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12/02/2018

Série à voir : Le bureau des légendes

bureau légendes.jpgOui, les Français sont capables de faire de bonnes séries ! La preuve avec cette immersion au sein de la DGSE, dans Le bureau des légendes. On y forme les espions à envoyer dans d'autres pays sous une fausse identité, afin de récolter des renseignements et recruter des personnes sur place. On suit dans la première saison la préparation d'une nouvelle recrue, Sara Giraudeau, fille de, qui a les mêmes yeux que son père, joue très bien mais possède une insupportable voix suraiguë de petite fille et le physique d'une planche à pain. Personne ne se douterait que cette jeune femme fragile et naïve berne tout le monde.

Sa formation est fascinante, réaliste, comme le confirme le film de Frédéric Schoendoerffer, Les guerriers de l'ombre, sur les "clandestins" comme elle : le test du film Spy game avec Brad Pitt, repris dans la série, est réellement un exercice qu'on donne au novice : montrer une fenêtre d'un immeuble et lui demander d'y apparaître en moins de 15 minutes.
Le bureau des légendes révèle les problèmes d'identité qui se posent à l'espion lorsqu'il reste trop longtemps dans son rôle, dans un pays loin de ses proches, dont il cache l'existence. A force de convaincre tout le monde qu'il est un homme d'affaires célibataire, l'agent secret marié deux enfants finit par le croire. Beaucoup d'espions divorcent, une vie de famille est incompatible avec un éloignement de plusieurs mois sans possibilité de contact, et au retour, l'obligation de cacher son réel emploi :
"Salut chérie, je reviens de mon projet de planter des choux dans le désert, désolé, pas eu le temps d'appeler !
- T'étais où encore ? Chez une grognasse, c'est ça hein ?
- Mais non ma biche je te jure ! En fait j'avoue tout, j'étais en mission ultra secrète, je suis agent secret comme James Bond ! 
- C'est ça oui, prend moi pour une cruche !"

séries à voir L'espion ne peut même pas briller en société en racontant ses aventures. Pour passer inaperçu et éviter les questions, il fait croire à ses amis qu'il exerce un métier inintéressant et rébarbatif. Tout le monde le prend pour le brave pépère fonctionnaire, comme Thierry Lhermitte dans La totale de Claude Zidi (ou son remake par James Cameron, True Lies avec Schwarzenegger.) 

Pour soutirer des informations, certains agents sont parfois contraints d'user de leurs charmes et payer de leur personne... Car pour rencontrer monsieur Li, il vaut mieux avoir une bonne couverture, sinon il serait dans de beaux draps.
L'agent finit aussi par s'attacher à ceux dont ils soutirent des infos, parfois à leur insu, et un problème de conscience se pose lorsque ceux-ci sont démasqués et tués :
"alors comme ça t'as donné le secret de la centrale atomique à James Bond ?
- Mais pas du tout, c'est Gérard mon collègue planteur de choux...
- Tu n'es pas seulement un lâche, tu es un traître, comme ta petite taille le laissait deviner !
- Mais madame je vous jure !"

L'espion peut aussi tomber amoureux, ce qui est formellement interdit car compromet sa mission. C'est ce qui arrive dans Le bureau des légendes à Malotru (Mathieu Kassovitz). Puisqu’il ment et ne peut pas rester dans le pays infiltré, une histoire d'amour est impossible (on se demande aussi ce qu'il peut bien trouver à ce glaçon de Nadia el mansour, mais barre-toi mec).

Les enjeux des agents secrets sont formidablement retranscrits dans la série, surtout à travers le rôle incarné par Matthieu Kassovitz. Si ses grands yeux innocents convenaient parfaitement à son personnage romantique et timide d'Amélie Poulain, et à son rôle de poltron se rêvant glorieux résistant dans le très bon film de Jacques Audiard Un héros très discret, je trouve qu'il ne convient pas au personnage d'espion qui porte l'avenir de la France sur ses frêles épaules. Tous les autres acteurs sont formidables, à commencer par les rôles féminins. La quatrième saison verra l'arrivée des yeux de psychopathe et la voix grinçante de Matthieu Amalric, j'ai peur (rendez-nous Darroussin!)

A suivre : Engrenages