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28/03/2020

J'ai testé pour vous : la méditation, fin

yes man gourou.jpgLa thérapeute nous demande ensuite de nous remémorer un souvenir désagréable, et là en revanche, j'en ai plusieurs qui me viennent immédiatement en tête. Mon cœur s'accélère et mes muscles se tendent en revivant les traumatismes, et l'hypnotiseuse nous invite à superposer l'image de joie et à prendre de grandes inspirations pour atténuer l'angoisse. L'effet fonctionne relativement bien.

Nous sentant aware, la méditante passe un cap et nous parle cette fois-ci de nos êtres et de notre âme qui ne font qu'un avec les autres et avec l'univers. L'image du gourou qui parle aux elfes me revient et je n'ai pas envie de partager mes cellules avec les autres, merci bien on n'a pas gardé les vaches ensemble. Mais pour rester dans l'ambiance ("votre âme flotte dans l'espace") je me souviens que lorsque j'étais petite et que ma mère me forçait à aller me coucher au milieu du film, tout en écoutant le reste du Bebel depuis ma chambre, je m'imaginais que mon lit était un vaisseau spatial qui naviguait comme celui d'Ulysse 31, à travers les cieux, l'espace et le temps, et que si mon pied débordait de la couverture, il allait geler dans le vide intersidéral. Mon copilote, mon chat-adoré-de-ma-photo-de-profil, me réchauffait heureusement les petons et assurait la stabilité du vaisseau en restant fidèle au poste : collé en boule contre mes pieds, inconscient du danger (et si on croisait une météorite ?)

L’hypnotiseuse finit son discours par un gong sur un bol tibétain, oui oui, le gros cliché, mais en entendant le son, je vois une lumière se propager sous mes yeux. Ça y est, je suis illuminée, au sens propre ! Toute pensée quitte mon esprit, moi dont le cerveau surchauffe en permanence. Une sensation étrange, mais agréable. Au cours de la méditation, je sentais aussi comme des picotements sur la tête. Lorsque la thérapeute nous demande le bilan de la séance, elle en conclut que je dois être très sensible et qu'il est rare d'arriver à un tel niveau dès la première fois (j'en fais depuis quotidiennement seule chez moi, mais l'effet "d'illumination" ne s'est pas reproduit.)

jeff airplane.jpgUne autre participante semble aussi réceptive. Pendant la méditation, l'hypnotiseuse nous a demandé de nous concentrer sur quelqu'un de la salle, et spontanément, j'ai pensé à cette fille, en sentant qu'elle avait mal au dos (déduction logique vu sa position assise par terre). En réalité, on s'est tous focalisé sur sa personne. Elle confirme son malaise : "parce qu'on décharge sur elle nos ondes négatives". Elle se met alors à pleurer et à discourir bizarrement pendant que sa copine l'enlace pour la consoler, dans un grand élan mélodramatique et impudique. Oh là là. Si j'ai bien compris cette fille prenait des cours auprès de la thérapeute pour en devenir une à son tour, mais je crois qu'elle ferait mieux de changer de voie et d'aller plutôt s'isoler en ermite dans une grotte. Imaginez son patient à la fin de la séance
"merci, je me sens apaisée "
Mais qui doit réconforter sa thérapeute : "- et moi je suis vidée à cause de vous ! bouhouhouh"

Je capte aussi les ambiances quand je rentre dans un lieu et je sens intuitivement les gens, même si je le refoule ("ok elle a plein de défauts mais j'exagère peut-être... Et 6 mois après : "ah non en fait") Lorsque j'arrive à la salle de pause et que je perçois l'atmosphère à couper au couteau créée par les mégères, ben je me casse. Je préfère m'isoler avant de leur jeter à la gueule mon thé brûlant.
Les autre femmes portent un bilan mitigé, elles n'ont pas réussi à se concentrer (à part sur les aboiements du chien). Au final, je reste la plus satisfaite. Je ne renouvelle néanmoins pas l'expérience en groupe, car je suppose que j'ai bénéficié de la "chance du débutant". Depuis, les tarifs ont baissé, et là je constate qu'ils sont même carrément au bon vouloir des participants, "don conscient", comme un humoriste débutant payé au chapeau.

Depuis, j'ai pris comme bonne résolution 2020 de méditer quotidiennement, et je n'ai failli que deux jours. J'écoute des thérapeutes sur le net, selon leur voix. Ainsi le doux timbre de Christophe André m'endort parfois, tandis qu'un autre qui possède un accent du sud très prononcé est moins efficace. J'ai l'impression qu'après un "vous vous sentez apaisé" il va enchaîner par "putaing tu vas me l'acheter mon poisson peuchère, tu me fends le cœur !" Un autre insiste trop pour qu'on s'abonne à sa page pour lui rapporter des sous et je déteste ce côté marchand de tapis qui force la main. Une femme prend un ton de maîtresse d'école sévère qui me stresse à l'idée d'être punie : "tu vas dormir oui ! Ou tu feras 100 lignes !"
Certains proposent un "scan" du corps, en se focalisant sur chaque partie : "pensez à votre pied droit. à votre cheville. à votre genou." Je trouve l'exercice rébarbatif, et surtout, je me rend compte que j'ai mal partout, c'est plutôt déprimant. Je me déconcentre alors et ma chansonnite revient : "j'ai la rate qui s'dilate, j'ai le foie qui est pas droit" "Mon âne, mon âne, a bien mal à la tête. Madame lui a fait faire, un bonnet pour sa tête. Un bonnet pour sa tête. Une paire de lunettes bleues. Et des souliers lilas la la, et des souliers lilas !"

Une prochaine fois, je vous raconterai ma séance dans un temple zen (j'avais envie d'assommer le moine avec sa cloche).