû changer mes baskets, les miennes rendant l'âme. Faire les magasins et particulièrement acheter des chaussures est pour moi une torture. Impossible de trouver une paire sans marque, ou sans fioritures inutiles : je veux du sobre, du noir que je pourrais porter des années jusqu'à déchirure de la semelle. Une paire de nique correspondait à mes critères, ma mère a proposé de me les offrir vu le prix exorbitant, j'ai évidemment refusé :
« Je refuse de porter des marques
- Quelle idée : tu es bien bizarre !»
Il y a que les cons qui ne changent pas d’avis, mais pour les valeurs essentielles, pourquoi aurai-je sacrifié mes idéaux ?
J'ai passé l'été à me tordre la cheville, jusqu'à voir ma nièce : en pleine croissance, l'ado avait porté une seule fois une paire de baskets noires. Exactement ce qu'il me fallait. Je n'ai même pas eu besoin d'acheter des chaussures.
On m'a ensuite félicité :
« elles sont classes ! C'est quelle marque ?
- Aucune. Et elles coûtent 12 euros.
- Oui mais elle vont pas tenir longtemps. Une marque, c'est plus solide.
- C'est tout le contraire, tu paies juste le nom célèbre. et comme les gens qui achètent des marques sont justement accros à la nouveauté et vont bientôt changer de chaussures pour un nouveau modèle, les baskets de marque ne sont pas faites pour durer. Mon ancienne paire à 12 euros a tenu 6 ans en les portant quotidiennement…»
Bref, tout ça pour dire que Toy story recèle plusieurs messages, pour petits et grands, et que je suis particulièrement sensible à celui sur la fidélité à nos objets. Je n'ai toujours pas trouvé le courage de jeter mes baskets déchirées, elles m'ont accompagnée dans tant de promenades... On ne sait jamais, elle pourraient me dépanner encore...
18:29 Publié dans On connaît le film | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook
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